Abécédaire de l’égalité en EPS et sport

A comme… Amour/Affiches/Arbitre

Amour, ou comment le patriarcat sabote les relations amoureuses

Dans le « 6ème état des lieux du sexisme en France : s’attaquer aux racines du sexisme » du Haut-conseil à l’égalité entre hommes et femmes, paru en janvier 2024, on apprend que les violences sexistes et sexuelles ne reculent pas : 37% des femmes déclarent toujours avoir vécu une situation de non-consentement, un chiffre qui grimpe à plus de 50% chez les 25-34 ans. Ce chiffre fait peut, mais est-il étonnant quand on sait que « les vidéos pornographiques diffusent des contenus misogynes d’une rare violence que 64% des hommes de 25-34 ans disent imiter dans leurs relations sexuelles ». Quid de l’amour là-dedans ? Mona Chollet nous offre une analyse au travers de son livre : « Réinventer l’amour ».

Pour elle, nombre de femmes et d’hommes qui cherchent l’épanouissement amoureux ensemble se retrouvent très démunis face au troisième protagoniste qui s’invite dans leur salon ou dans leur lit : le patriarcat. Son livre propose une série d’éclairages sur cette question qui hante les féministes depuis des décennies et qui revient aujourd’hui au premier plan de leurs préoccupations, celle de l’amour hétérosexuel.
Au cœur de nos comédies romantiques, de nos représentations du couple idéal, est souvent encodée une forme d’infériorité féminine, suggérant que les femmes devraient choisir entre la pleine expression d’elles-mêmes et le bonheur amoureux. Le conditionnement social, qui persuade les hommes que tout leur est dû, tout en valorisant chez les femmes l’abnégation et le dévouement, tout en minant leur confiance en elles, produit des déséquilibres de pouvoir qui peuvent culminer en violences physiques et psychologiques. Même l’attitude que chacun est poussé à adopter à l’égard de l’amour, les femmes apprenant à le survaloriser et les hommes à lui refuser une place centrale dans leur vie, prépare des relations qui ne peuvent qu’être malheureuses. Sur le plan sexuel, enfin, les fantasmes masculins continuent de saturer l’espace du désir : comment les femmes peuvent-elles retrouver un regard et une voix ?

« Réinventer l’amour » a obtenu le prix de l’essai 2021 Les Inrockuptibles , et le 44e Prix européen de l’essai.

Sur le même sujet, vous pouvez lire ou écouter la vive controverse entre Victoire Tuaillon, productrice du podcast « Les Couilles sur la Table » et du livre du même nom, qui questionne notre héritage amoureux, et notamment le rapport entre amour et violence et Noémie Halioua, journaliste et essayiste qui publie un essai «La terreur jusque sous nos draps » qui pense qu’aujourd’hui, il s’agit moins de réinventer l’amour que de le sauver. Podcast : France culture : Faut-il réinventer l’amour ?

Claire Pontais

Affiches

Pourquoi le sport féminin est-il symbolisé par le talon aiguille alors que le geste sportif illustre le sport masculin ? Heureusement ce type d’affiches illustrant des évènements sportifs féminins sont désormais interdites…

Rappel, il a fallu l’intervention du SNEP-FSU pour faire disparaître des affiches du sport féminin très sexistes au sein même de l’UNSS…

Arbitres femmes en foot années 50 – INA

Ce reportage démarre par des images qui montre une femme arbitrant un match de foot masculin. Comment devient-on femme arbitre ? La seule façon de participer au foot était pour une femme de devenir arbitre.

Est-ce que ce n’est pas gênant pour vous de diriger des hommes sur le terrain ? Est-ce qu’ils vous obéissent bien ? Est-ce qu’il n’y a pas de contestation ? Est-ce que vous savez garder votre sang froid ? autant de questions que le journaliste n’aurait pas poser à un arbitre homme. Est-ce vraiment la place d’une jeune fille ? Pensez-vous que si vous étiez mariée, vous arbitreriez quand même ?

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B comme… Barèmes/Bêtise

Barèmes

Faut-il des barèmes différenciés en EPS ?  L’utilisation de barèmes différenciés Filles-garçons est une pratique historique en EPS. Communément admise. Elle est cependant de plus en plus souvent questionnée. Le SNEP avait mis cette question en débat lors d’une journée de travail : https://pedagogie.snepfsu.fr/2022/06/21/legalite-en-eps-faut-il-des-baremes-differencies/

La bêtise de Marc Madiot, cycliste oublié face à Jeannie Longot, championne consacrée

Film INA.

« Il y a des sports qui sont masculins, il y a des sports qui sont féminins, voir une femme danser c’est très joli, voir une femme jouer au football c’est moche, voir une femme sur un vélo c’est moche. »

« Ridicules sont-elles » ; « Si ma sœur faisait du vélo, je la renierais. Quel florilège !

Réponse de J. Longo : « vous êtes grossier, intolérant et prétentieux. »

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C comme… Carrières/Combat/CIO

Carrières : Un ministère qui agit contre les femmes encore en 2023 !

Le point de vue de Benoit Chaisy, responsable national des questions corporatives au SNEP-FSU, et co-responsable du secteur égalité

Les résultats de la liste d’aptitude agrégés sont tombés jeudi 6 juillet. Tout d’abord on a cru à une erreur mais en relisant plusieurs fois il semble malheureusement qu’il n’y en ait pas.
En Education Physique et Sportive ils sont proprement et purement scandaleux, sur 21 promotions possibles il y a 16 hommes 5 femmes sans rapport avec la proportion H/F des promouvables. Nous tenons les statistiques de cette voie de promotion depuis sa création en 1984. Nous n’avions pas vu ça depuis près d’un quart de siècle. Alors que cette voie de promotion a connu depuis sa création une discrimination historique et quasiment continue jusqu’aux années 2000 et que nous avions espéré y avoir mis un terme au prix d’interventions continues, parfois très virulentes du SNEP-FSU notamment en CAPN des agrégés.

Depuis 2020 et la loi de transformation de la fonction publique et la disparition de la transparence, ces promotions se font en toute opacité.

Cette année, c’est la première fois qu’il y a 6 promus de moins de 50 ans (5 hommes parmi les 6), une moyenne d’âge en baisse continue depuis que l’on n’a plus de CAPN (de 56 à 53 ans) et qui prend une baisse d’un an et demi cette année…

Avoir des nominations en liste d’aptitude aussi discriminatoire à l’égard des femmes dans notre discipline, dont on sait malheureusement qu’il y règne encore beaucoup de sexisme, est un signal désastreux à quasiment la moitié de notre profession, aux près de 13 000 femmes enseignant la discipline EPS. Valider des listes de l’inspection générale autant en défaveur des femmes n’est pas possible pour nous et nous inquiète beaucoup sur la prise de conscience des inégalités structurelles en défaveur des femmes, notamment dans notre discipline.

Ce bilan est désastreux et ne peut pas rester sans réponse de notre part et sans action de la DGRH. Ce résultat est plus qu’en décalage avec les lignes directrices de gestion ministérielles dont le propos est pour nous extrêmement clair :

« Une attention particulière est portée à l’équilibre entre les femmes et les hommes dans le choix des propositions, conformément au protocole d’accord du 8 mars 2013 complété le 30 novembre 2018, relatif à l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes dans la fonction publique et dans le cadre des dispositions de l’article 58 – 1° 2e alinéa de la loi 84-16 du 11 janvier 1984 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique de l’État. »

Le ministère s’attache à ce que la répartition des promotions corresponde à la part respective des femmes et des hommes parmi les promouvables et se rapproche de leur représentation dans les effectifs du corps. À cette fin, cet équilibre doit être respecté dans l’ensemble des actes préparatoires aux promotions.

À cet effet, le tableau annuel d’avancement précise la part respective des femmes et des hommes dans le vivier des agents promouvables et celle parmi les agents inscrits à ce tableau qui sont susceptibles d’être promus en exécution de celui-ci. »

La part des femmes promues cette année est de 23,81% en décalage extrême avec leur part dans les promouvables. 

Carrières (bis)

Pour compléter cet article, nous vous invitons à visionner la vidéo de Sonia Lajaumont, co-responsable au secteur égalité du SNEP-FSU

Benoit Chaisy

Combat des femmes pour la pratique sportive

Le film Femmes et sport : un siècle de combat

Le film évoque la course de Catherine Switzer à Boston, la seule et première femme à courir le marathon en 1967, l’ouverture du marathon féminin aux JO de Los Angeles en 1984 alors que l’on sait maintenant que les femmes sont plus endurantes que les hommes, les propos particulièrement choquants de P de Coubertin qui pensait les « Olympiades femelles impossibles », le très faible nombre d’entraineures femmes d’équipes de sports collectifs féminins malgré quelques femmes symboles comme Sandrine Mativet, (en foot 5 sur 12 équipes, en HB 1 sur 10 !)

