Déclaration liminaire FSU au CSA MJS du 30/05/23

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Réforme des retraites

Le mouvement social d’ampleur en cours contre la réforme des retraites a fait bouger les lignes. L’énorme opposition à cette réforme s’accompagne d’un soutien tout aussi massif à la mobilisation et prend la forme de manifestations d’une hauteur rarement égalée, mais aussi de blocages ou de « casserolades » lors des déplacements des membres du gouvernement. Le Président de la République et le gouvernement s’entêtent à imposer cette réforme et poursuivent l’application de leur feuille de route libérale. La FSU soutient toutes ces actions et appelle les personnels à se mobiliser massivement le 6 juin lors de la grève interprofessionnelle, ainsi que le 15 juin à l’occasion de la journée nationale de rassemblements pour la revalorisation des pensions.

Rémunérations et attractivité des métiers

L’inflation galopante a déclenché de nouveau une revalorisation légale du SMIC au 1er mai. Le gouvernement a choisi une nouvelle fois de ne pas revaloriser la valeur du point d’indice et de relever le minimum fonction publique au niveau du SMIC en le portant à l’indice 361 (1 750,86 euros bruts). Une telle politique aboutit à un tassement généralisé des rémunérations. Désormais, 14 échelons de la catégorie C et 3 échelons de la catégorie B sont rémunérés à l’indice minimum Fonction publique ! Parallèlement, le gouvernement impose des mesures indemnitaires que la FSU condamne (PACTE pour les enseignant.es et RIFSEEP pour les PTP JS) qui non seulement ne comptent pas pour la retraite, mais ont aussi pour effet d’individualiser les rémunérations et de les rendre de moins en moins lisibles. Cette politique conduit à une dégradation de la situation des personnels en poste et décourage celles et ceux qui pourraient envisager de s’engager dans une carrière dans la fonction publique ; celles-ci sont en effet de moins attractives et nombreux sont les concours où le nombre de candidat∙es ne permet pas de recruter à la hauteur des postes vacants.

Pour la FSU, il faut non seulement revaloriser l’ensemble des grilles indiciaires par l’augmentation substantielle du nombre de points pour chaque échelon, mais il convient aussi d’indexer la valeur du point d’indice sur l’inflation pour que l’ensemble des salaires des agent∙es public.ques ne décrochent plus face à l’augmentation du coût de la vie. A l’heure où le ministère chargé de la Fonction publique s’apprête à ouvrir des discussions sur l’accès à la fonction publique, les carrières et les rémunérations, l’urgence est grande d’obtenir des mesures générales et de pointer la nécessité d’une nouvelle étape de revalorisations.

Pour en finir sur ce point, nous renouvelons notre demande sur la mise en place de groupes de travail sur les carrières des PTP JS, qui aborderaient entre autres la question de la mise à jour des barèmes pour l’accès à la hors classe ainsi que les conditions d’accès à la classe exceptionnelle, en lien avec les mesures du SOCLE des enseignant.es.

S’agissant des politiques publiques Jeunesse et Sports, nous allons une nouvelle fois aborder le SNU, les 2 heures de sport supplémentaires au collège, la politique de formation aux métiers du sport et de l’animation, le sport de haut niveau et les JOP.

Service National Universel

Nous avons eu récemment l’occasion d’échanger à ce sujet avec le Conseiller « Sport, JOP 2024, Jeunesse, Engagement associatif » à l’Elysée ainsi qu’auprès du cabinet du Ministère de l’Education Nationale. Les personnels J&S sont au bord de l’épuisement et les dysfonctionnements lors des séjours de cohésion s’accumulent. La caravane du SNU, organisée dans toute la France pour faire connaître ce dispositif, a vu certaines de ses étapes tourner court, notamment à Paris où elle a été interrompue par des opposants. Pourtant, le gouvernement n’abandonne pas l’idée de généraliser le dispositif à toute une classe d’âge. Pour l’année 2023/2024, il envisage désormais des expérimentations locales, à l’échelle d’un lycée, où le séjour de cohésion s’intégrerait au temps scolaire. Les élèves perdraient donc 12 jours de cours ! Et le ministère tente de monnayer la participation des personnels au SNU en incluant cette mission dans le pacte des enseignant.es. C’est inadmissible ! La FSU réitère son exigence d’abandon du SNU.

2 heures d’APS hebdomadaire supplémentaires au collège

Il existe un consensus social large autour de la nécessité de rendre notre jeunesse plus sportive. Pour atteindre cet objectif, différents acteurs ont un rôle à jouer. Mais cela doit se faire dans la complémentarité, chacun dans son cadre d’intervention (scolaire, périscolaire, extrascolaire). Or il s’avère que le dispositif des « 2 heures de sport » mis en place, d’abord de 2 manière expérimentale puis élargi à partir de la rentrée 2023 à 700 collèges, est insuffisant voir néfaste. Non seulement il ne concerne que quelques élèves volontaires identifié.es comme étant les plus éloigné.es de la pratique physique qu’il sera donc difficile de convaincre, mais en plus il va impacter l’EPS et le sport scolaire, car des créneaux sur les équipements sportifs leur seront enlevés. Au contraire, le SNEP-FSU pense que le ministère doit prendre une mesure s’adressant à toutes et à tous, et demande de porter les horaires de l’EPS à 4 heures hebdomadaires, de la 6e à la terminale, puisque l’EPS, en tant qu’enseignement obligatoire est le seul lieu de la vie sportive qui s’adresse à tous et à toutes. Le SNEP-FSU refuse la mise en concurrence avec le tissu sportif extra-scolaire, y compris et surtout car de très nombreux dispositifs de coopération entre l’école, le sport scolaire et le sport civil existent déjà sur tout le territoire.

