Une note du directeur de la DGESIP (Direction Générale de l’Enseignement Supérieur et de l’Insertion Professionnelle) en date du 3 juin 2025 a été adressée à tous·tes les président·es d’universités du 3 juin 2025 pour les « inviter à organiser la 3ᵉ édition des Villages Sports lors de vos événements phares de rentrée. »
Il nous est conté dans cette note que cela s’inscrit « après l’élan généré par la semaine olympique et paralympique 2025… ». Cette opération « Villages Sport » fait partie du déroulement de la feuille de route partenariale pour « le développement de la pratique physique et sportive étudiante », d’avril 2023, signée par la ministre de l’ESR, la ministre JS, FU et la conférence des grandes écoles.
Cette note de la DGESIP est accompagnée par une note de « la sous-direction de la réussite de la vie étudiante » qui, elle, écrit que ces événements « Villages Sport » de rentrée sont « des événements clés pour dynamiser la vie sportive étudiante… ». Ce courrier est visiblement adressé à tous les SUAPS avec kit d’aides et inscriptions pour le recensement national. Il apparait là que le MESR entend bien en faire une opération de communication prouvant par cet événement sa volonté de développer la pratique sportive.
Mais comment ne pas y voir, au vu du contexte, un sentiment d’hypocrisie et de mépris du ministère pour toutes les équipes dans les SUAPS qui se démènent pour assurer leurs 8 missions de service public au quotidien ?
En effet, à l’heure où plus des 2/3 des universités sont en déficit budgétaire pour la rentrée 2025 et que beaucoup demandent à toutes leurs composantes et services, dont les SUAPS, de faire des économies, cette opération relève globalement d’un décalage et d’une sorte d’indécence.
Dans nombre de SUAPS à ce jour, nous remontent des gels de postes (départ à la retraite non remplacé), des non-renouvellements ou interruptions de CDD, des diminutions de dotations de fonctionnement quand elles ne sont pas supprimées au nom de la substitution par une part CVEC, de la diminution de la masse salariale via les réductions de la voilure dans l’offre d’APSA, de créneaux et de la part vacations, avec parfois un paradoxe qui est une augmentation d’un volume d’HC à faire pour les titulaires…
Ajoutons enfin les attaques directes du ministère contre les SUAPS à travers les items pour les établissements expérimentaux dans l’acte 2 de l’autonomie : la possibilité de supprimer les services communs ; dans certains grands établissements, la possibilité de diluer, d’éparpiller les SUAPS avec leurs missions et leurs personnels ; le rapport de FU qui propose de supprimer la référence et l’obligation inscrite au code de l’éducation des services communs (donc des SUAPS). Ces attaques cassent l’outil SUAPS qui est le levier structurel que le politique s’est donné pour développer la pratique sportive pour tous·tes dans le service public de l’ESR.
L’opération « Villages Sport » de rentrée en l’état est une communication pour masquer le vide de la politique publique et l’absence de financements pérennes pour développer la pratique sportive de tous·tes les étudiantes à l’université, en particulier via les SUAPS.
La véritable dynamisation de la vie sportive étudiante organisée entre autres par les SUAPS, sans oublier les AS, passe à la fois par des créations de postes d’EPS en SUAPS (il en faudrait en urgence au moins 100 créations (7,5 millions – cotisations comprises), par un plan Marshall sur les installations sportives et l’instauration d’UE « sport » obligatoire et facultative dans le cursus Licence entre autres.
Par ailleurs, rappelons que l’organisation d’événements de rentrée dans nombre de SUAPS est souvent faite depuis des années pour faire connaitre leurs offres et modalités de pratiques. Cette organisation nécessite du travail, de l’engagement de la part des équipes avec leurs directions.
Mais faire croire maintenant que cette opération « Village sport » est un « événement clé pour dynamiser la vie sportive étudiante… » est un leurre, une illusion et un mépris dans le contexte actuel de manque de moyens.
Nous pensons que la grande majorité des enseignants d’EPS dans les SUAPS avec leur direction, voire leurs présidences d’universités, n’est pas dupe du sens de cette opération qui n’attaque pas les vraies entraves, freins au développement et à la démocratisation de la pratique sportive étudiante.
Nous rappelons aussi que cette invitation de la DGESIP n’est aucunement obligatoire et encore moins pour les enseignants d’EPS. Et si demande d’explication (présidence d’université ?), il n’est pas obligé non plus de se justifier. Mais selon nous, ce serait le moyen de rendre public le pourquoi et l’imposture de cette opération sur la « dynamisation » universitaire des pratiques sportives.
Déterminer le jour du dépassement des SUAPS : quelle part des enseignements est assurée par le service des titulaires et cela correspond à quelle part de l’année universitaire ? N’hésitez pas à le calculer et nous faire parvenir vos besoins et constats donc.
Aussi syndicalement, nous proposons plusieurs réactions possibles des équipes en fonction de leurs contextes et spécificités :
- Si le travail de communication de l’offre SUAPS est déjà fait au sein des universités à la rentrée, nous considérons qu’il n’y a pas besoin de passer par cet événement communication du ministère ou d’en faire la publicité et de cautionner le désengagement financier du MESR. Bref, on ne fait pas, et si possible, on explique publiquement pourquoi par écrit auprès de la présidence d’université, de la DGESIP, des étudiant·es.
- Si des SUAPS considèrent que cela n’est pas suffisamment fait et/ou qu’ils souhaitent mettre en synergie des événements existants, et qu’au final ils veulent s’inscrire dans cette opération, nous pensons qu’il faut dire aussi que personne n’est dupe de cette communication et qu’elle ne doit pas masquer le sous-financement, à la fois idem auprès des présidences d’universités, auprès des étudiant·es et auprès de la DGESIP.
Nous essaierons de fournir une trame si besoin d’explication, pourquoi on ne fait pas ou pas dupe.
Certes, dans ce courrier de la DGESIP, le directeur (n° 2 quelque part du MESR) reconnait l’implication dont font preuve vos services au quotidien (pour nous, les SUAPS sont sous-entendus ici entre autres).
Pour conclure, nous dénonçons une nouvelle opération politique défaussant le MESR de sa responsabilité première de développement de la pratique sportive des étudiant·es à l’université. Il faut donner les moyens aux SUAPS pour remplir leurs 8 missions, dont celle de formation et d’animation de la vie de campus. Cette opération Villages Sport est un cache-misère qui ne fera pas illusion.
Pour le secteur SUP du SNEP-FSU,
Pascal Anger, Maxime Espoune et Gilles Renault
N.B. : nous adressons un courrier direct à la DGESIP et au ministre délégué sur la dénonciation de cette opération masquant le manque de moyens.