L’homophobie n’a pas sa place dans le sport

L’appel

De tout temps, le sport a été mis en avant pour ses vertus et valeurs, qu’elles soient sociales, éducatives ou sanitaires. Mais si le sport peut être un puissant vecteur d’intégration, il peut être aussi un lieu d’exclusion, d’oppression diverses, de discriminations (sociales, raciales, sexistes…).

Parmi celles‐ci, les questions de genre et d’orientation sexuelle occupent une place toute particulière de par les formes qu’elles prennent, ou la violence par laquelle elles peuvent se traduire.

Souvent, ça commence par un « on n’est pas des tapettes, on va gagner » qui vient rappeler insidieusement que la représentation du sportif, qui aspire au dépassement de soi au contact des autres, ne pourrait être que virile, voire guerrière et que de faibles performances seraient la résultante d’une condition de « soushomme » ‐ ou pire, de femme. C’est alors un terrain fertile pour l’inacceptable : l’injure en est la première forme, mais l’homophobie peut rapidement prendre des proportions démentes, et générer toutes formes de souffrance.

Non, une équipe masculine d’un sport collectif n’est pas constituée de « tapettes » et de « vrais mecs ». Non, une sportive n’est pas « un garçon manqué ». Non, des joueuses de football ne devraient pas être exclues pour s’être embrassées dans leur club. Non, personne ne devrait arrêter la pratique sportive pour échapper à des insultes dans les vestiaires. Non, personne ne devrait avoir peur de prendre une douche après un match. Non, personne ne devrait tomber dans la dépression suite au harcèlement moral des membres de son club ou de son association en raison de son orientation sexuelle. Non, un‐e athlète ne devrait pas avoir à cacher son orientation sexuelle pour participer à une compétition.

Nous, signataires de cet appel, croyons que le sport peut et doit transcender les différences pour être au service de l’égalité et de l’émancipation de chacun‐e.

Nous voulons que chaque individu‐e souhaitant pratiquer une activité physique et sportive soit libre de le faire partout, quels que soient ses origines, son orientation sexuelle ou son identité, son niveau de pratique.

Nous souhaitons une évolution du sport lui‐même pour qu’il véhicule mieux qu’aujourd’hui les valeurs d’émancipation et d’égalité : des modifications de règlements (par exemple pour généraliser les sanctions pour injures à caractère homophobe ou sexiste), le développement des pratiques et compétitions mixtes, des formes de compétitions nouvelles…

Nous savons que chaque personne, qu’elle soit dirigeante, éducatrice, officielle, pratiquante ou parent, a un rôle à jouer dans la lutte contre l’exclusion dans le sport, que nos paroles et nos actes sont autant d’outils pour promouvoir le respect entre les individu‐e‐s. La formation des enseignant‐e‐s, éducateurs et éducatrices, dirigeant‐e‐s est déterminante et doit être améliorée.

Face à l’homophobie dans le sport, ne restons pas inactifs/ives ! Parler d’homosexualité ne doit plus être un tabou ! Libérons la parole, dénonçons, prévenons, éduquons ! Devenons les porte‐parole d’un sport tolérant et respectueux, d’un sport où chacun et chacune a la possibilité de s’épanouir !

Pourquoi cet appel ?

Parce qu’aucun domaine de la société n’échappe à l’homophobie, le SNEP-FSU a lancé, avec SOS homophobie, l’ANESTAPS (association d’étudiant-e-s en STAPS) la FSGL (fédération sportive gay et lesbienne), la FSGT (fédération sportive et gymnique du travail) et Femix’sports, un appel contre l’homophobie dans le sport. Cet appel a été signé par 50 personnalités du monde de l’école et du sport.

Il semble en effet, d’après une enquête menée en Aquitaine en 2012 auprès de sportifs et sportives, que le milieu sportif soit plus homophobe que le reste de la société. Cela est notamment mis en évidence par les commentaires homophobes à l’occasion de coming-out d’un-e sportif/ive par exemple, ou les menaces implicites pesant sur les athlètes homosexuel-les participant aux prochains JO d’hiver de Sotchi (Russie).

Le rapport Teychenné sur l’homophobie dans l’école et des études sur l’EPS pointent également un problème particulier pour l’EPS, où un des indicateurs est l’absentéisme et la non-participation au sport scolaire. Beaucoup d’élèves LGBT se font dispenser pour éviter des insultes homophobes. Pour autant, le rapport annuel de SOS homophobie recense relativement peu de témoignages. Il y a donc une loi du silence alors que des jeunes souffrent.

Cet appel de 50 personnalités a plusieurs enjeux :

  • lever le tabou, pour les personnes concernées comme pour les témoins,
  • sensibiliser chacun-e sur les manifestations et la gravité des discriminations homophobes et sur le fait que chacun-e peut agir,
  • accompagner les actrices et acteurs du monde de l’Ecole, du monde sportif pour développer des pratiques inclusives ; personne n’a rien à gagner aux violences et aux discriminations en raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre.

