Le sport associatif : un enjeu (de) capital

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Par Antony Desbois

Dès   lors   que   l’économie   a   pénétré   le   sport,   tout  est  construit  pour  le  rendre  de  plus  en  plus  marchand,   en   déconstruisant   ses   fondements   désintéressés.    L’évolution    du    sport    français,    reposant   essentiellement   sur   les   principes   de   la  loi  relative  au  contrat  d’association,  trahit  ce  modèle  de  partage  de  valeurs  humanistes,  bien  commun d’une société altruiste. Car les nouveaux investisseurs   misent   davantage   sur   les   profits   à  se  partager  et  résultant  des  produits  de  la  vente  de  biens  et  de  services.  En  témoignent  les  mesures incitatives à transformer les associations en   société   coopératives   d’intérêt   collectif,   le   parachutage du « monde économique » au sein de l’Agence Nationale du Sport (ANS), la signature du Partenariat Public Privé au sein de l’INSEP avec la société  Sport  Partenariat  (association  entre  Vinci  et  Barclays),  le  déploiement  du  dispositif  2S2C  visant à faire intervenir les clubs pendant le temps scolaire en lieu et place des enseignants d’EPS …

Les  écarts  se  creusent  entre  les  associations  sportives  reposant  sur  l’implication  d’une  équipe  de  bénévoles  au  service  d’un  projet  associatif  et  fédéral  généreux,  et  celles  qui  se  travestissent  en   prestataires   vis-à-vis   de   leurs   nouveaux   clients  internes  et  externes,  à  la  recherche  d’un  modèle  économique  rentable.  Et  pour  accélérer  davantage  encore  les  mutations,  les  associations  qui  résistent  aux  lois  du  marché  n’ont  quasiment  plus accès aux demandes de subventions à défaut de  justifier  d’un  fond  d’investissement  souvent  démesuré par rapport à leurs ressources propres. Ces aides financières ont pourtant pour objectif de soutenir  des  projets  d’intérêt  général  portés  par  des structures qui en ont besoin. Soyons lucides : à l’instar de la maxime « on ne prête qu’aux riches », les financeurs ne font confiance qu’aux structures solvables. Au  sein  de  l’ANS,  où  le  Ministère  des  sports  apporte    la    quasi-totalité    des    fonds    et    des    personnels,  la  mascarade  est  à  son  paroxysme  ! 

Sur fond de plus de démocratie et de partage des responsabilités   entre   l’Etat   et   ses   partenaires,   les  trois  autres  décideurs  autour  de  la  table  (le  mouvement sportif, les collectivités territoriales et le secteur marchand), font des choix d’orientation et   d’utilisation   de   l’argent   public   qui   ne   leur   appartient pas. Le  SNEP-FSU  défend  un  autre  projet  de  société  que  celui  qui  se  dessine  post  JOP  Paris  2024.  Car,  là aussi, les financeurs comptent sur cet événement pour   faire   fructifier   leurs   investissements   dans   l’immobilier, la communication, la vente de produits et  de  services  sous  labels  officiels…  Mais  que  restera-il  aux  associations  au  sein  desquelles  les  sportives et les sportifs français.es ont été formé.es, détecté.es, sélectionné.es, entrainé.es ?

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