CDNE des 22 et 23 septembre 2022 – Introduction

Introduction au débat général

Nous voilà réunis pour ce CDNE conçu comme l’instance de lancement de notre année syndicale. Année qui est lourde d’enjeux et qui nécessitera une activité de tous les instants tant les échéances qui sont devant nous présentent des dangers considérables pour notre modèle social, pour nos métiers, pour notre discipline. Nous ferons cette introduction au débat à deux voix avec une partie liée plus au contexte général et une autre relative à l’actualité éducative. Il s’agit bien sûr d’un découpage un peu formel et on ne peut réfléchir l’un sans l’autre, les velléités de réformes éducatives n’étant que le reflet, l’opérationnalisation sur un secteur, de choix idéologiques et politiques globaux.

Le contexte dans lequel nous nous trouvons en cette rentrée reste marqué fortement par la guerre en Ukraine et le développement de tensions et conflits à l’international : menaces chinoises sur Taïwan, raid israélien en Palestine, l’Afghanistan aux mains des Talibans, le droit à l’avortement remis en cause aux états unis, les évènements du Liban, etc.

Toutes ces situations qui peuvent, pour certaines d’entre elles, nous sembler éloignées ont un impact direct sur nos sociétés. La montée des nationalismes et des extrêmes droites en est un. Après l’extrême droite au pouvoir en Hongrie, en Pologne, on observe une montée au Chili, en suède, en Italie et dans d’autres pays sans oublier la France. Nous avons là un gros travail à effectuer parce que la dernière étude sur le vote des Fonctionnaires lors des élections montre que 20% des enseignants ont voté pour un parti de l’extrême droite. Même si l’on peut penser, pour se rassurer, qu’il ne s’agit pas d’un vote de conviction, déposer dans l’urne un bulletin « extrême droite » n’est pas un geste innocent…

On voit en ce moment ressurgir des pratiques et des instrumentalisations dont le seul but est de travailler les consciences sans recherche de vérité. J’en veux pour exemple le mouvement « Reconquête » de Zemmour qui appelle à former des groupes de parents dans toutes les académies pour surveiller et dénoncer tout ce qu’ils trouvent de scandaleux… mais c’est aussi la désinformation sur un fantasmé enseignement du genre à l’école qui refait surface…

Les fractures sociales, les difficultés à vivre, l’explosion des inégalités (Le 16ème baromètre sur la pauvreté et la précarité note une nouvelle dégradation pour les plus démunis) sont le lit sur lequel germe la colère, la recherche de boucs émissaires et font progresser les idées d’extrême droite.

Les crises que nous vivons ne sont pas vécues par tous de la même manière. Les « profiteurs de crise » comme on les appelle s’enrichissent toujours plus dans ces moments-là. Ces situations sont venues sur le devant de la scène avec la question des supers profits. Pour n’en citer que quelques-uns afin de mesurer l’ampleur de ce que ça veut dire : l’armateur CGA-CGM dont les bénéfices au premier trimestre ont atteint 7,6 milliards ; total avec 18,4 milliards, 5 pour Engie, 6,5 pour LVMH…

En 2021, les 150 plus grosses entreprises ont fait des surprofits de l’ordre de 80 à 90 milliards, 61 milliards pour celles du CAC 40… (pour rappel à titre de comparaison, le budget de l’EN est de 76 milliards avec les contributions aux pensions de l’Etat) et ce ne sont que des surprofits… de l’argent, il y en a !

Macron, appelé à taxer ces supers profits, ne peut plus les ignorer mais, pour finalement ne pas toucher aux pactoles des riches dont il estime qu’ils sont les moteurs de la compétitivité française, il feinte et louvoie en se retranchant derrière un accord hypothétique des 27 pays européens. Cette question est portée par la FSU avec le collectif Plus jamais ça (Alliance écologique et sociale) dans une campagne pour la taxation des super profits.

Depuis 2009 le patrimoine des milliardaires aura augmenté de 168% au royaume unis, de 170% aux USA, de 175% en Allemagne et en France de… 439% !