CIO et les femmes : Anita DeFrantz

Alors que juan Antonio Samaranch déclarait que l’institution n’était pas prête à accueillir une femme à sa tête, en 1997, Anita de Frantz, une femme afro-américaine, est enfin admise dans les cercles dirigeants du CIO en tant que vice-présidente, la première à occuper cette fonction. Son élection marque donc une étape importante pour les femmes dans le sport, un an après les JO d’Atlanta.

Capitaine de l’équipe américaine d’aviron en 1976, elle remporte la médaille de bronze en huit, l’épreuve-reine de la discipline. Quatre ans après, elle se bat – diplômée de droit, elle est avocate – pour le droit des athlètes et pour participer aux JO de Moscou mais doit s’incliner devant la décision de Washington de boycotter les Jeux en signe de protestation contre l’invasion des troupes soviétiques en Afghanistan. « L’année 1980 a certainement changé ma vie à bien des égards. Devenir membre du CIO ne m’avait jamais effleuré l’esprit, mais le chemin que j’ai pris m’a conduit à cette opportunité”, déclare-t-elle.

D comme… Davisse/Disgracieuse

Annick Davisse, l’avocate de la cause des filles en EPS, par Cécile Ottogalli

Connu pour son engagement en faveur de la cause des filles en EPS, le travail d’Annick Davisse n’y est pourtant pas réductible. Dans ce portrait, Cécile Ottogalli, historienne du sport au Centre de Recherche et d’Innovation sur le Sport (CRIS) et à l’UFRAPS de Lyon, livre quelques éléments d’un parcours au service de l’égalité entre les sexes et de la justice sociale.

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Disgracieuse pour courir : Lina Radke – JO 1968

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JO 1928, les femmes débutent en athlétisme lors de jeux de la IXe Olympiade. Lina Radke fut la première médaillée d’or olympique au 800m, mais aussi la dernière jusqu’en…1960. Après sa victoire, l’épreuve fut tout bonnement supprimée. Miss Radke avait manqué de grâce en franchissant la ligne d’arrivée…

De fausses impressions, des rapports falsifiés dans la presse, l’inquiétude du corps médical à l’époque, provoquent par la suite l’interdiction de cette épreuve pour les 32 années suivantes.

Anita De Frantz, vice-présidente du CIO : 

« Le 800 mètres féminin se trouva placé au centre de la controverse de 1928. Les administrateurs, les membres du CIO et les médias avaient apparemment décidé une fois pour toutes que les femmes étaient trop fragiles pour courir une distance aussi longue. C’est ce qui explique que les comptes rendus des Jeux de 1928 aient non seulement dénaturé les résultats de cette course, mais que certains ont été jusqu’à en falsifier le déroulement réel à seule fin de justifier le point de vue des opposants. La conséquence malheureuse a été la suppression de cette épreuve du programme olympique jusqu’en 1960. »

E comme… Égalité ou équité, et Enseignantes

Égalité ou équité

Face à l’hétérogénéité des élèves, un débat s’est durablement installé dans l’univers de l’EPS au point de devenir insoluble. Ce dilemme met en balance une égalité jugée impossible sur les terrains de sport, avec des pratiques de l’équité pensées plus réalistes. Qu’ont produit les pratiques mettant en avant l’équité ? Pour Loïc Szerdaheyli, enseignant-chercheur au STAPS de Lyon, force est de constater que les résultats escomptés n’ont pas été atteints,. Pire, les pratiques de l’équité semblent avoir consolidé l’idée de complémentarité, où chaque sexe serait doté de capacités et motifs d’agir spécifiques.  https://epsetsociete.fr/egalite-ou-equite-en-eps-au-dela-des-contradictions-legalite-sans-conditions-comme-horizon/

Enseignantes

Loïc Szerdahelyi, professeur d’EPS en collège (Blanc-Mesnil, 93), a soutenu une thèse sur l’histoire des femmes enseignantes d’EPS, dans la seconde moitié du XXème siècle. Il nous propose un résumé de son travail, avant de mettre en débat le sens de l’égalité. 

« Femmes d’action ». D’un métier d’hommes à un métier mixte

L’accès des femmes à des professions et des métiers historiquement masculins, tel le professorat d’EPS, représente face à la ségrégation des métiers, un principe de changement.

La mise en cause de la domination masculine est d’autant plus stimulante à appréhender que les femmes sont à l’origine invisibles dans le champ des pratiques physiques. Lorsque l’enseignement de la gymnastique est rendu obligatoire en 1880, seuls les garçons sont concernés. La gymnastique n’est officialisée que deux ans plus tard pour les filles, en 1882 (Terret, 1995). Les difficultés de cette intégration sont nombreuses et s’expliquent notamment par l’absence de personnel féminin formé.

Les femmes n’en sont pourtant pas exclues, même s’il faut attendre 1914 pour que l’une d’entre elles, Irène Popard, soit diplômée du professorat de gymnastique… avant de refuser de devenir fonctionnaire (Legrand, 1970). Faute de données, la distribution sexuée des enseignant-e-s d’EP reste difficile à saisir durant l’Entre-deux-guerres. Ce qui est sûr, c’est que l’engagement des femmes dans cette voie ne va pas de soi, à une époque où les discours médicaux et les assignations de genre « naturalisent » pour elles une place extérieure au champ des activités physiques (Robène, 2005).

Le plan de recrutement mis en place durant la Seconde Guerre mondiale est tout à fait exceptionnel. Le besoin est réel, car le nombre d’enseignant-e-s réduit. C’est alors le monitorat qui constitue la voie d’accès privilégiée à l’enseignement de l’EPS, en particulier pour les femmes (Szerdahelyi, 2010). Après la Seconde Guerre mondiale, le nombre de postes hommes au CAPEPS est toujours supérieur au nombre de postes femmes. Elles sont par exemple 45 admises en 1950, eux sont 74. Elles sont 560 en 1982, ils sont 640, quand bien même la mixité est structurellement permise au début des années 1960, avant de se généraliser à partir de 1975.

Sur le principe, les bastions masculins, professionnels et sportifs, tombent inexorablement dans le sillage des événements de mai-juin 1968. Mais dans les faits, la mixité est loin d’être effective. La parité n’est jamais atteinte, malgré l’augmentation considérable des effectifs. C’est ainsi qu’à la rentrée scolaire de 1983, la communauté enseignante d’EPS se compose à 60 % d’hommes pour 40 % de femmes (Ministère de l’Éducation nationale, 1983).

En EPS, le concours unique, mélangeant femmes et hommes, est pour la première fois mis en œuvre en 1989. Aujourd’hui, les hommes restent majoritaires (un peu plus d’un enseignant d’EPS sur deux est un homme), alors que le taux de féminisation dans le second degré s’élève à 58 % (Ministère de l’Éducation nationale, 2009). Il n’en reste pas moins que les femmes ont gagné du terrain, une certaine stabilité dans la répartition caractérisant la communauté depuis le début des années 1990 (54 % d’hommes et 46 % de femmes). On observe toutefois le retour à une masculinisation de la corporation, quantitativement parlant, avec une proportion de femmes plus faible chez les enseignants de moins de dix ans d’ancienneté.

Au-delà des chiffres, c’est à n’en pas douter au plan des pratiques culturelles que l’EPS rassemble une communauté ayant des affinités avec les activités sportives. Annick Davisse et Catherine Louveau (1998) situent les enseignantes d’EPS, par rapport à la population féminine totale, dans le quart réellement sportif des Françaises. Elles notent simultanément, selon la spécialité, que c’est parfois avec la culture sportive que des femmes, issues de l’option danse par exemple, ont des difficultés.

Autant d’éléments qui nous invitent à réfléchir sur nos pratiques quotidiennes et à faire de l’égalité par la mixité le cœur d’un projet professionnel novateur en EPS, individuel et collectif…

Loïc Szerdahelyi

F comme… Féminisme/Foot

Féminisme

On parle souvent du féminisme comme une idéologie dont il faudrait se méfier (« Je ne suis pas féministe, mais… ». Pourtant, être féministe au XXI ème. siècle devrait être compris comme la volonté d’en finir avec la hiérarchie de sexes qui subordonne depuis des siècles tous les aspects de la vie des femmes à la domination masculine. Humaniste, donc le féminisme ?

