Un enjeu de lutte collective pour nos conditions de travail, le sens du métier, l’emploi, la revalorisation… Et pour mener à bien nos missions de service public dans la sérénité.
Nous l’écrivons régulièrement : la hauteur du volume des heures complémentaires pour les titulaires (nous ne parlons pas ici du volume servant à payer les vacations), à la fois en global sur une université, une composante, un service et aussi individuellement, atteint des sommes de plus en plus importantes depuis plus de 15 ans.
En premier lieu, nous rappelons qu’aucune HC n’est obligatoire. Parallèlement, il n’existe pas de droit légal aux heures complémentaires, mais il n’existe pas non plus de droit d’enseignants·es à s’accaparer des heures complémentaires ou d’être utilisé comme outil de discrimination. La réécriture du décret de 93 mentionne explicitement que les définitions des services des enseignants à l’université relèvent d’un processus collégial puis d’une décision finale du président d’université.
Les HC coûtent 6 fois moins cher que les heures postes en moyenne au budget des Universités. Elles sont un moyen central du ministère pour permettre de tenir un budget pourtant largement sous-évalué. Nous rappelons que le jour du dépassement à l’université correspondant à l’utilisation des moyens postes des titulaires sans HC, ni vacations, tombe de plus en plus tôt. Il était au 26 janvier en 2024.
Les HC :
- Masquent, invisibilisent les postes manquants !
- Exploitent les personnels par un sous-paiement d’une charge de travail augmentée : une HC est payé 42 € environ brute. Si on estime qu’elle engendre 4 heures de travail global comme les heures postes (préparation, correction, rattrapage…), cela équivaut à une rémunération inférieure au taux horaire du SMIC. Nous demandons une augmentation conséquente du taux de l’HC (120 euros ?) ; et que cela soit économiquement incitatif pour d’abord créer des postes.
- Percutent les rémunérations et conditions de travail sur le plan individuel.
Cela compense souvent une non-revalorisation de nos grilles indiciaires et du gel du point d’indice (depuis plus de 10 ans) et ce gel est compensé par nos déroulements de carrière.
- Elle augmente la charge de travail et, à une certaine hauteur, elle décrédibilise nos maximas de services de 384 h annuelles (et qui est le seuil pour déclencher les HC). Pour les statuts de second degré, en divisant par le volume d’un service à 384 h pour les titulaires, le volume global sur un UFR ou un service, on atteint souvent un minima de 2 à 3 postes, à parfois plus d’une dizaine, voire plus.
Nous estimons syndicalement que le recours aux heures complémentaires par collègue devrait être minime. Certains SUAPS et STAPS (très minoritaire) ont limité encore le volume des HC (parfois à 60 HC annuelles).
- Mais si, sur une équipe de 5 personnes, tout le monde en a 100 HC, on est déjà à au moins un poste, etc. L’atteinte de l’équivalence d’un demi-service (192 h) devrait être exceptionnelle, et le doublement du service ou tout ce qui s’en rapproche devrait être interdit par les universités.
- Ajoutons que, pour la santé de chacun·e ou pour le « sérieux » du cours, sans parler de triche, cela nous « affaiblit collectivement » pour nos revendications.
- Provoquent des conflits interpersonnels et d’équipe.
Nous constatons aussi de plus en plus, depuis des années, que le sujet des HC dans sa répartition entre les collègues, dans ses volumes, est un objet de conflits entre les collègues, dans les équipes dont les directions. Presque toutes les fiches de poste maintenant sur Galaxie indiquent que le collègue devra faire plus que son service de 384 h… Ces conflits interpersonnels sont dramatiques et font perdre le sens de nos métiers. Ces HC nous divisent.
Pour le dire autrement :
Nous ne sommes plus dans une situation où il y a toujours eu besoin d’un peu de HC pour huiler le système, mais nous sommes dans une politique depuis près de 20 ans qui budgète et augmente considérablement le volume des HC pour des raisons d’économies.
Les HC font partie des éléments du New Management Public (NMP) pour atteindre « l’efficience des dépenses publiques », c’est-à-dire la diminution de celles-ci ou leur optimisation en faisant travailler plus (productivité) de façon sous-payée.
Donc Cancer car les HC augmentent, se généralisent à tout le système, affaiblissent « nos corps », nos revendications, nos conditions de travail, nous fatiguent, attaquent notre sérieux…
Drogue, car elles sont un moyen parfois incontournable pour les collègues pour financer entre autres, leurs projets, les études des enfants, et cela compense la non-revalorisation des salaires à travers le gel du point d’indice.
Source de Conflits, car ces HC nous divisent, nous affaiblissent, disloquent le collectif …
Il faudra un jour (très vite) décider collectivement d’une rentrée marquée par le refus collectif des HC afin d’obtenir un véritable budget qui soit lié aux besoins, des moyens en postes de titulaire et une revalorisation de tous·tes. Le SNEP-FSU y est prêt. Et vous ?
Pascal.anger@snepfsu.net