Pendant ce temps-là, la pauvreté et les difficultés sont de plus en plus vives pour la population qui prend de plein fouet une inflation qui pourrait atteindre plus de 8%. Les coûts des matières premières et de l’Energie explosent. Le gouvernement dans la logique libérale qui est la sienne refuse les augmentations générales de salaires et se cantonne à mettre des sparadraps sur les jambes de bois en distribuant quelques chèques pour aider les plus démunis. Sans cracher sur ces aides, elles ne sont que circonstancielles et insuffisantes. L’annonce de la « fin de l’abondance et de l’insouciance » est reçue comme une véritable gifle et ne fait qu’entériner un président hors sol, loin de la réalité que vit la très grande majorité des Français. L’effet positif, si on peut en trouver un, c’est que cela aura remis au cœur de l’action les organisations syndicales accompagnées par la réorganisation politique qui a vu un renforcement des forces d’opposition de gauche.

Cette nouvelle configuration des rapports de force politique et alors que Macron avait annoncé un changement de méthode, l’incite, faute de majorité absolue, à tenter de construire du consensus en dehors des instances représentatives et démocratiques. Il crée donc un nouveau « bidule » instrumentalisant l’acronyme du CNR. Ce Conseil National de la Refondation repose sur 5 thèmes : plein emploi, santé, école, transition écologique, grand âge. Si le consensus n’était pas trouvé à l’issue des discussions, le président a laissé la porte ouverte à la possibilité de référendum… Ce CNR sera décliné au plan local pour rester dans l’esprit des réformes du macronisme empreintes de libéralisation et de localisme de plus en plus marqué. Ça doit faire écho à ce qui est « en marche » au plan de l’Education avec des velléités de généralisation du projet marseillais… mais Coralie vous en parlera. On shunte donc les organismes institués : parlement, CESE… avec toujours cette même logique qui avait conduit par exemple au grand débat, à la convention citoyenne pour le climat ou encore le grenelle de l’éducation… La grande opération de communication à la mise en pace de ce CNR aura fait un flop terrible compte tenu du refus de participer de bon nombre d’organisations. Il n’en reste pas moins que si nous ne réussissons pas à tordre le cou aux débats locaux, il nous faudra probablement nous en saisir pour ne pas laisser la main à n’importe qui sur des questions qui nous concernent au premier chef. Cette question devra être débattue dans de prochaines instances.

Le premier acte du projet plein emploi du CNR est la réforme de l’assurance chômage. L’idéologie de Macron n’a ici pas changé : les chômeurs sont responsables de leur situation. Il y a du boulot mais ne le prennent pas, ils sont trop indemnisés pour rechercher activement de l’emploi… modulation du montant et de la période d’indemnisation en fonction de la conjoncture économique. Marché de l’emploi dynamique, baisse des protections ; récession augmentation. C’est une attaque forte de la protection sociale qui va connaitre très vite un nouvel épisode avec la réforme des retraites que le président veut accélérer pour une mise en œuvre à l’été 2023. Sur cette réforme des retraites, Macron veut accélérer la procédure pour une mise en œuvre dès 2023 quitte à la jouer par amendements dans le PLFSS pour s’éviter l’étude d’impact voire à passer par un 49.3. La logique n’a pas changé sur ses orientations : report de l’âge de départ à 64 ans, allongement de la durée de cotisation, renforcement du système surcote/décote pour en arriver à une baisse drastique des pensions.

En évoquant précédemment le climat, s’il est une crise qui n’aura échappé à personne cet été c’est bien celle-ci. Les sécheresses, les périodes caniculaires, les feux, les tempêtes ont ponctués notre été. Pourtant, une étude de l’OCDE montre que parmi nos concitoyens il existe encore une frange non négligeable de climatosceptique qui ne reconnaissent pas le caractère anthropique de cette crise. Le gouvernement face à l’augmentation des prix de l’énergie prend des mesures et passent des accords qui vont à contre-courant de la nécessaire transition écologique. Je pense notamment à l’accord entre l’Allemagne et la France, accord gaz contre électricité. La France craignant pour sa fourniture électrique cet hiver va échanger du gaz contre de l’électricité allemande, électricité produite en partie grâce à la réouverture de 27 centrales à charbon… D’un côté on demande aux français de baisser leur chauffage et de l’autre et participe d’une production de gaz à effet de serre importante… Toujours ce « en même temps » déplorable.

Gabegie écologique, atteinte des droits sociaux, droits des femmes niés, atteinte à la vie humaine, achat d’une image sur la scène internationale via ce qui s’appelle le soft power… on a l’organisation d’un évènement qui coche toutes les cases négatives, c’est la coupe du monde de football au Qatar ! vous avez à l’entrée de ce CDN un texte qu’il nous faudra peaufiner mais on a là l’occasion, tout en dénonçant cette organisation, de reposer nos mandats pour des évènements internationaux respectueux de l’écologie, des personnes, des droits. Il nous faut en profiter pour nous exprimer fortement sur cette question et nous en parlerons lors de nos débats notamment aussi en perspective des JOP de Paris et de l’héritage qu’ils laisseront à notre pays.

