A quelques jours de l’ouverture des Jeux Olympiques et Paralympiques de Tokyo, le SNEP-FSU a une pensée particulière pour tous les sportifs et leurs encadrants qui vont participer à cet événement ; nous leur adressons d’ailleurs nos encouragements les plus sincères.
Mais au lieu de tous nous enthousiasmer en commençant à nous projeter vers Paris 2024, le constat est amer et, 6 mois après l’arrivée de Jeunesse et Sports à l’Education Nationale, beaucoup de collègues sont dans une situation de détresse inédite !
Au SNEP-FSU, nous sommes convaincus que la sortie des ministères sociaux était nécessaire, faute de quoi nous allions disparaitre (cf. attaques sur les effectifs, les métiers et les missions JS, avec la volonté presque affichée de nier les spécificités JS, …) Et si nous ne prêtons pas ce genre d’intentions à nos interlocuteurs de l’Education Nationale, force est de constater que cette réforme est pourtant celle qui est la plus mal vécue par nos collègues. Pourquoi ? Essentiellement parce qu’elle intervient dans un contexte de tension extrême sur les effectifs… (cf. article publié dans le bulletin SNEP-FSU n°987 de mai 2021)
Comme nous le rappelons régulièrement, nous avons perdu 45% de nos forces vives sous l’ère des ministères sociaux. A titre d’exemple, le nombre de Conseillers d’Animation Sportive (CAS) a chuté de 34% en 10 ans, passant de 876 en 2008 à 581 en 2019 et nous sommes encore moins nombreux à ce jour … Et lorsqu’on a plus qu’un seul CAS sur un département (EX : dans la région Grand Est) et qu’il doit à la fois répondre aux questions des usagers sur les activités sportives, gérer les différentes campagnes de subventions de l’Agence Nationale du Sport, contribuer à la sécurisation des pratiques, auditionner et accompagner des victimes de violences sexuelles, développer le savoir nager et le savoir rouler à vélo, voire prendre en charge le Service National Universel, …, le moindre grain dans le rouage peut déclencher une crise grave, qu’il s’agisse de problèmes informatiques et logistiques, d’une annonce sur l’organisation du travail pendant les vacances scolaires ou à la rentrée, ou encore d’une phrase malheureuse de la part d’un recteur qui répond que ses priorités ne sont pas Jeunesse et Sports ou qui envoie un mail pour souhaiter de « bonnes vacances ! » alors que la période estivale correspond à un pic d’activités à Jeunesse et Sports. Nous vous alertons régulièrement sur les situations critiques qui nous remontent partout en France, en métropole comme en Outre-Mer. Dans ce contexte, il est urgent que le Ministère communique davantage vers ses services rectoraux et départementaux sur les sujets que nous travaillons au niveau national ainsi que pour leur rappeler que la bienveillance dans l’accueil des personnels Jeunesse et Sports doit aussi se manifester par le respect de nos spécificités, notamment en matière d’organisation du travail avec le triptyque contrat d’objectifs / article 10 / indemnités de sujétions pour les personnels techniques et pédagogiques (PTP). Nous renouvelons d’ailleurs ici notre demande auprès des directions métiers (DS et DJEPVA) pour qu’elles interviennent avec force pour soutenir les contrats d’objectifs, en expliquant pourquoi c’est le système le plus adapté pour cadrer l’organisation du travail des professeurs de sport / CEPJ / CTPS, sachant que la légitimité de l’instruction n°93-063 JS relative aux missions des PTP a été récemment mise en cause par la DGRH à l’occasion d’un groupe de travail sur la mobilité.
Au niveau macro, alors qu’il faudrait recruter plus 400 professeurs de sport pour retrouver les effectifs des personnels techniques et pédagogiques sport de 2008 (PS et CTPS), sachant par ailleurs que 300 agents ont d’ores et déjà atteint l’âge légal pour partir en retraite, l’ouverture de 40 postes aux concours 2021 est un signal positif mais très insuffisant. En attendant des recrutements bien supérieurs l’an prochain, il est indispensable de recruter dès maintenant à la fois les lauréats des listes principales mais aussi ceux des listes complémentaires des concours JS 2021.
Au niveau politique, il faudrait aussi clairement réaffirmer quelles sont les ambitions pour le service public du sport (et de la jeunesse). Les objectifs portés lors de la candidature de la France à l’organisation des JOP de 2024, que ce soit en matière d’excellence sportive comme en matière de développement du sport pour le plus grand nombre, ne sont plus clairement portés et affichés par nos ministres. Cette lacune est d’autant plus inquiétante qu’il s’agit pourtant de l’ADN de notre ministère et c’est d’ailleurs la mission principale de tous les professeurs de sport et CTPS sport (cf. décrets statutaires) ! Pour le SNEP-FSU, la place du sport dans la société ne se limite pas à sa fonction de vecteur de cohésion sociale ou de facteur de santé, comme le font penser les communications ministérielles, aussi bien vis-à-vis du grand public qu’à l’interne. D’ailleurs, nous attendons avec impatience les prochaines Directives Nationales d’Orientation. Quant aux Documents Stratégiques Régionaux, dont nous parlerons tout à l’heure, nous tenons d’ores et déjà à rappeler que nous sommes favorables sur le principe mais que les conditions de leur élaboration nous laissent plus que dubitatifs, dans la mesure où la plupart des agents (qu’ils exercent leurs missions en services, en fédérations ou en établissements) ne seront pas associés, faute de temps. De plus, les CREPS sont absents du projet initial, alors qu’ils ne sont pas de simples opérateurs comme les agences mais sont des établissements du ministère des sports chargés de mettre en œuvre les politiques publiques du ministère, en lien étroit avec les services déconcentrés, avec des dynamiques de travail collectif à renforcer entre agents des CREPS, de la DRAJES et des SDJES. Quant aux missions mentionnées dans les axes thématiques de ces Documents Stratégiques Régionaux, nous sommes déjà intervenus en groupes de travail pour souligner le manque de visibilité des missions formation-certification ainsi que celles relatives au développement du sport et à l’accompagnement du mouvement sportif et de ses dirigeants bénévoles, à qui sont déléguées des missions de service public. Monsieur Fournier nous a informé qu’un mail sera adressé aux recteurs, aux SGRA et aux DRAJES à l’issue de ce CTM pour les alerter sur ces différents points ; c’est une première réponse à nos demandes mais ça n’est pas suffisant. A ce titre, nous regrettons une nouvelle fois l’absence du politique à ce CTM JS, car c’est bel et bien aux ministres d’apporter des réponses fortes à toutes nos demandes.
En guise de conclusion et pour résumer la demande du SNEP-FSU : il faut non seulement de vraies priorités ministérielles (et non la mise en avant de dispositifs) mais aussi et surtout des personnels, titulaires, formés et nombreux, pour les mettre en œuvre !
Merci de votre attention.