Pas d’EPS de qualité sans une Fonction publique renforcée

La loi de transformation de la Fonction publique (LTFP) a bousculé les fondements d’une Fonction publique1 (FP) rattachée à l’intérêt général.

La particularité de la Fonction publique (FP) française réside dans le fait que le cadre général, le statut de la FP, encadre et coexiste avec les différents statuts particuliers, liés aux métiers. Ainsi, il existe le statut particulier de l’enseignant·e d’EPS. Ce cadre est déterminant pour l’organisation de l’EPS, son évolution et, ce qui nous intéresse dans cet article, pour ses contenus. La réflexion sur la FP concerne directement les contenus de l’EPS. Qui dit contenus dit la qualité de l’enseignement, aussi bien en termes de conditions de travail qu’en termes de choix programmatiques et certificatifs insérés dans un système.

FP pourquoi faire ?

Le statut de la FP protège pas seulement voire pas essentiellement les agent·es en tant que tel·les. Il protège aussi la qualité de la mission qui nous est assignée, de toutes les pressions qui, en raison des intérêts particuliers, viendraient compromettre la qualité de l’enseignement.

Le statut de la FP, articulé au droit syndical, permet aux salarié·es de s’organiser en syndicats et d’œuvrer dans les dossiers touchant directement aux contenus disciplinaires. La campagne longue du SNEP-FSU pour d’autres textes officiels en EPS est un des exemples. Si nous étions orphelin·es du statut de la FP, il n’est pas certain que nous pourrions développer la même activité revendicative sans être davantage exposé·es.

Les agent·es de la FP que sont les professeur·es d’EPS ont parfaitement le droit de défendre   l’enseignement spécifique pour lequel ils et elles ont été recruté·es contre les volontés qui leur seraient imposées.

Et l’Éducation nationale ?

La décisive action du SNEPFSU pendant toute la décennie précédant l’intégration au ministère de l’éducation nationale n’ignorait pas l’articulation entre le cadre de la FP dans son ensemble et le cadre très spécifique de l’EN avec ses statuts particuliers. Cette lutte a débouché sur des exigences nouvelles pour les enseignant·es d’EPS, en termes de formation, initiale et continue, avec les concours présentant un certain nombre de garanties en termes de qualité du service public. Le format de recrutement est intimement lié aux contenus didactiques des APSA qui se sont développées dans toute cette période. Le fait même qu’il existe des statuts particuliers garantis par le cadre plus général de la FP est un moteur professionnel qui a fait ses preuves.

EPS

L’EPS, en tant que discipline fondamentale de par ses apports indispensables et exclusifs, rentre, dans ce que porte le SNEP-FSU, dans la sphère des « biens universels »2. L’exigence de qualité que contient cette idée doit, pour être garantie dans la durée, se traduire dans un cadre spécifiquement organisé et construit pour garantir cette qualité. Ce cadre est connu comme un ensemble Services publics – Fonction publique (SP-FP). La création d’un corps spécifique des professeur·es d’EPS, ou plus exactement son « transfert » du ministère des sports vers le ministère de l’éducation en 1981, impulse les éléments de qualité indispensables, attachés à la mission de l’enseignement spécifique de l’EPS. Ces éléments sont notre quotidien : contenus d’enseignement devant répondre aux exigences imposées par l’institution

à travers un processus suffisamment long et complexe de démocratie sociale, les compétences des professeur·es garanties elles-mêmes par une formation initiale et continue pilotées par les missions aussi etc. Ceci étant dit, le statut général de la FP et le statut particulier de professeur·e d’EPS garantissent la qualité et l’exigence du contenu. Les agent·es de la FP que sont les professeur·es d’EPS ont parfaitement le droit de défendre l’enseignement spécifique pour lequel ils et elles ont été recruté·es contre les volontés qui leur seraient imposées. Tel·le chef·fe ou tel·le inspecteur·rice voire tel·le élu·e, n’ont pas à choisir les APSA enseignées, les éléments de projet d’EPS etc, sous réserve que les exigences réglementaires soient respectées.

Ce que nous appelons communément la « liberté pédagogique » est en réalité le droit voire l’obligation, pour les agent·es, de défendre les missions pour lesquelles ils et elles ont été recruté·es

  1. Nous discutons ici la FP de manière générique, sur un certain nombre de principes, sans oublier qu’en France existent les trois FP différentes. []
  2. A. Le Pors, G. Aschieri, La Fonction publique du XXIe siècle, 2021 []
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