Par ailleurs, nous avons déjà eu l’occasion de le dénoncer, les personnels J&S n’en peuvent plus d’entendre leur ministre communiquer sur cet « épiphénomène » (au sens de la faiblesse des crédits, du nombre de personnels et de bénéficiaires concerné.es), tandis que l’action de l’Agence Nationale du Sport ne cesse d’être valorisée, passant sous silence l’origine des crédits (ministère chargé des sports) et le travail mené sur tous les territoires par les agent.es du ministère. Les personnels J&S attendent de leur ministre qu’elle porte une véritable politique publique du sport ambitieuse, qui mobilise l’ensemble des agent.es autour d’un projet fédérateur qui bénéficierait au plus grand nombre de pratiquant.es. Les JOP de Paris 2024 auraient pu en être le catalyseur, mais force est de constater qu’ils n’impactent pas ou si peu leur quotidien professionnel, si ce n’est à l’occasion de discussions informelles sur l’impossibilité d’acheter des places ! Et l’annonce d’une billetterie solidaire ne va pas arranger les choses. Comment promouvoir un événement dont on ne se sent pas partie prenante ?

Formations aux métiers du sport et de l’animation

A la FSU, nous partageons les objectifs généraux du Grenelle prévu le 5 juin à Paris et, au nom des personnels experts en ingénierie de formation, nous continuerons donc à faire des propositions d’amélioration de l’emploi sportif, mais aussi de l’animation, des propositions pour la plus grande attractivité des métiers, des propositions pour une doctrine de formation qui reconnaisse le rôle pivot des formations certifiées par les ministères chargés des sports, de l’éducation populaire et de la jeunesse, et qui garantisse la dimension éducative des pratiques professionnelles et le sécurité des publics sur le long terme.

La volonté interministérielle d’articulation des filières de formation et la réforme des qualifications par une ingénierie par blocs de compétences constituent une réforme structurelle comme il en existe chaque quart de siècle environ. Nous ne devons pas la bâcler ! C’est pourquoi la FSU sera extrêmement vigilante sur les points suivants : – La filière JEPS doit être le cadre de référence pour envisager l’articulation des filières de formation menant aux qualifications professionnelles, car il faut tenir compte de la réalité des qualifications menant à l’exercice règlementé des métiers du sport : 2/3 des qualifications sont certifiées par le ministère chargé des sports, 22% par l’université, 13% par la branche et 3% par les fédérations.

– Pour définir d’éventuelles équivalences, les équilibres doivent être préservés entre des blocs de qualité et de durée différentes en fonction des filières de formation.

– L’ingénierie de formation de la filière JEPS en blocs de compétences doit concerner tous les niveaux de diplômes, afin de favoriser des parcours professionnels ambitieux et la polyvalence sportive favorable à l’exercice professionnel pérenne.

– L’articulation des filières doit concerner bien évidemment les passerelles entre la filière JEPS et la filière dite « Montagne ».

– Les établissements du ministère doivent se voir confier un rôle ambitieux, par une véritable stratégie à l’occasion de ce Grenelle, notamment pour répondre en mode réseau au besoin de mise en œuvre de tous les niveaux de formation dans toutes les mentions sportives.

– Les spécialités des diplômes de l’animation ne doivent pas être pas sacrifiées dans une vision simpliste des choses.

– Il faut rappeler aux fédérations que le recours aux CQP (certificats de qualification professionnelle) et TFP (titres à finalité professionnelle) ne doit pas se faire au détriment de la filière JEPS, qui a fait ses preuves, et veiller à ce que ces titres alternatifs ne constituent pas des doublons menaçants sur le RNCP.

En résumé, vous l’avez compris, nous souhaitons une approche plus systémique que celle qui a démarré grâce aux premiers groupes de travail, et qui associe davantage les experts de nos réseaux professionnels au sein des CREPS, des écoles nationales et des DRAJES notamment, mais aussi les organisations syndicales représentatives.

Gouvernance du sport

Enfin, nous ne pouvons pas conclure cette déclaration sans évoquer les scandales qui se multiplient dans de trop nombreuses fédérations : violences sexistes et sexuelles, maltraitances des athlètes, malversations financières, abus de bien sociaux, … La démission de la présidente du CNOSF s’inscrit potentiellement dans ce malaise du sport français et international. A un an de l’échéance olympique de Paris 2024, nous demandons à la ministre des Sports et des JOP quelle réforme structurelle elle envisage pour « guérir » le sport Français, faute de quoi il sera compliqué pour nous de continuer à porter les valeurs éducatives de nos activités …

Merci de votre attention.

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