Christiane Marty, dans un ouvrage décapant (« Le féminisme pour changer la société » » » ATTAC/fondation Copernic 2013) démontre que domination masculine et capitalisme sont bien les deux visages d’une même réalité. Analyser la situation économique et politique de notre société en observant plus particulièrement celle des femmes  permet de comprendre plus facilement les mécanismes du capitalisme  (retraites, salaires, conditions de travail..).  

Réenchanter nos luttes en les ancrant dans un féminisme pour changer la société… pour de bon !

…et beaucoup d’autres livres sur le féministe sur le site EPS & Société :  https://epsetsociete.fr/idees-lecture-sortie/

Foot féminin et misogynie – INA

Film à partir des archives de l’INA sur le sexisme et foot, une vieille histoire.

Journalistes : Géraldine Cornet-Lavau, Richard Poirot, montage : Nils de Spa. INA 2018

Le foot où le sexisme y fut longtemps présent en particulier dans le journalisme…masculin. Ce film rassemblant des images de l’INA est édifiant de bêtise. Encore au cours des années 70 où la fédération de foot reconnaît enfin le foot féminin, les journalistes continuent de placer la féminité au cœur de l’activité des sportives, ou bien en 2017 des banderoles sexistes apparaissent au stade de l’Olympique lyonnais, pourtant l’élite du foot féminin…

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G comme… « (Sale) Gween » / Genre

« Sale Gween »

Lundi matin, 8h00 au gymnase.
Mes élèves de 3èmes se changent, puis, comme d’habitude, viennent s’asseoir devant le tableau.
Moi, en prof d’EPS très bien organisée, je cherche les fiches que j’ai bien dû poser quelque part dans ce bureau.
Et là, j’entends des rigolades, des élèves qui crient des trucs bizarres que, d’où je suis, j’ai du mal à comprendre. Je sors donc, avec mes yeux de « je suis pas contente », et je commence à hausser un peu la voix pour faire diminuer le volume sonore général.
D’habitude, ça marche.
Mais là, pas du tout.
J’arrive devant le tableau, et là je lis….. « Madame Motta Sale Gween ».
Ok.
Je sens mon coeur qui se met à vouloir violemment sortir de ma poitrine, mes joues qui se colorent joliment en rouge foncé.
Ça, c’est la première seconde.
A la deuxième, je me demande comment il faut que je réagisse.
Sans plus réfléchir, j’ai juste dit « Ce n’est pas comme ça que ça s’écrit Gween. Quelqu’un a-t-il quelque chose d’intéressant à rajouter ? »
Et puis on est passé à autre chose. Enfin, eux ils sont passés à autre chose. Moi, j’ai refait la scène 1200 fois dans ma tête.
Quand je l’ai dit et que j’ai vu leur réaction, je savais que c’était plutôt pas mal joué.
Ils savent que je suis lesbienne, parce que je n’ai jamais dit le contraire et que je ne me cache pas. Je ne peux donc pas m’énerver sur le fond du message. Je ne vais pas m’excuser non plus.
Quoi alors ? Me battre pour retrouver qui avait écrit ça et lui offrir une leçon d’éducation civique associée à une journée d’exclusion ? Impossible, le gymnase est aussi occupé par le club de basket et cette déclaration a très bien pu être écrite le vendredi soir.
Au final… je n’en ai plus entendu parler.
Je me dis que j’ai eu de la chance.
Celle d’avoir trouvé les bons mots au bon moment, comme un réflexe de survie. Mais si ça n’avait pas été le cas ?
Celle de très bien vivre mon homosexualité. Cela me permet de me mettre de la distance, et relativiser rapidement. Ce n’est pas moi qui étais visée de manière personnelle, mais mon statut de prof, d’adulte, face à des ados qui se cherchent. Mais si ça n’avait pas été le cas ? Comment aurais-je digéré la violence de ces propos ?
Les « sale pute », « salope » et autres « sale chienne » émaillent parfois les murs de nos cours de récréation, associées à un nom de professeur, de CPE, des femmes dans la plupart des cas. (Je doute que ça ne soit lié qu’au fait que nous sommes en plus grand nombre dans l’Education nationale). Mais souvent ces messages ne sont pas destinés à être lus en direct par la personne concernée.
Ici, ils voulaient voir ma réaction. Me tester. Me regarder gérer cette situation-problème.
J’ai repris plus tard avec eux un travail sur les discriminations, en insistant sur celle liée à l’orientation sexuelle.
On en a déduit que l’excuse « j’ai dit ça pour rigoler » n’est valable que si la personne à qui est destinée « la blague » est certaine à 100% que l’auteur est bienveillant. Un ami par exemple.
Si ça avait été le cas ici, j’aurais eu envie de répondre « ah… gouine oui, mais sale, non ! »

Annabelle Motta

Genre

N’en déplaise aux rétrogrades de tous bords, le genre est un outil conceptuel bien commode pour expliquer la sociologie des sexes. Celles et ceux (plus nombreux) le contestent parce qu’elles/ils savent que ça existe mais ne veulent pas que ça change ! Loïc Szerdahelyi nous en fait ici la démonstration.

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H comme… Homophobie

Nicole Mosconi est professeure émérite en sciences de l’éducation. Une des premières, elle s’est intéressée aux dimensions de genre et aux effets de la mixité de sexe dans l’éducation. Elle a été notre invitée lors de notre soirée d’étude sur l’homophobie, liant dans la même problématique sexisme et homophobies.

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I comme… IVG/Inconnue

I.V.G : enfin dans la Constitution française !

L’inscription de la liberté d’avorter a été inscrite dans la Constitution française le 4 mars 2024. C’est une première mondiale, dont la portée symbolique est considérable puisque le droit à  l’interruption volontaire de grossesse est désormais une liberté fondamentale inscrite dans la loi suprême.

C’est l’aboutissement d’un combat historique menée par les mobilisations féministes, initiée il y a 50 ans par le Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception (MLAC) et le manifeste des 343, pour le droit des femmes à disposer de leur corps.  

Ainsi, au cours du XXe siècle, le droit à l’avortement a été une conquête majeure des femmes, un élément structurant de l’égalité entre les sexes, les femmes pouvant alors choisir le temps de leur maternité en maitrisant leur fécondité et leur sexualité, longtemps entravée par le risque d’une grossesse non désirée.

Petit retour historique : Chacun.e retient le 17 janvier 1975 comme date majeure pour cet acquis. Ce serait cependant oublier la longue marche jusqu’à la promulgation de la loi Veil qui autorise et médicalise l’avortement (dans un premier temps… pour 5 ans seulement). A l’époque, cette loi n’abolit pas la loi de 1920 (la contraception et l’avortement sont un délit, passibles de la peine de mort sous Pétain). L’avortement reste interdit aux femmes étrangères, et n’est pas remboursé. La loi est votée définitivement en 1979-80.  En 1967, une première loi autorisant la contraception ouvre la voie à de nouveaux acquis (remboursement en 1974). En  1970, l’IVG est autorisée pour les femmes violées, en danger ou malformation de l’embryon. Le 5 avril 1971, 343 femmes ordinaires et célèbres déclarent avoir avorté. En novembre 1972, le procès de Marie-Claire, violée à 16 ans, et de sa mère, défendues par Gisèle Halimi est retentissant et crée un nouvel élan pour ce combat. Le planning familial pratique des avortements clandestins et le MLAC apprend les techniques pour le faire.

Après plusieurs décennies et malgré la loi sur le délit d’entrave de 1993 (rarement appliqué), l’IVG reste un acquis fragile et son accès un parcours de combattante. La tentation est toujours grande pour les pourfendeurs de l’égalité de « reprendre la main » sur les droits des femmes à disposer de leur corps. La mise en place dans les hôpitaux est longue et se heurte à la désapprobation de nombreux membres du corps médical. Les centres IVG ferment, des inégalités d’accès se creusent (zones rurales). Il faut attendre 1982 (loi Roudy) pour autoriser le remboursement de l’IVG et 2012 pour la prise en charge à 100% par l’assurance maladie. D’autres acquis complètent ces dispositifs : l’IVG médicamenteuse (2004), l’allongement du délai à 12 semaines, suppression de l’entretien préalable avec un psychologue, pilule du lendemain (2001) que les infirmières conseillères de santé des lycées peuvent donner, la suppression de l’autorisation des parents pour les mineures.

Cette longue lutte n’est pas terminée. Aujourd’hui encore en France, bien que le droit à l’IVG soit maintenant garanti par la Constitution, il reste de nombreuses difficultés pour y accéder réellement : fermeture de centres d’IVG, pénurie de pilules abortives, la double cause de conscience qui permet à certains médecins de refuser de pratiquer l’IVG, et des délais plus restrictifs que dans d’autres pays d’Europe.

