Lettre ouverte à : Monsieur Gabriel Attal, Premier ministre
Madame Nicole Belloubet, Ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse
Madame Sylvie Retailleau, Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche
Madame Oudéa-Castéra, Ministre des Sports
La connaissance pratique et théorique des Activités Physiques Sportives et Artistiques (APSA) n’est plus une exigence forte dans la formation des enseignants·es d’EPS et des professeur∙es des écoles. « Non à une Éducation Physique et Sportive (EPS) au rabais »
Mesdames les Ministres, Monsieur le Premier ministre,
Alors que la France s’apprête à accueillir les Jeux Olympiques et Paralympiques, le SNEP-FSU alerte sur les conséquences de la réforme de la formation des enseignant·es d’EPS et des professeur·es des écoles, imposée par le gouvernement.
La réforme que vous portez mène à une régression historique de l’accès à la culture sportive et va à rebours des ambitions affichées qui visent à « construire une nation sportive », un comble à la veille des JOP.
Au-delà du désaccord profond sur la méthode et le fond de la future réforme de la formation, le SNEP-FSU vous alerte en premier lieu sur la place des épreuves sportives et artistiques dans les concours du CAPEPS et du CRPE. Ces épreuves devraient permettre d’attester des connaissances pratiques et théoriques dans les activités physiques sportives et artistiques (APSA) en relation avec les grands enjeux éducatifs de l’EPS en matière de santé, d’égalité, de citoyenneté, de développement durable, etc. Or, la place de la pratique physique et de la didactique des activités physiques, sportives et artistiques (APSA) est totalement absente des épreuves envisagées pour les futur.es professeur∙es des écoles et très insuffisante pour les futur.es enseignant·es d’EPS.
Les contenus de concours devraient donner à voir les exigences de l’État en matière de formation et de recrutement. Ils sont fondamentaux parce qu’ils déterminent les contenus des maquettes de formation et donc la place et le volume des APSA dans les structures de formation (STAPS, INSPÉ, ENSP…). Pour des raisons idéologiques et budgétaires, cette place est déjà dégradée depuis plusieurs années.
Ainsi, pour le premier degré, l’épreuve d’admission spécifique EPS au concours CRPE est supprimée pour la première fois dans l’histoire, alors que l’EPS est la 3ème discipline scolaire dans le primaire en volume horaire. Elle sera remplacée par un écrit sous forme de QCM avec des questions courtes, dont les contenus sont indigents.
Il s’agit là d’un véritable mépris pour la discipline qui mettra les futur·es professeur∙es des écoles en difficulté pour concevoir leur enseignement.
Comment construire une démocratisation sportive quand les enseignant·es des élèves de 3 à 10 ans du pays n’auront pas de formation sérieuse à la didactique des activités physiques et sportives ?
Pour réduire les inégalités d’accès à la culture sportive, pour le bien-être de tous les élèves, il est nécessaire d’avoir au contraire de l’ambition pour l’EPS dans la formation des professeur·es des écoles.
Pour le second degré, le CAPEPS nouvelle formule voit le regroupement dans « Une première épreuve d’admission : épreuve disciplinaire de connaissances pratiques et théoriques », de deux parties dont la première consiste en une prestation physique dans une seule APSA, et la seconde en un oral qui remplace la « leçon ». Là encore, ce choix nous apparait comme un rétrécissement quant aux exigences nécessaires au recrutement d’un·e futur·e enseignant·e d’EPS. L’intitulé de cette première épreuve d’admission reste pertinent, mais entérine concrètement la diminution des prestations physiques.
La disparition des 3 prestations physiques actuelles du CAPEPS est un mauvais signal pour la place, l’offre et le volume de formation d’enseignement scientifique et technique dans et par les APSA (pratiques, théories et sciences de l’intervention) dans les maquettes universitaires.
Certes, il y aura encore deux ans de formation après le concours, mais avec toutes les contraintes de formation, dans un cadre très limité en moyens et en volume horaire, la pratique physique ne sera pas une priorité. Rappelons que la licence STAPS mention Éducation-motricité (EM), inscrite au répertoire RNCP, nécessite une formation de haut niveau pour pouvoir intervenir et encadrer les APSA.
Le SNEP-FSU défend une place concrète et conséquente de la pratique des APSA dans la formation et de véritables exigences dans le cadre du CAPEPS, concours de recrutement de fonctionnaires de catégorie A, concepteur·rices de l’enseignement de l’EPS.
Les conséquences de ces projets de concours vont porter des régressions majeures pour la formation des enseignant·es et donc sur l’enseignement de la discipline. D’autre part, elles engagent l’avenir de l’EPS dans le système éducatif. Notre discipline scolaire obligatoire, de la maternelle aux lycées, est la première étape, incontournable, permettant à chacun·e une réelle démocratisation, une acculturation et une appétence pour la pratique des activités physiques, sportives et artistiques dans la société.
Le SNEP-FSU demande, a minima, le retour à la situation ante avec trois prestations physiques ainsi qu’un oral spécifique sur une APSA aux épreuves du CAPEPS et une épreuve spécifique au CRPE.
Le SNEP-FSU demande par ailleurs qu’une réflexion plus approfondie, sans a priori, soit menée avec l’ensemble des acteur·rices, les organisations professionnelles et étudiantes inscrites dans un temps long, afin de repenser une formation initiale cohérente et ambitieuse, permettant aux futur·es enseignant·es de servir au mieux l’intérêt général, dans le cadre de leur mission.
Soyez assurées, Mesdames les Ministres, Monsieur le Premier ministre, de notre attachement au service public d’éducation.
Pour le SNEP-FSU :
Coralie BÉNECH, Co-Secrétaire Générale
Benoît HUBERT, Co-Secrétaire Général