Cet appel est le point de départ d’une campagne de sensibilisation et de prévention sur cette thématique,en partenariat avec le Centre EPS & Société, auprès des enseignant-e-s d’EPS, des professeurs de sport, des étudiant-e-s et formateurs et formatrices de STAPS et du monde sportif.

L’un des supports de cette campagne sera un jeu d’affiches proposé par SOS-homophobie à diffuser le plus largement possible. La campagne de sensibilisation comportera également des interventions, colloques et des formations sur la thématique.

Liste des signataires des structures à l’origine de l’appel

Laurent BEAUVAIS, président de l’ANESTAPS, association des étudiant‐e‐s de STAPS
Christelle FOUCAULT, présidente de la FSGL, fédération sportive des gays et lesbiennes
Lydia MARTINS, dirigeante à la FSGT, fédération sportive et gymnique du travail
Claire PONTAIS, professeur d’EPS, secrétaire nationale du SNEP‐FSU, syndicat des professeurs d’éducation physique et sportive
Marie‐Françoise POTEREAU, dirigeante de Femix’Sports
Elisabeth RONZIER, présidente de SOS homophobie

Liste des signataires

Chantal AMADE‐ESCOT, enseignante‐chercheuse, ancienne sportive de haut niveau
Bernard ANDRIEU, enseignant‐chercheur au STAPS de Nancy
Romain BARRAS, décathlonien, champion d’Europe
Frédérick BOUSQUET, nageur médaillé olympique, vice‐champion du monde, champion d’Europe
Michaël BOUVARD, formateur pour adultes à SOS homophobie
Marie‐George BUFFET, députée et ancienne ministre des Sports
Serge CHABROL, professeur d’EPS, SG du SNEP‐FSU
Cloé CHASTEL, étudiante à Sciences Po, Paris
Sigolène COUCHOT‐SCHIEX, enseignante‐chercheuse à l’ARGEF
Greg DECAMPS, enseignant‐chercheur à l’Université de Bordeaux
Arnaud DECAUDIN, ex‐champion du monde de planche à voile
Didier DELIGNIERES, président de la conférence des directeurs de STAPS
Marc DUPONT, président du GNDS (SUAPS)
Claude FAUQUET, président du conseil régional olympique et sportif (CROS) de Picardie
Sylvain FEREZ, enseignant‐chercheur au STAPS de Montpellier
Arnaud FLANQUART, responsable du pôle sport de Terra Nova
Laura FLESSEL, escrimeuse française double championne olympique, championne du monde et
championne d’Europe
Annie FORTEMS, co‐fondatrice du club de Juvisy
Fabien GILOT, nageur champion olympique, champion du monde et champion d’Europe
Bernadette GROISON, SG de la FSU
Stéphane HEAS, enseignant‐chercheur au STAPS de Rennes
Hervé HEUTEBIZE, éducateur spécialisé, secrétaire nationale du SNUCLIAS‐FSU
Chantal JOUANNO, sénatrice et ancienne ministre des Sports
Camille LACOURT, nageur champion du monde et champion d’Europe
Myriam LAMARE, boxeuse championne du monde
Yoann LEMAIRE, footballeur
Philippe LIOTARD, enseignant‐chercheur au STAPS de Lyon
Florent MANAUDOU, nageur champion olympique, champion du monde et champion d’Europe
Catherine MANCIAUX, secrétaire générale du syndicat des chefs d’établissements FSU
Laure MANOUDOU, nageuse championne olympique, championne du monde et championne d’Europe
Romain MESNIL, vice‐champion du monde et d’Europe
Anthony METTE, psychologue du sport
Cécile OTTOGALLI, enseignante‐chercheuse au STAPS de Lyon
Sarah OURHAMOUNE, boxeuse championne du monde
Carole PEON, triathlète vice‐championne du monde et d’Europe
Giacomo PEREZ‐DORTONA, nageur champion du monde et d’Europe
Laurent PETRYNKA, directeur national de l’UNSS
Anne ROGER, enseignante‐chercheuse, vice‐présidente du centre EPS et Société
Arielle SALMON, étudiante en STAPS à Rennes, membre du bureau de l’Anestaps
Jean‐Michel SAUTREAU, président de l’USEP
Jacotte SELS, élue nationale des associations sportives à l’AG de l’UNSS
Sébastien SIHR, SG du syndicat des instituteurs et professeurs des écoles, SNUipp‐FSU
Benjamin STASIULIS, nageur vice‐champion d’Europe
Céline VIGNERON, enseignante d’EPS, formatrice
Pierre VINCENT, entraîneur de l’équipe de France de basketball médaillée aux JO

Autres organisations soutenant l’appel

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