Rappel : la déclaration unitaire des syndicats CGT, FSU, UNSA, CFDT, Sud pour obtenir l’inscription du droit à l’IVG dans la constitution.

Nina Charlier

Inconnue : Myriam Lamarre, une championne multi titrée

INA 2002, FR3

En boxe anglaise :

En amateure, elle gagne 42 combats sur 45.

Elle est championne du monde en 2002, vice-championne du monde en 200, championne d’Europe en 2001 et 2003, championne de France en 1999, 2000, 2002, 2003.

Depuis seulement 2003 les femmes sont autorisées en France à boxer en professionnelles.

En professionnelle, elle décroche en novembre 2004 le titre de championne du monde de boxe anglaise, catégorie super-légers, en battant l’américaine Eliza Olson. Elle devient la première championne du monde reconnue par la WBA le 8 novembre 2004 à Paris.

Elle remet son titre en jeu en 2005 et bat l’ukrainienne Elena Tverdokhlev à Marseille.

Elle est au total 5 fois championne du monde et perd son titre en 2006 face à Anne-Sophie Mathis.

En boxe française : 19 victoires, 1 défaite.

Championne du monde en 1999, championne d’Europe en 1998 et 2000, championne de France en 1999 et 2001

J comme… J.O

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Les femmes ont lutté pendant plus d’un siècle pour accéder à toutes les épreuves olympiques. Outre son racisme, le baron jugeait « impratique, inintéressante, inesthétique, et ne craignait pas d’ajouter : incorrecte » la présence des sportives aux jeux olympiques. Depuis, elles ont fait leur preuve (et leurs luttes) et en 2012 à Londres, aucune délégation n’était non mixte. Mieux, toutes les disciplines leur étaient ouvertes (mais pas toutes les épreuves). Pour autant les JO de Londres ont marqué les esprits par la capitulation du CIO concernant le respect de la charte qui annonce « La neutralité du sport Aucune sorte de démonstration ou de propagande politique, religieuse ou raciale n’est autorisée dans un lieu, site ou autre emplacement olympique » (chapitre5, règle 50.3). En autorisant pour la première fois le port du voile pour une femme musulmane, le CIO a cédé au chantage. Ci-dessous le texte que nous avions alors fait paraitre dans la presse…

Un voile sur les Jeux : quel avenir pour les femmes ?

 « Dans votre article paru le 2 août, vous jugez positif la présence des femmes dans toutes les délégations1.

Une première appréciation serait de considérer ce fait positif …. Question de bon sens ? Mais est-on sûr-e-s que cela soit une avancée pour l’égalité ? Où placer le curseur de l’émancipation ?

Le sport n’est pas émancipateur par «nature». Les conditions de la pratique participent à la construction de la liberté et de l’égalité… Avoir une délégation composée de femmes et d’hommes, s’il en est une condition possible, ne permet pas de décréter de facto l’égalité, comme le prouvent les places d’avion différenciées entre les femmes et les hommes de certaines délégations (pas n’importe quels pays, tout de même !)

La concession faite par le CIO et autres (la FIFA), sous couvert d’une vision compassionnelle de la situation de ces femmes, comporte plutôt les germes d’une nouvelles régression. Le port du voile est une domination imposée aux femmes. Cette interdiction en appelle toujours d’autres, comme on le constate avec cette judokate qui ne peut ni se dévoiler, ni circuler librement, ni décider par elle-même de qui elle peut rencontrer. Il ne s’agit pas que du voile. Une tête voilée c’est aussi le reste du corps qui est nié ! Comment dans ces conditions pratiquer des activités telles la gymnastique, la GRS, la natation ? Le short, le maillot de bain, le justaucorps deviendraient ainsi des instruments d’aliénation ? Et que faire de la nécessaire rencontre, du spectacle, de la fête sportive si celle-ci ne se laisse dévoiler ? La soi-disant « différence des sexes» prend ici tout son sens discriminatoire !

Avec de nombreuses associations, le SNEP-FSU, principal syndicat des enseignant-e-s d’éducation physique et sportive, était présent à Londres pour dire que l’égalité sportive reste un combat, que c’est une régression pour les femmes à accepter cette situation qui les mène dans une impasse. Nous avons initié « l’appel des femmes » dans lequel nous proposons que quel que soit le développement des sociétés, les femmes participent à ce large mouvement. Le sport reste une arme pour dépasser la partition des rôles de sexe, les stéréotypes, les inégalités. Il n’est pas tolérable que pour des raisons politiques, économiques, religieuses, sociales ou morales, les femmes subissent à nouveau un ostracisme concernant leurs choix sportifs.

La liberté n’est pas au bout de ce chemin… l’égalité encore moins ! Le paradoxe entre l’hyper sexualisation et/ou l’entrave des corps n’est qu’apparent. Les deux côtés de la même médaille font que ce sont toujours les femmes qui paient la facture !

Le courage n’est pas du côté des instances sportives dirigeantes. Il est du côté des femmes comme Boulmerka et El Motawakil qui ont affronté les interdits et les prescriptions en courant tête nue et en short ouvrant ainsi la voie à d’autres modalités de pratiques.

L’acceptation du port du voile est une capitulation de la part du CIO. Elle pèsera longtemps sur l’accès des femmes à la totalité des activités en toute indépendance et dont la liberté vestimentaire est un symbole particulièrement significatif de l’émancipation.»

Nina Charlier

A revoir :https://lesite.snepfsu.fr/les-secteurs/egalite/societe-egalite/abecedaire-de-legalite-en-eps-et-sport/

1L ’Humanité du 2 aout 2012

K comme… Katerine Switzer/Kilo

K comme Katerine Switzer

Voir la vidéo

Première femme marathonienne à Boston

Les croyances de l’époque : « On pourrait devenir des hommes, développer de grosses jambes, avoir la poitrine poilue et l’utérus qui descend ».

Quand elle annonce à son entraineur qu’elle veut courir le marathon, il lui répond : « aucune femme n’a couru le marathon ». c’est pourquoi elle s’entraine à courir 5000 de plus que le marathon pour lui prouver que c’est possible !

Elle s’inscrit sans donner son prénom. Elle est repérée pendant la course, le codirecteur se lance à sa poursuite et tente de la repousser. Son ami envoie balader cet opportun.

Elle ouvre le chemin aux femmes : les femmes sont capables de courir un marathon.

Elle convainc les organisateurs du marathon de Boston en 1972 de l’ouvrir aux femmes et met en place une série de courses pour les femmes dans le monde entier ce qui pousse le CIO en 1984 d’ouvrir la course mythique aux femmes.

Elle a organisé 400 course dans 27 pays faisant courir plus d’un million de femmes. La course à pied au féminin est devenue synonyme d’émancipation.

Kilo

De nos jours, le kilo a une caractéristique bien particulière : il est superflu. Quel que soit l’angle de vue, il est en trop. Et c’est probablement, au monde, la seule chose que l’on aime perdre. On ne veut se séparer de rien de ce qui nous entoure et fait notre monde. Mais ce qui entoure nos ventres ou nos fesses, si. Seulement voilà, le kilo est très très inégalitaire, dans l’imaginaire social fabriqué de toute pièce par le capitalisme de consommation de masse. La publicité, dont c’est le bras armé, démarre ainsi : « pour perdre quelques kilos superflus… »  Et on voit : une femme !

Vous pouvez faire le test. Ce sont les femmes qui mangent des yaourts allégés, des céréales allégées, du beurre sans beurre, du sucre sans sucre. Ce sont les femmes qui mettent des crèmes amincissantes le soir pour, en dormant, perdre quelques centimètres de tour de taille. Ce sont les femmes qui visent le ventre plat à coup d’électrostimulation. Et ce sont les femmes qui, au bout du compte, sont anorexiques-boulimiques.

L’homme, globalement, peut avoir du bide… c’est même pratique, ça sert d’oreiller.

Aux Etats-unis comme en France, les parents sont deux fois plus nombreux à rechercher sur Google : Mon fils est-il surdoué ? que Ma fille est-elle surdouée ? et deux fois plus nombreux à googler Ma fille est-elle en surpoids ? que Mon fils est-il en surpoids ? ( Victoire Tuaillon, les couilles sur la table p29)

Pourquoi ? Pourquoi, alors qu’il y a sur ce bas monde grosso modo autant d’hommes que de femmes, donc autant de consommateurs potentiels de chaque côté du sexe, la publicité a préféré la femme pour vendre des kilos en moins ? C’est profondément injuste.