J’ai bien conscience de n’avoir que survolé le contexte mais je souhaite laisser place au débat. Mais avant de terminer et avant que Coralie n’y vienne spécifiquement, quelques mots sur l’Education.

Vous avez toutes et tous reçu la magnifique lettre de Macron qui depuis le nouveau gouvernement joue le rôle de ministre de l’Education. Dans cette lettre, sous couvert de lutte contre les inégalités, il écrit la chose suivante qui est de moins point de vue très révélatrice : « Cependant, il nous faut être lucide : notre système scolaire ne réduit pas suffisamment les inégalités de naissance, décroche dans les évaluations internationales, et suscite souvent la défiance. Trop d’élèves sont malheureux, ne trouvent pas leur place à l’école et ne trouvent pas leur voie ensuite ». Donc le système scolaire n’est pas efficace, il faut le réformer… Je souhaite attirer juste sur la logique poursuivie qui rappelle fortement ce qui a pu se passer à l’université. Nous sommes face à la mise en œuvre d’un « instrument de guerre » qui s’appelle le projet. Non pas le projet tel que nous l’entendons et que Macron a fait mine d’ignorer mais le projet mis à la sauce de son projet libéral pour l’Ecole. C’est le fameux exemple marseillais que l’on peut aisément accoler à la problématique des évaluations des écoles et établissements scolaires mais aussi du pacte enseignant à venir.

Chaque établissement va avoir à développer un projet, projet qui pourra bien sûr s’appuyer sur l’évaluation des établissements (servira de diagnostic) et qui nécessitera ou ouvrira à de nouvelles missions. Nous aurons donc du point de vue des structures (collèges et lycées), des établissements qui joueront le jeu et se verront attribuer quelques moyens et d’autres qui n’auront rien parce qu’ils n’auront pas fait de projet ou que ce dernier n’aura pas été retenu. C’est là le premier étage de la concurrence voulue. Le deuxième étage se joue sur le plan des personnels avec celles et ceux qui entreront dans le processus, signeront le pacte enseignant en acceptant des travaux supplémentaires et toucheront un complément de salaires. Ce sera le règne de la concurrence, de la compétition entre toutes et tous, le libéralisme ayant théorisé que c’était là le moyen d’augmenter l’efficacité et le développement de compétences.

Cet usage de la notion de projet en fait une arme contre le caractère national de l’Education et contre le statut des personnels. Allié à un recrutement via les chefs d’établissement des personnels qui répondent le mieux au projet avec le recours amplifié aux contractuels, tous les ingrédients sont mis en place pour une organisation du service public d’Education sur le mode privé. La difficulté à laquelle nous aurons à faire face sera celle de refuser massivement ce dispositif parce que, pour « sauver sa peau », chaque établissement, chaque enseignant risque d’entrer dans le système s’inoculant eux-mêmes le poison. C’est ce qui s’est passé dans l’enseignement supérieur, nous en prenons le chemin… Par ailleurs, et c’est là aussi une stratégie payante pour le gouvernement, les enseignants signataires du pacte qui vont voir leur taux de primes augmenter seront bien plus enclin à accepter la future réforme des retraites pour que ces primes entrent directement dans le calcul des pensions.

Introduction au débat Général, partie 2 (Coralie)

Toutes les réformes éducatives menées actuellement sont profondément, idéologiquement, libérales et visent à renforcer l’autonomie (système renforçant les inégalités) des établissements malgré un affichage inverse appelant au constat d’une école inégalitaire et au bon sens de chacun. Le bon sens près de chez soi c’est le contrat local qui sera au plus proche du terrain et pourra donc répondre au plus près aux difficultés locales, pour faire réussir les élèves. Mais qu’est-ce que le ministère met derrière la réussite ? Quel bilan fait-il de l’expérimentation de Marseille, quel bilan fait-on des milliers de projets des établissements établis et menés actuellement, ne sont-ils pas établis pour faire réussir les élèves ?

