Jeunesse et avenir sacrifiés

Analyse du projet de budget 2025 relative au ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (MESR)

Le projet de budget prévoit, concernant le volet dépenses, une diminution globale pour la mission « Recherche et enseignement supérieur », d’au moins 300 millions (31,4 milliards (Mds) en 2024 contre 31,3 Mds ; soit -1 %). Ajoutons une inflation prévue par le gouvernement à 1,8 %. Ce qui donne un budget MESR qui perd en volume
2,8 % par rapport à 2024 ; le volume s’exprime en euros constants avec la prise en compte de l’inflation.

La revalorisation du point d’indice en 2024 n’est pas compensée par le ministère, ce qui implique que les établissements doivent financer cette revalorisation sur leurs fonds. France Université rappelle que le passif de non-compensation du Glissement Vieillesse Technicité (avancement des carrières) depuis 2010 est de plus de 650 millions d’euros, soit l’équivalent de près de 10 000 emplois toutes catégories confondues ! Cette nouvelle non-compensation va aggraver encore et encore les budgets des universités déjà en déficit pour les 2/3 en 2024.

À noter que l’évolution des primes RIPEC et PES pour 2025 est budgétée pour le moment par le MESR.

Un budget qui va aggraver la précarisation et l’appauvrissement de la jeunesse

(programme 231 Vie étudiante) :

  • Le programme 231 « Vie étudiante » (dont SUAPS et FFSU, bourse, logement, restauration, vie de campus, santé…) voit ses crédits (3,2 Mds), par rapport à 2024, baisser de 77 millions environ. Si on y ajoute l’inflation, la baisse en volume est de – 4 % ! Les bourses ne sont pas réactualisées, par exemple, au regard de l’inflation prévue.
  • Dans ce programme 231, pour ce qui concerne la partie SUAPS, FFSU, culture, la subvention pour charge de service public (SCSP) reste équivalente à celle de 2024 en euros courants, soit 22,4 millions. Mais cela représente en volume (avec inflation) une baisse de 400 000 € (-1,8 %). Rappelons que cette somme était en 2018 de 22,1 millions. Or, avec une inflation cumulée depuis janvier 2018 à fin 2024 de 18,4 %, cette SCSP aurait dû atteindre 26,1 millions (!!!) en 2024, soit +3,7 millions. L’équivalent de plus de 52 postes EPS à 70 000 euros par an – toutes cotisations comprises. Un poste en plus par SUAPS pour 53 SUAPS.

La FFSU voit son enveloppe rester à 5,6 millions et donc en volume baisser de 1,8 %.

La formation et la recherche toujours à l’os ! Le programme 150 qui comprend le volet « Formations supérieures et recherche universitaire » voit ses crédits augmenter de 99 millions pour atteindre 15,27 Mds, soit +0,65 %, mais en volume, on passe à -1,25 %. Ce P. 150 aurait dû a minima augmenter de l’inflation (soit de 273 millions par rapport à 2024).

Pour le moment, ce projet de budget 2025 ne répond aucunement aux besoins multiples de notre jeunesse et de notre société et il aggrave la situation déjà inacceptable et indigne d’un pays riche comme la France.

Avec ce budget, les difficultés professionnelles dans nos structures (STAPS/SUAPS-GÉ/INSPÉ) concernant nos conditions de travail et de rémunération, la démocratisation, les conditions d’études des étudiant·es vont se poursuivre et s’aggraver, engendrant toujours plus de frustrations à tout point de vue. Le gel des postes, dont ceux obtenus par le plan STAPS, commence à se concrétiser par endroits par non renouvellement des départs en retraite.

Ce sous-investissement depuis des années est un scandale et un gâchis pour la jeunesse et la société. Il accentue le délitement de notre service public et favorise de plus en plus l’entrisme du privé pour accélérer le processus de marchandisation-privatisation et d’ubérisation.

2 exemples concrets du sous-investissement

1 – Dépense moyenne en euros constants (avec inflation) par étudiant·e inscrit·e dans l’ESR et par secteur dont Université :

Soit pour un·e étudiant·e à l’université entre 2014 et 2023 une perte de 210 € !

Ainsi, de 2014 à 2023, nous avons une inflation cumulée de 18,1 %, ce qui aurait dû donner, par exemple, pour 2023, en dépense par étudiant·e à l’université, une somme de 14 713 € (au lieu de 12 250), soit + 2 463 € de plus (une perte de 20 %). CQFD. Rappelons que le PIB depuis 2014 a augmenté sur la même période en € constants (volume avec inflation comprise de 32 % !!!).

2 – 27 Mds de recettes effacées en 2023 pour l’éducation

C’est la déduction comptable que l’on fait, année après année depuis 1996, dudocument de travail officiel et rendu public de la DEPP (Direction de l’Évaluation, de la Prospective et de la Performance) sur la Dépense Intérieure d’Éducation (DIE) n° 2024-E08, de septembre 2024 qui titre :

« 189,9 milliards d’euros consacrés à l’éducation en 2023 : 6,7 % du PIB »
(-0,1 % par rapport à 2022).

Note intégrale de la DEPP sur le financement de l’Education (la DIE) pour 2023

Dans le résumé de la note, on y lit en introduction : « Hausse des dépenses d’éducation en 2023 en prix courants (+ 4,7 %) mais recul en prix constants (-0,5 %) compte tenu de l’inflation ».

Les pouvoirs politiques de notre pays, depuis 1996, n’engagent plus dans le système éducatif, de la maternelle à l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (ESR), le même pourcentage de DIE par rapport au PIB (indicateur monétaire de la richesse produite sur une année). Celui-ci est à la baisse globale depuis 27 ans.

Ainsi, en 1996, la France consacrait l’équivalent de 7,7 % de son PIB à la DIE. En 2023, elle ne consacre plus que 6,7 %, soit 1 point de pourcentage en moins (PIB certifié de 2 822,5 Mds en 2023 – Source Insee). L’année 1995 est considérée par beaucoup d’analystes de l’éducation, comme le début de la panne de la démocratisation en France.

Il manque donc au moins 27 milliards (Mds) de recettes supplémentaires pour la « Dépense Intérieure d’Éducation » (DIE), de la maternelle à l’ESR, en 2023.

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