Pourquoi les hommes n’y auraient pas droit ? Certes, on peut dire que c’est faux. Il y a un parc d’hommes consommateurs de crème amincissante. Mais pas trop de pub, ils font ça en cachette. La société de consommation a ses limites quand même.

Peut-on changer la donne ? … On peut commencer par en finir avec le capitalisme !

Christian Couturier

L comme… LGBT

A la FSU, de nombreux secteurs alimentent les débats et préparent le travail d’orientation de la fédération (secteur éducation, secteur services publics, secteur droits des femmes…) Un secteur s’occupe particulièrement des LGBT. Deux de ses militant-e-s nous livrent leurs outils.

Lutter contre les LGBTphobies : une action à double dimension dans la FSU

Cet acronyme désigne les Lesbiennes, les Gays, les Bisexuel-les et les Trans, personnes potentiellement et régulièrement victimes de discriminations en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre.

En tant que fédération syndicale la FSU revendique l’égalité complète des droits, s’emploie à mettre en évidence les ressorts des inégalités, et défend les personnels victimes de discriminations ; en tant qu’organisation très présente dans l’éducation, elle promeut, dans une logique de prévention, une éducation à l’égalité et à la diversité dès le plus jeune âge. En particulier, elle revendique, afin de combattre le sexisme et l’homophobie, une éducation prenant en compte les résultats scientifiques issus des études sur le genre et son inscription dans les contenus et programmes d’enseignement à tous les niveaux.

Historique :

Le groupe de lutte contre les LGBTphobies s’est mis en place en 2002 au sein de la FSU pour répondre à une double nécessité. Il s’agit d’une part de prendre en compte les difficultés rencontrées par les personnels LGBT dans le milieu professionnel, de porter leur combat pour la reconnaissance et le respect. La FSU avait notamment été interpelée par des couples vivant en logement de fonction et dont la visibilité était donc plus ou moins contrainte. Le groupe de lutte contre les LGBTphobies fut donc créé, avec le souhait que ce soit porté par toutes et tous dans nos syndicats.

D’autre part, en tant que professionnel-le-s de l’éducation, nous nous devons aussi de réagir face au mal-être de certain-e-s jeunes LGBT, mal-être pouvant aller jusqu’au suicide. A cela s’ajoute la nécessité d’accueillir tou-te-s nos élèves et leurs familles dans leur diversité, en particulier d’éviter la stigmatisation des enfants et des jeunes vivant dans des familles homoparentales. Le « secteur » LGBT s’est donc également fixé pour tâche d’œuvrer à faire changer le climat des établissements scolaires, et plus largement de faire évoluer les mentalités.

Accompagner les personnels :

Il y a des droits à faire valoir, et d’autres qui sont encore à gagner. C’est le cas des congés de parentalité revendiqués par des enseignantes dont la compagne a accouché. Certains personnels vivent des situations douloureuses, victimes de diffamation ou de harcèlement en raison de leur orientation sexuelle. Parfois la seule issue pour échapper à une ambiance de travail délétère est la mutation, voulue par la ou le collègue. Là aussi les syndicats agissent, accompagnent et interviennent.

Les enseignant-e-s LGBT :

Elles et ils souhaitent souvent être le plus discret-e-s possible (à moins d’être foncièrement militant-e), du fait même de la spécificité de ces métiers et du contact avec les jeunes. En effet, elles et ils peuvent être suspecté-e-s de prosélytisme, voire, pour les hommes surtout, de pédophilie. Cela soulève de nombreuses interrogations : doit-on, peut-on afficher son orientation sexuelle dans les établissements scolaires ? Est-il souhaitable de rester muet-te sur sa vie privée, alors qu’une enseignante hétérosexuelle évoquera ouvertement son mari en salle des profs ou même devant ses élèves sans aucun problème ? Quelle visibilité pour les enseignant-e-s LGBT ? Cette visibilité aiderait pourtant les jeunes en souffrance ou en questionnement…

Éduquer contre les LGBTphobies :

En tant que syndicats de l’éducation, nous nous préoccupons du bien-être de nos élèves ou de nos étudiant-e-s. Or, les LGBTphobies ont sur les jeunes des conséquences souvent dramatiques : sursuicidalité, déscolarisation, dépression, addictions… Nous réaffirmons la nécessité d’une éducation pour une école ouverte à la diversité, et ce en agissant dès l’école primaire.

Nous revendiquons en particulier :

– Une formation solide, initiale et continue, des collègues à la lutte contre les discriminations, et une sensibilisation de tous les personnels aux études de genre et aux LGBTphobies ;

– La promotion d’une éducation antisexiste et antihomophobe, qui doit être inscrite dans les contenus et programmes d’enseignement à tous les niveaux, et faire l’objet d’une réelle volonté d’impulser des actions pédagogiques ;

– La mise en œuvre générale et effective dans tous les établissements des campagnes d’information sur la ligne azur (Sida Info Service). Il est d’ailleurs important de noter que les appels proviennent de plus en plus de collégien-ne-s, et de jeunes filles.

Nous travaillons à l’intérieur de la FSU, et également dans différents cadres unitaires : Collectif éducation contre les LGBTphobies en milieu scolaire (dont la plateforme revendicative a inspiré le rapport de Michel Teychenné), Inter-LGBT, Intersyndicale Femmes, et avec d’autres partenaires : associations (SOS homophobie, Contact, Estim’, Sida Info service…), Défenseur des Droits, comité IDAHO…

Nous portons nos revendications au niveau ministériel, mais travaillons aussi en parallèle dans les établissements scolaires afin que la lutte contre les LGBTphobies soit présente dans les règlements intérieurs, dans l’activité des Conseils de Vie Lycéenne et des Comités d’Éducation à la Santé et à la Citoyenneté, dans les projets d’établissements pluridisciplinaires (grâce aussi aux Interventions en Milieu Scolaire des associations).

Nos militant-e-s s’engagent activement dans l’élaboration de divers outils et expérimentations pédagogiques, dans l’organisation de formations syndicales, permettant notamment des mutualisations d’expériences, concernant la lutte contre les discriminations, l’éducation affective et sexuelle, l’éducation contre le sexisme et les LGBTphobies.

Reste maintenant à faire connaître largement les outils existants et conçus, et à convaincre nos collègues de l’intérêt de telles actions pédagogiques tout au long de la scolarité.

Contacts :

olelarge@gmail.com

cecile.ropiteaux@free.fr

M comme… Mixité/Mondial

Mixité,une richesse pour l’EPS

Longtemps nous avons pensé que la mixité suffisait pour tendre vers l’égalité, des philosophes et des sociologues nous ont aidé à faire la différence. La mixité peut être une richesse pour l’EPS, mais sous réserve d’une grande vigilance. Dans cette courte vidéo, Nina Charlier, professeur EPS en collège, a essayé de montrer sur le vif cette mixité, sans jugement de valeur et arrière pensée. Elle montre qu’il n’est pas facile de pratiquer une EPS qui prenne en charge concrètement l’ensemble des filles et des garçons dans une discipline pourtant saturée des problématiques de genre.

Cette vidéo donne surtout à réfléchir sur les effets insoupçonnés d’une mixité « laissée pour compte » parce qu’il faut souvent régler tellement de problèmes d’apprentissage et de gestion de groupe que la question règle dans l’ombre !

Elle se veut optimiste, car la prise de conscience peut être salutaire pour affronter ces difficiles questions. Il n’y a pas de réponses toute faites. Mais soyons convaincu-es que l’EPS à l’école, qui s’adresse à tous-te-s les jeunes, œuvre plus massivement que n’importe quelle autre institution sportive, à la modification et à la diversification des modèles, faisant de l’éducation physique le terrain d’expérimentation d’une nouvelle chance pour l’égalité entre les sexes.

Mondial 2022 arbitré par une équipe entièrement féminine

Pour la première fois, un match de foot de la Coupe du monde masculine est arbitrée par une équipe exclusivement composée de femmes !  La française Stéphanie Frappart est la première arbitre centrale féminine en Coupe du Monde ! Parmi les 36 arbitres centraux sélectionné·es, la FIFA a désigné 3 femmes. Ces femmes s’estiment tout à fait compétentes et méritent d’être là ! pour P Collina, président de la commission des arbitres FIFA, c’est nouveau, mais pour lui ces femmes sont avant tout des arbitres compétentes.

