Par Bruno CREMONESI
Le sport prend une place de plus en plus importante dans nos sociétés. Force est de constater que tous les pays qui cherchent à peser sur la géopolitique mondiale ne peuvent plus ignorer le sport et ses événements. Les JOP 2024 racontent un « roman national » qui vise à repositionner la France à la fois sur l’échiquier international, mais aussi dans sa manière de penser et de gérer les politiques sportives nationales.
Sport, puissance et influence : un usage géopolitique
La géopolitique est une façon d’observer les rapports de forces, les relations et les tensions entre différents acteurs sur un territoire. Pour analyser un rapport de force, il faut écouter qui a le pouvoir ou pense l’avoir.
Le sport devient un espace stratégique où s’exercent les rapports de puissance. On distingue deux types de puissance : Le hard power (puissance dure, coercitive) et le soft power (puissance douce, culturelle, narrative). La puissance n’est jamais un absolu. Elle est toujours relationnelle. Le soft power ne s’impose pas frontalement, il agit en construisant une capacité à faire faire, refuser de faire, ou empêcher de faire.
Le sport est aujourd’hui un levier central de cette puissance douce. J.B. Guégan parle « d’arme de diffusion massive au service de la puissance de l’imaginaire ». Lors d’une conférence1 à l’INSEP, il explique que dans l’économie de l’attention et à l’heure des réseaux sociaux, le soft power est plus que jamais lié aux formes traditionnelles de puissance. Le sport devient un moyen unique de délivrer un récit au monde, avec une caisse de résonance sans équivalent.
Le sport, une arme douce au service de la puissance
La puissance sportive va s’exprimer à 3 niveaux pour exister et être reconnue par le sport. Le premier niveau est la participation aux compétitions sportives internationales. Le 2e concerne déjà beaucoup moins de pays, ceux qui financent le sport, avec des pays émergents (le Qatar, l’Arabie Saoudite…) et des plus anciens (la Chine, la France ,…). Le dernier qui concerne finalement peu de pays, est de gagner : Chine, l’Angleterre, l’Allemagne, la France, les États-Unis…
Aujourd’hui, le sport est utilisé comme une arme, malgré sa façade éthique. Le soft power, lorsqu’il est employé de façon trop neutre ou trop lisse, devient un concept écran : il occulte les véritables enjeux et permet d’instrumentaliser les figures sportives, en particulier les athlètes, qui deviennent alors des outils de rayonnement au service d’intérêts politiques ou idéologiques.