Piscines et coût de l’énergie : l’urgence de la bifurcation écologique

Par Thierry Placette

La tendance sur le long terme est connue, mais elle est accentuée par l’actualité : depuis la reprise économique suite à la crise sanitaire et radicalement depuis la guerre en Ukraine, le prix de l’énergie explose ! Les piscines publiques, fortes consommatrices, se chauffent aujourd’hui majoritairement au gaz ; or la France est dépendante de fournisseurs étrangers en énergies fossiles.
Plusieurs collectivités ont déjà décidé du pire : fermer (temporairement) leur piscine pour faire des économies ; de nombreuses autres communes se questionnent pour l’hiver 2022-2023…

Comment diminuer les impacts (financiers, environnementaux et géopolitiques, fermetures d’équipement) de cette situation de crise qui perdurera dans le temps ; comment réduire l’empreinte carbone des piscines ?

Les communes ont déjà ces dossiers sur la table depuis plusieurs années. Quand on ne regarde que les enjeux financiers, la charge d’une piscine pour la collectivité est importante (perte d’exploitation moyenne de 650 000 €/an selon la Cour des Comptes). Mais une piscine est un bien commun permettant l’acquisition d’un savoir fondamental, l’enseignement de la natation, la pratique sportive, les activités de santé, de loisir…. pour tous publics. Et c’est, en particulier, le seul équipement aquatique plus ou moins de proximité pour les publics n’ayant pas de piscine dans leur jardin.

Les collectivités disposent à moyens termes de solutions techniques pour baisser les consommations énergétiques des piscines et pour s’affranchir des énergies carbonées. Le RÉSET (Référentiel des Équipements Sportifs En Transition environnementale), publié début 2022 et disponible gratuitement en téléchargement sur le site du SNEP-FSU, recense et répertorie les actions permettant de réduire le coût énergétique des piscines en exploitation.

Ainsi, pour limiter la consommation énergétique, des travaux de rénovation peuvent être entrepris (l’isolation des façades, toiture et menuiseries permet jusqu’à 50% d’économie d’énergie).

Pour la production de chaleur, l’utilisation d’une énergie renouvelable et de récupération (EnR&R) devient aujourd’hui incontournable, afin de limiter, voire de supprimer les besoins en énergie fossile, carbonée.
A cette fin, de plus en plus de collectivités raccordent les piscines et gymnases à un réseau sous-terrain de chaleur, alimenté par des déchets locaux de bois et des ordures ménagères. Ce réseau, local, permet 90% d’économie de CO² par rapport à un chauffage au gaz ou au fioul.

À défaut, la piscine peut elle-même bénéficier d’une chaufferie à biomasse (bois, boues d’épuration, …).

Aussi, la source de chaleur gagne à se diversifier avec des apports d’énergie disponible localement : géothermie, datacenter, solaire, thermo frigo pompe ou pompe à chaleur.

Enfin, la récupération des calories des eaux grises des piscines permet de préchauffer l’eau des bassins.

Les rapports du GIEC ont récemment rappelé que le coût financier de l’inaction climatique est plus important que le coût de l’action.
Pour les piscines, nous savons aussi depuis les confinements que le coût social des fermetures de piscines est extrêmement lourd, avec une génération de 800 000 élèves qui n’a pas pu apprendre à nager en 2020.

Cette crise énergétique met en lumière l’urgence pour les collectivités de s’engager dans la bifurcation écologique au travers d’un « plan Marshall » des équipements sportifs souhaité par les communes, chiffré par la Cour des comptes à plus de 20 milliards, mais constamment remis à plus tard… faute d’aide de l’État qui prend de nombreux engagements non tenus, avec à la clé des condamnations pour inaction climatique.

PARTAGER
IMPRIMER
Print Friendly, PDF & Email

Nos lecteurs aiment aussi...

Kit EPS – Hiver 2023

Crise climatique et explosion des coûts de l’énergie peuvent conduire certains propriétaires à fermer/limiter/baisser les températures de certains équipements …

RÉSET du SNEP-FSU – L’essentiel

Cet ouvrage est une synthèse des 200 pages du RÉSET paru en janvier 2022 (Référentiel des Équipements Sportifs En Transition environnementale)