Voir la vidéo

N comme… « Normalement, il devrait mourir »

C’est le commentaire d’un garçon d’une classe de CP, quand il a regardé la photo de Rudolf Nourev faisant un saut en grand écart ! Tandis qu’un autre disait, « la danse pour les garçons…c’est quand même bizarre ». Faire pratiquer les mêmes activités aux garçons et aux filles est une nécessité, les faire débattre à partir de leurs représentations sur le sport en est une autre. Voici le compte rendu d’un débat sur l’égalité dans le sport dans une classe de CM, assorti de quelques outils d’analyse.

O comme… Osez les Staps/Ourahmoune Sarah

Osez les STAPS !

On ne nait pas sportive, on le devient ! le SNEP-FSU et le centre EPS & Société se sont associés à des chercheurs et chercheuses pour comprendre pourquoi les STAPS comptent seulement 25 à 30% d’étudiantes alors que les politiques de mixité professionnelles n’ont jamais été aussi explicites ! L’équipe de chercheurs-ses a analysé les représentations de prés de 2000 lycéens et lycéennes sur la filière Staps et les qualités nécessaires pour y réussir.

Ourahmoune Sarah : boxeuse française

Sarah Ourahmoune, boxeuse, film INA

Vice-championne olympique de boxe anglaise  Pour elle, pratiquer la boxe c’est comme pratiquer le foot ou les hommes de la danse classique.

Elle fait partie de ces femmes qui ont consacré la boxe féminine comme sport à part entière. Les combats de femmes sont interdits en France jusqu’en 1997. Les rings sont relégués à des spectacles de foire. Le catch féminin est autorisé en Allemagne et connaît le succès…En 1983 les femmes ne peuvent participer à des compétitions et sont contraintes de participer à des matchs de boxe… dans des cirques.

La boxe n’est intégrée aux JO qu’en 2012.

La boxe française accueille des compétitions féminines depuis 1982… mais le commentateur ne peut s’empêcher de préciser que la boxe française par son esthétique, c’est aussi de la danse, une danse qui permet de se défendre.

« Il y aura des combats aux seins nus » précise-t-il et « les femmes sur un ring on trouve ça beau quand elles lèvent les jambes ». Il est fait référence aux commentaires d’un journaliste qui sont alors reproduits : « sport très élégant pour la femme, avec des élévations de jambes assez hautes ». On trouve aussi des vertus à la savate en dehors du ring  dans un reportage d’Antenne 2 en 1982 :  les femmes découvrent qu’elles peuvent se défendre en apprenant à se battre.

« Il aura fallu attendre les années 2000 pour que Sarah Ourahmoune ou Myriam Lamarre

Les combats en tant que professionnelles de boxe anglaise ne seront autorisés qu’en 2003.

Voir le film

P comme… Papoter / Parité

Papoter

«Elles papotent, ils gigotent» , beaucoup de professeur-es d’EPS ont rencontré dans leur formation les textes d’Annick Davisse. Une rencontre qui marque et peut transformer à vie sa façon de voir les enfants. Ce texte reste pour de nombreux-euses militant-es un coup de cœur des lectures incontournables dans la formation d’un-e enseignant-e d’EPS.  Un texte à relire ou une chance pour celui ou celle qui ne l’aurait pas encore lu.

Parité

Parité : Égalité de représentation des hommes et des femmes en politique.

L’idée n’est pas de nommer des personnes à des postes à responsabilité grâce à leur sexe, mais bien d’arrêter de leur fermer ces opportunités à cause de leur sexe1

En France, la parité est inscrite dans la constitution depuis 1999. Elle a été mise en œuvre pour la première fois lors des élections municipales de mars 2001 pour les communes de plus de 3 500 habitants.

Depuis l’instauration du suffrage « universel » (sic !) en 1848, les femmes ont du batailler longuement et ardemment pour accéder aux mêmes droits civils et civiques que les hommes. N’oublions pas qu’il faut  «  attendre » le 27 octobre 1946 pour que, dans  le préambule de la constitution, soit inscrit que « la loi garantit à la femme, dans tous les domaines, des droits égaux à ceux de l’homme » (art.3)

Ainsi, au 20ème  siècle, les femmes acquièrent des droits qui changent radicalement leur vie : droit à la contraception (1967), à l’IVG (1974), droit de vote (1944), égalité professionnelle (1983) (au moins dans les textes), abandon de la notion de chef de famille (1965) mixité scolaire (1975)

Pourtant, encore aujourd’hui, l’accès des femmes aux mandats électifs reste très faible.

95% des départements sont dirigés par des hommes,

1 seule femme est présidente de région,

25% de femmes siègent au Sénat, 26,9% à l’assemblée nationale ce qui place la France au 34ème rang mondial, ente le Tunisie et l’Afghanistan. Parmi elles, rares sont celles issues des catégories d’employées ou d’ouvrières !

En 1999, après de nombreux débats, une modification de la constitution  favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et aux fonctions électives. La parité, instrument  législatif, est dorénavant inscrite dans la loi et permet au gouvernement de prendre des mesures afin que les femmes soient mieux (plus) représentées dans les instances politiques.

Sur quoi portait  la controverse ? Fallait-il des mesures coercitives, une loi pour corriger les inégalités ?

Pour certain-e-s, la loi serait une forme de bienveillance à l’égard des femmes indépendamment de la question des compétences. Pour elles-eux, l’affirmation de la neutralité de l’universel, en particulier du droit reste la voie la plus juste pour l’accès à l’égalité. Mais cela justifiait de fait l’exclusion des femmes, renvoyant aux calendes grecques le règlement de la situation. 

Pour Geneviève Fraisse (philosophe),  au contraire,  la parité est l’étape ultime de l’égalité, parce qu’elle concerne le partage du pouvoir2 .Pour elle, compte tenu de la lenteur avec laquelle les droits des femmes ont été acquis, il n’y a aucune chance d’avancer  seulement en attendant un « progrès spontané ». La parité est alors un outil  pour fabriquer de l’égalité. Et si la question des compétences a été un argument anti loi  prétextant qu’on ne pouvait choisir un individu à cause (grâce à) de son sexe, il faut sans doute rappeler que c’est surtout le regard porté sur les femmes par la société qui les discrédite depuis fort longtemps dans tous les domaines de la vie sociale, économique et politique.

Selon les pays, la parité n’a pas la même fonction. Aux Etats Unis, par ex, la politique des quotas garantit que chaque « groupe » soit représenté. Rien de tel en France où la loi  témoigne d’abord que femmes ou hommes  sont à même de représenter l’ensemble des citoyen-ne-s. La parité reste ainsi  le meilleur moyen d’accéder à l’universel parce que femmes et hommes accèdent ainsi aux plus hautes fonctions représentatives de l’ensemble de la société.

Le partage à égalité du pouvoir de décision et de représentation est donc un enjeu démocratique fondamental.

Cela est vrai pour toutes associations, mouvements ou organisations, dont les syndicats. Si ceux-ci se fixent souvent des objectifs d’égalité, aucune loi ne vient cependant perturber l’ordre social… sexué. Comme l’exprime Yannick le Quentrec, les rapports de domination s’actualisent  au sein même des syndicats3. Il s’agit alors pour les syndicats de créer leurs propres outils pour faciliter et promouvoir un militantisme respectueux de la composition sociologique de leurs adhérent-e-s et ainsi prendre en charge les revendications spécifiques liées à la situation inégalitaire vécue encore par la majorité des femmes. Pour elles, il s’agit également de considérer que chacune est à même d’assumer des responsabilités et « que les compétences  ne précèdent pas l’engagement mais en sont les produits».4 

Nina Charlier

1 Clémence Bodoc, site internet « madmoizelle.com », 2015 

2 Fraisse, Geneviève, A côté du genre, Paris, Au bord de l’eau, 2010 

3Le Quentrec Yannick, «Militer dans un syndicat féminisé : la sororité comme ressource », in  Travail, genre et société, n°31, 2013

4 Idem

Q comme… Qui je suis ?

Corps de fille ou corps de garçon n’est pas une donnée aussi naturelle qu’on le pense. Pour Martine Court, sociologue, la majorité des filles se soucient de leur apparence, tandis que la majorité des garçons s’en moquent et jouent plutôt sur leur identité en faisant du sport. Martine Court a voulu comprendre par quels mécanismes on se construit en tant que fille ou garçon. Elle met au jour, au travers d’interviews d’enfants de CM2 et de leurs parents, les processus en jeu et les variations dans ces socialisations corporelles différenciées.

https://epsetsociete.fr/corps-de-filles-corps-de-garcons-une-construction-sociale/

R comme… Rempart des idées reçues/Rugby

Rempart des idées reçues

Comment faire de la mixité de sexe un outil de l’égalité ? Comment aborder de manière ludique et progressive, la question des inégalités de sexe en partant de ce que chacun-e pense concernant les filles et les garçons ? C’est en cherchant à répondre à ces questions que Cendrine Marro , enseignante chercheuse à Paris Ouest Nanterre a conçu l’animation « le rempart des idées reçues ».

