Avenir de la catégorie des agrégés EPS

Quel avenir ?

Un nouveau concours d’agrégation spécial pour les docteurs : passage en force du ministère sur une très mauvaise idée.

Le ministère a réuni fin septembre toutes les organisations syndicales pour leur présenter un projet d’un nouveau concours à l’agrégation spécifique aux docteurs. Toutes les organisations syndicales présentes (excepté l’UNSA qui n’avait envoyé aucun représentant) ont manifesté leur opposition forte à cette création. Lors de cette audience du 29 septembre, la FSU a pointé précisément les problèmes posés par ce projet et a proposé des pistes alternatives (qui existent déjà pour d’autres corps) : adaptation des épreuves (épreuves optionnelles, dossier RAEP…) voire dispense des épreuves d’admissibilité, et dès lors que des solutions satisfaisantes seront élaborées, déclinaison à l’ensemble des corps de catégorie A, adaptation de l’accès au corps des professeurs agrégés par liste d’aptitude, bonification du doctorat dans l’accès à la hors classe, etc. L’ensemble des organisations présentes à cette audience et la totalité des organisations représentatives en CAPN des agrégés ont explicitement dénoncé cette mise en place d’un concours spécial. Cependant, le projet de décret présenté à l’ordre du jour du CTM du 26 novembre a été strictement le même que celui présenté aux organisations syndicales en septembre ce qui en dit long sur la conception très particulière qu’a le ministère du « dialogue social ».

En effet, ce projet n’est en réalité nullement une reconnaissance du doctorat mais une vraie mesure d’économies, qui entrave in fine le développement de la recherche. Où est la revalorisation lorsque le ministère propose aux docteurs un concours externe « spécial » alors que, depuis l’obtention de leur master, les intéressés peuvent – et pourront encore – passer le concours externe « classique » ? Nous pouvons craindre que ce concours « spécial » devienne à terme une voie préférentielle de recrutement de PRAG (postes moins onéreux que ceux des enseignants-chercheurs, temps d’enseignement double et recherche sacrifiée) voire un moyen de constituer un vivier pour les postes spécifiques (CPGE, STS, etc.). Où est la valorisation du doctorat lorsqu’un docteur sera contraint d’abandonner la recherche car recruté pour la seule fonction d’enseignement ?

Le recrutement de docteurs pour la seule fonction d’enseignement rappelle étrangement la fameuse « modulation des services » que le gouvernement voulait imposer en 2009 aux enseignants-chercheurs, et qui a entrainé le mouvement de grève le plus important qu’ait connu l’enseignement supérieur et le rejet de la mesure !

Une véritable reconnaissance du doctorat serait d’une part l’ouverture de plus de postes d’enseignant-chercheurs (30000 postes seraient nécessaires pour palier le manque d’effectifs, les besoins en recherche et la hausse du nombre d’étudiants !), et d’autre part la revalorisation de leurs grilles indiciaires qui sont en fort retrait par rapport à celles d’autres corps de catégorie A. Par ailleurs la reconnaissance du doctorat pourrait se faire dans l’attribution d’une bonification pour l’accès à la hors classe ou dans l’accès par exemple à une grille indiciaire spécifique (à l’image de ce qui est fait pour les bi-admissibles).

La proposition faite surprend d’autant plus que les difficultés de la mise en place d’un concours « spécial » sont nombreuses : nature des épreuves communes pour des docteurs aux travaux de recherche divers et fortement spécialisés, coût d’une adaptation de toutes les sections du concours de l’agrégation alors que la règle générale est la simplification, voir la mutualisation des épreuves de concours.

La loi prévoit la valorisation du doctorat pour les corps de catégorie A. Or, le décret se limite à l’attribution de deux années de bonification d’ancienneté pour les seuls lauréats du concours externe spécifique de l’agrégation. La FSU a déposé un vœu pour la reconnaissance de cette qualification dans l’ensemble des corps enseignants, d’éducation et d’orientation et ce, quel que soit le parcours de formation et de recrutement des intéressés.
L’UNSA malgré son opposition sur la forme du décret fourre-tout et apparemment sur le fond ne prendra pas part au vote, ce sera comptée en abstention (résultat du vote : Pour : 0 ; Contre 11 (fsu cgt cfdt fo fgaf) ; Abstention : 1 UNSA). Au final une fédération qui n’a aucun élu en CAPN des agrégés met fin à la discussion : un vote unanime défavorable aurait obligé l’administration à un nouvel examen en CTM.

Par ailleurs la FSU a déposé un vœu qui a été adopté à l’unanimité mais non retenu par l’administration.
« Vœu de l’élargissement des dispositions de l’article 7 (attribution de deux années d’ancienneté) à toutes les voies de recrutement des professeurs agrégés. Par ailleurs, les titulaires des corps enseignants, d’éducation et d’orientation qui justifient d’un doctorat doivent obtenir une bonification d’ancienneté de deux ans. »

Benoit CHAISY
Responsable National SNEP-FSU

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