De bac +5 à bac +2 ans et demi, comment le ministère organise la déqualification des enseignant·es pour les soumettre à la logique du new management public.
Le ministère a souvent fait référence au système de recrutement qui a perduré jusqu’en 2007 où les étudiant·es devaient justifier de la licence pour se présenter au concours, mais il a toujours oublié de préciser que la licence était toujours suivie d’une année de préparation au concours à l’IUFM, ainsi les 3 années de licence étaient entièrement consacrées aux apprentissages liés aux exigences de la licence et non une licence pilotée entièrement par un concours.
Les épreuves d’admissibilité des concours auront lieu au mois de mars de la 3ème année de licence, soit au bout de 2 ans et demi de licence.
Celles-ci n’auront donc jamais eu lieu aussi tôt. Cette donnée rend évident le fait que les savoirs nécessaires pour pouvoir enseigner n’auront pas été acquis, et la question de la formation sur les 2 années suivant l’obtention au concours ne sont pas là pour rassurer, notamment car la deuxième année sera amputée largement par la mise en responsabilité des fonctionnaires stagiaires à mi-temps devant élèves.
Ces nouvelles dispositions révèlent une nouvelle étape de déqualification des enseignant·es.
Il est plus facile de faire appliquer les bonnes pratiques, telles que développées notamment par Jean-Michel Blanquer, à des enseignant·es manquant cruellement de formation disciplinaire, qu’à des enseignant·es disposant de tous les éléments pour réfléchir, critiquer ou s’opposer à des programmes ou des pratiques. Les personnels concepteurs dérangent le ministère qui a une conception tout autre aujourd’hui de ce que doit être un·e fonctionnaire. En déqualifiant les enseignant·es le ministère leur retire leur capacité à avoir une vision critique des programmes, leur indépendance, mais aussi joue sur leur possibilité de revendiquer des droits, une revalorisation et déclasse leur position sociale dans la société d’aujourd’hui.
En passant le concours de bac +5 à bac + 2 ans et demi sans formation initiale conséquente à la suite de l’obtention du concours, le ministère souhaite faire des enseignant·es de simples applicateur·rices et casser les collectifs de travail existants.
Coralie BÉNECH