Lire

La difficile reconnaissance du rugby féminin

INA, 2022. Journalistes : C. Dauxert, G Cornet Lavau, Documentaliste : Claire Brûlé, montage : C Guhur

Ce film retrace la naissance du rugby féminin par des lycéennes qui veulent récolter des fonds pour la lutte contre la faim dans le monde et se prennent au jeu.

Elles créent l’association française de rugby féminin et en 1971 le premier championnat de France féminin. Il est à noter que le reportage sur le jeu des rugbywomen en 1974 n’a rien à voir avec celui du foot à la même époque : spectateurs enthousiastes, du sérieux, les joueuses n’hésitent pas à plaquer, partir en percussion.

Pour évoluer les filles doivent être prises au sérieux. Mais en 1972 le gouvernement, Marceau Crespin, directeur des sports et de la cellule de préparation des jeux olympiques, déconseille la pratique du rugby pour les filles et pour la fédération de rugby le rugby est un sport d’homme. Elles ont donc fondé leur propre fédération et sont 500 compétitives. En 1981, le journaliste ne parle que du jeu ce qui montre qu’elles ont gagné leur pari et leur reconnaissance.

La fédération française de rugby les reconnait enfin en 1982. Albert Ferrasse change d’avis. Écoles de rugby, subventions, c’est le véritable départ du rugby féminin.

Voir le film

S comme… Stéréotypes

Les filles n’aiment pas le sport ! Les filles n’aiment pas la compétition ! Les filles n’aiment pas le foot ! Les garçons n’aiment pas les activités artistiques ! Les sportifs sont meilleurs que les sportives ! Les femmes viennent de vénus et les hommes de mars !

Chacune de ces affirmations péremptoires constitue un stéréotype, c’est à dire « un ensemble de croyances socialement partagées concernant des traits caractéristiques des membres d’une catégorie sociale ». Les stéréotypes de sexe renvoient donc à une vision réductrice des femmes ou des hommes à partir de traits isolés d’une réalité toujours plus complexe et diverse qu’il n’y paraît. Sans rentrer dans le détail argumenté de chacune des assertions précédentes, si les filles n’aiment pas le foot, pourquoi sont-elles alors bien plus nombreuses à se licencier à la Fédération Française de Football (96 304) plutôt qu’à la Fédération Française de Volley (46 657), qu’à la Fédération Française de Ski (51 835) ou qu’à la Fédération Française de Danse (72 818) ? Si les filles n’aiment pas la compétition, pourquoi sont-elles plus nombreuses à être licenciées dans des fédérations olympiques (2,6 millions) que dans des fédérations non olympiques (631 122) ou multisports (2,4 millions) ? Si les filles n’aiment pas le sport pourquoi leur progression dans la pratique des APS est deux fois plus forte que celle des garçons en dix ans 1 ? On le voit, les croyances à l’œuvre dans les stéréotypes sont largement discutables, pourtant elles sont rarement discutées et fonctionnent, chez certain-e-s, comme des « évidences », si fortement intériorisées qu’elles peuvent prendre un caractère quasi naturel ! Le stéréotype se caractérise alors par sa rigidité, sa stabilité alors même que les comportements en matière de pratiques sportives (taux d’engagement, modalités de pratique, règlement, performances) font l’objet d’une forte variabilité dans le temps et dans l’espace. Faut-il rappeler que la gymnastique était au tournant du 20ème siècle investie majoritairement par des hommes dans l’optique d’une préparation virile et patriotique alors que son effectif est actuellement composée à plus de 80% de femmes ! Faut-il rappeler que le football est majoritairement investi par les femmes aux Etats-Unis alors qu’il incarne les clichés de la virilité en Europe ! Les stéréotypes fonctionnent comme des « clichés » d’un temps ou d’une société où la catégorie l’emporte sur l’individu, où l’uniformité l’emporte sur la diversité, où la hiérarchie l’emporte sur l’égalité. Ils se transmettent de génération en génération, en faisant abstraction des mutations sociales et culturelles qui devraient pouvoir les contredire, en faisant abstraction de leurs coûts dévastateurs auprès de celles-ceux qui ne s’y reconnaissent pas. Ils entretiennent les amalgames entre le sexe (femme ou homme), les attendus normatifs à l’égard d’un sexe (féminité/masculinité) et la sexualité (homo ou hétérosexualité) alors que ces 3 notions ne se confondent pas. Du fait de leur caractère simplificateur, ils empêchent de penser les processus de socialisation sous-jacents au trait isolé. Ils empêchent de voir ce qui, hier et aujourd’hui, a fait et fait toujours obstacle à l’engagement sportif des femmes (ou des hommes dans les activités dites féminines). Ils empêchent de voir les inégalités, les stratifications sociales sous-jacentes, les rapports de domination, etc.

Il y a urgence à participer à la déconstruction de ces clichés réducteurs et dévastateurs.

Cécile Ottogalli

1Entre 2000 et 2010, la part des femmes déclarant la pratique d’une APS est passée de 76% à 87% contre 86% à 91% chez les hommes. Cf. Chiffres clés de la féminisation du sport en France 2012-2013.

Stéréotypes : faut-il apprendre aux filles à s’opposer ?

https://epsetsociete.fr/faut-il-apprendre-aux-filles-a-sopposer/

T comme… Tapette

  • « Vas-y, essaye, tapette !
  • Maxime, qu’est-ce que tu viens de dire ?
  •  Rien madame, il veut pas essayer
  •  Non mais répète ce que tu viens de lui dire.
  •  Je lui ai dit vas-y essaye………
  •  Essaye…….
  •  Tapette.
  •  C’est quoi tapette ?
  •  C’est pas une insulte, C’est rien, c’est pour lui dire qu’il a peur.

Bon, c’est ça le problème. C’est que pour toi Maxime, comme pour pas mal d’élèves tu ne vois pas le problème. Et tu réponds « ok, pédale » à chaque fois qu’un garçon te pose une question, et « OKS » (pour OK salope, quelle imagination débordante), à chaque fois que c’est une fille, ou un garçon d’ailleurs, parce que c’est drôle.

On est en cinquième, en cycle d’acrosport, au tout début de l’année. Au bout d’un nombre de fois trop conséquent, j’ai les oreilles et l’éthique qui saignent. On s’arrête, on va discuter.

J’écris « Discrimination » au tableau, et je leur demande ce que ça leur évoque.

« Des insultes et des choses qu’on nous empêche de faire »

On essaye de classer.

  •  La couleur de peau 
  • La religion

Ensuite c’est plus compliqué, mais on finit par trouver.

  •  Le physique et le handicap
  •  Le niveau social 
  • Le fait d’être une fille………(notamment parce qu’on a rugby dans la programmation, et le rugby, c’est pour les garçons…)

En creusant toutes les insultes qu’ils connaissent, on arrive à parler de tapette, pédale, gouine….

Ils rigolent, se regardent, ont l’air de trouver ça vraiment super drôle.

Sofiane : « Mais madame, tapette, c’est pas vraiment une insulte, c’est pour dire que c’est un peu une fille

Léa: « mais toi on t’a jamais traité de garçon ! »

Fatou: « Madame, pédale c’est quand même pas aussi grave que « nègre », 

Halimata : « Tu dis ça parce que t’es noire… »

Jessy : « C’est quoi les mots pour dire pédé sans insulter ? »

Les discussions s’enchainent, rebondissent, se régulent, nous entrainent là où je n’aurais jamais pensé arriver en commençant ce cours….

On a fini par écrire les règles qui nous paraissaient importantes pour bien vivre ensemble :

  •  Il n’y a pas de hiérarchisation de la discrimination
  •  On insulte pas les gens pour rire (cas exceptionnel et avec beaucoup de réserve, si c’est mon copain, et qu’il sait que je ne pense pas du tout ce que je dis……..)
  •  Tapette, pédale : ce sont des insultes, pas de la ponctuation.
  •  Je ne dis pas aux autres ce que je ne voudrais pas qu’on me dise.
  •  Quand je suis témoin d’une forme de discrimination, qui fait souffrir l’autre, je me dois d’intervenir.
  •  Ce qui compte, ça n’est pas ce que veut dire celui qui le dit, mais comment celui à qui ça s’adresse le prend.

Evidemment, cela n’a pas mis fin en 2 jours à toutes les «  pédales » du  collège. Mais dans la classe, l’atmosphère s’est détendue. Bienfait du dialogue, sans aucun doute.

Le cours d’EPS, parce qu’il est le lieu d’apprentissages à travers toutes les formes de groupements possibles et imaginables, peut être l’occasion privilégiée de la rencontre avec l’autre qui ne nous ressemble pas.

En vivant des expériences communes, en construisant des projets collectifs, nous pouvons offrir à nos élèves la possibilité de se mettre à la place de l’autre. Première marche de la lutte contre toutes les discriminations.

Annabelle Motta

U comme… Universel

La notion d’universel, d’après le dictionnaire Larousse, renvoie à « ce qui s’étend à l’univers entier », « qui embrasse la totalité des êtres et des choses ». Appliquée aux débats autour de l’égalité entre les sexes, il est question d’une revendication à des droits égaux entre les hommes et les femmes, il est question d’une revendication dans les valeurs universelles des droits de l’Homme. Se réclamer d’une posture universaliste, c’est alors faire valoir l’injonction portée par la Déclaration Universelle des droits de l’homme de 1948 pour que l’universalité et indivisibilité du droit et de la justice deviennent une REALITE pour tous les êtres humains1… ce qui n’est encore le cas, ni à l’échelle nationale, ni à l’échelle internationale. De façon générale, on peut dire que les lois relatives au droit de vote et d’éligibilité, à la libre disposition de son corps, à la réforme des régimes matrimoniaux, à l’égalité salariale et professionnelle, relèvent de cette dynamique universaliste. Dans le champ sportif, cela se traduit, par exemple, par la mise en place de la mixité en EPS, au cours des années 1980-1990, dont le but était de rompre avec les pratiques séparatistes et différenciantes d’antan, ou par la loi Avice du 16 juillet 1984 proclamant que les activités physiques et sportives sont  « d’intérêt général et leur pratique constitue un droit pour chacun quels que soient son sexe, son âge, sa capacité ou sa condition sociale »2. Ces réformes ont, à n’en pas douter, contribué à la progression des femmes dans les activités sportives, notamment en mettant fin aux interdictions d’accès pratiquées par certaines institutions, dont le CIO, à l’égard des femmes (la Fédération Française d’Haltérophilie en 1984, la Fédération Française de Rugby en 1989 et la Fédération Française de Boxe en 1997, voir aussi l’évolution des épreuves aux JO). Ces réformes ne sont néanmoins pas abouties car les sportives restent, en 2015, confrontées à de nombreuses inégalités de traitement et de reconnaissance observables, entre autres, par leur sous-représentation dans les gouvernances et les métiers du sport, par la sous-valorisation médiatique et financière de leur capital sportif, par des conditions d’entraînement ou de reconversion moins favorables, par le maintien d’obligations corporelles (la féminité) fortement structurantes de leur investissement dans les pratiques, etc. Se réclamer d’une posture universaliste, (souvent incarnée par la figure tutélaire de Simone de Beauvoir), c’est se projeter, sur le plan du droit, au-delà des identités et des groupes, en faveur d’un individu abstrait, neutre, hors corporéité. Sur ce point achoppe l’unicité des revendications et se développe plusieurs critiques. Qui sera le « nous » que recouvre l’universel ? Comment éviter le risque d’uniformisation autour d’une référence forcément normative ? Quelle place donner aux identités de groupe dont découlent les discriminations sans entraver la pleine expression de chaque individualité ? Demander l’inclusion des femmes dans l’universel implique un travail critique de définition qui rend la notion par essence instable3.

Cécile Ottogalli

1 Cf. Loi n° 2014-873 du 4 août 2014 pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes.

2 Article 1 de la loi du 16 juillet 1984 relative à l’organisation et à la promotion des activités physiques et sportives. Souligné par moi-même. Cette même loi rend aussi possible des postes « femmes » au sein des comités directeurs des fédérations.

3 Tissot, Damien, Féminisme et universalisme, Vers une définition commune de la justice, Thèse de doctorat en études de genre, mention philosophie,Paris 8, 2013. HAL Id: tel-00974803 https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00974803, consulté le 3 mars 2015. Voir aussi l’ouvrage de Joan Scott, La citoyenne paradoxale : les féministes françaises et les droits de l’homme, Paris, Albin Michel, 1998 ou celui de Christine Delphy, Un universalisme si particulier, Féminisme et exception française 1980-2010, Nouvelles questions féministes, 2010.

V comme… Violences ou Virilité

Violences

Les violences faites aux femmes sont l’une des violations des droits humains les plus répandues dans le monde. Les violences sexuelles et sexistes (VSS) traversent toutes les sociétés, les classes sociales, les espaces (le privé, le travail, l’école…) et sont systématiquement exacerbées dans les pays en conflits. Le SNEP-FSU seengage contre les violences sexuelles et sexistes  https://lesite.snepfsu.fr/actualites/publications/bulletins-nationaux/bulletin-special-pour-le-droit-des-femmes/

Virilité : Le coût de la virilité 

Constat : l’immense majorité des comportements asociaux est le fait des hommes. (84 % des accidents de la route, 90 % des condamnés par la justice, 97 % des violences sexuelles…). Ces comportements ont un coût. Lucie Peytavin appelle cela le coût de la virilité. Son essai montre ce que la France économiserait si les hommes se comportaient en femmes… https://epsetsociete.fr/le-cout-de-la-virilite/

W comme… « We want sex equality »

Années 1960…dans l’usine Ford à Dagenham (Angleterre), des ouvrières se révoltent contre les inégalités salariales. Basée sur une histoire vraie (révolte des ouvrières en 1968), ce film de Nigel Cole raconte ce mouvement social de femmes qui travaillent dans des conditions difficiles et qui, de plus, ne sont pas payées le même salaire que les hommes pour des travaux semblables. Entre humour et détermination, elles prennent le contrôle de la situation, forcent les syndicats (plutôt machistes) à les soutenir jusqu’à l’obtention de leurs justes revendications.

1968… 2023… l’écart salarial entre les hommes et les femmes persiste.  Le modèle de « Monsieur gagne pain » et « Madame salaire d’appoint » perdure encore largement dans notre société malgré les lois qui proclament : « A travail égal, salaire égal ». De fait, les conditions de vie et de travail des femmes restent trop souvent l’impensé des politiques publiques et des stratégies RH des employeurs.

Dans la Fonction publique, plafond de verre et plancher collant existent aussi, contrairement à une idée trop répandue affirmant le contraire.

Mais rien n’est inéluctable… Et si nous disions toustes ensemble : « We want sex equality » ?

Sur le même sujet vous apprécierez cette vidéo du site Stéréotypes-stéréomeufs  sur l’entretien d’embauche  . Un court scénario où Vincent et Sophie postulent pour le même emploi. Entre stéréotypes de genre et échanges un peu houleux, cet épisode vous réfléchir vos élèves sur les causes et conséquences de la discrimination à l’embauche.

X comme… XX, XY : les tests de féminités dans les compétitions sportives

Mais qu’est-ce qu’une « vraie » femme ? Le travail d’Anaïs Bohuon, sociologue du sport à l’Université de Paris Sud, met en lumière une évidence, au grand dam des autorités sportives : il est vain de vouloir couper le monde en deux catégories sexuées.

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Y comme… Cherchez le Y !!

Le chromosome Y constitue la marque de fabrique génétique du sexe mâle… Pas si sûr !

La biologiste Anne Fausto-Sterling contribue à remettre en cause cette évidence dans l’ouvrage Sexing the body, traduit récemment en Français sous le titre Corps en tous genres. La Dualité des sexes à l’épreuve de la science, publié aux éditions de la Découverte en 2013. Dans le chapitre 1 de l’ouvrage, elle évoque le cas de la championne d’Espagne de saut d’obstacles Maria Patino, convaincue d’être une femme, jusqu’aux JO de 1988 où la commission médicale du CIO l’informe du contraire ! … Quatre ans plus tard, après moult examens, Maria Patino est réintégrée dans l’équipe espagnole pour les JO de 1992, en tant que femme et bien que porteuse d’un chromosome Y.

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Z comme… Zizi

« Je veux un zizi ! » de Lætitia Lesaffre. Editions talents Hauts.

L’histoire : Le dialogue entre une petite fille qui veut un zizi pour pouvoir faire plein de boucan, gagner à la bagarre, être élue Père Noël et bricoler et un petit garçon qui préfère cuisiner, être le Petit Chaperon rouge et aimerait avoir un bébé dans son ventre.

Un texte drôle et doux illustré par des dessins tendres et poétiques.

L’auteure-illustratrice, Lætitia Lesaffre est peintre, elle travaille à l’acrylique et utilise des collages.

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