La réussite des élèves ne dépend elle pas des conditions de travail des enseignants qui font face à des effectifs de plus en plus nombreux ? de la formation des enseignants qui s’est vue amputée de compétences disciplinaires  au profit de connaissances transversales idéologiquement normées par l’institution (CMS, valeur de la République mais aussi numérique) ? des accompagnants dont on aurait besoin pour faire face aux élèves en situation de handicap ? du nombre de personnels recrutés en chute libre depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron avec en parallèle de nombreux contractuels non formés recrutés ?

Faire en sorte qu’un service public dysfonctionne pour le transformer et le privatiser est une stratégie bien connue. Quel meilleur moyen pour dessaisir les professionnels de leurs compétences, de leur dire que leurs élèves ne vont pas bien et que l’école est profondément inégalitaire. La direction prise par le ministère en imposant des évaluations d’établissement n’est qu’un poison de plus injecté à notre système : chronophage au détriment des élèves, pilotant l’apprentissage par les évaluations et dangereux puisque faisant rentrer dans ce dispositif de nombreux acteurs parents, élus etc. non professionnels de l’école et surtout de la pédagogie. Benoit a largement développé le principe de la contractualisation, dont les projets s’appuieront sur les diagnostics de l’évaluation.

E. Macron veut faire croire aux enseignants que la contractualisation réglera des difficultés liées à un contexte local en y attribuant plus de moyens et en y affectant des enseignants qui adhèrent au projet, mais elle ne va faire que renforcer les concurrences entre personnels et établissements. Désagréger petit à petit le cadre national, tordre le cou aux affectations classiques c’est assurer à moyen terme une déstructuration, une déréglementation complète de l’éducation nationale et pour ses personnels, la loi de la transformation de la fonction publique en est un point d’appui.

La question des salaires prendra toute sa place dans cette destruction progressive. Macron malgré quelques discours mielleux pour l’ensemble de la profession met toujours une petite touche sur les professeurs qui s’investissent plus que les autres et donc qui méritent plus que les autres. Ce sera une véritable question à régler auprès de nos collègues. Le mérite n’a jamais rendu plus efficace un système, il rajoute juste rancœur et concurrence entre les personnels, il sera nécessaire de rappeler que la matière grise que nous avons en face de nous, elle, mérite mieux que ça. Cette partie du plus de missions liées au pacte et au 20% est encore très floue, car il pourrait y avoir une partie des missions déjà rémunérées qui serait liée au pacte et donc qui n’aurait rien d’une revalorisation. Mais le pire c’est le flou entretenu pendant 6 mois sur l’augmentation de 10% inconditionnelle, cité à de nombreuses reprises par E. Macron, car nous en avons maintenant confirmation ces 10% comprennent la prime Grenelle, la prime informatique, et surement les 3,5% de revalorisation du point d’indice et ne sont en réalité qu’une moyenne et ne toucheront ni milieu ni fin de carrière. A part les 3,5% de revalorisation du point d’indice la grande majorité des profs ne verra rien de cette fameuse revalorisation. Le ministère estime aujourd’hui qu’on fait prof 10 ans, qu’il n’existe plus de vocations, pour cette raison il est nécessaire d’attirer pour un début de carrière, mais la suite leur importe peu, et la revalorisation sera surement prétexte à modifier la carrière en place aujourd’hui.

Le ministère n’est pas en manque d’idées et malgré toutes leurs assurances, nous n’étions pas dupes ainsi lorsque l’année passée ils autorisaient les profs de PLP à travailler en LGT ou en collège, cela présageait déjà d’une réforme de la voie professionnelle sur laquelle nous avions interrogée. Mais il ne fallait y voir aucune malice de leur part, nous étions de grands agitateurs et pourtant la transformation en profondeur de la voie pro va nécessairement entraîner des conséquences directes sur les postes des PLP. Et peut-être en EPS

A travers le projet de transformation de la voie professionnelle Nous pouvons aussi observer deux choses :

 -le premier élément très inquiétant c’est ce qu’affirme pap Ndiaye concernant le pilotage de cette réforme par la ministre déléguée chargée de l’Enseignement et de la Formation professionnels auprès du ministre du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion et le ministre de l’Education nationale et de la Jeunesse depuis le 4 juillet 2022. Le simple fait d’avoir nommée cette ministre est une vision qui laisse peu de doutes sur le sort qui sera fait aux connaissances générales et professionnelles, toujours plus d’apprentissage et d’alternance, toujours plus de formatage à l’emploi, d’employabilité pour répondre aux besoins immédiats d’un territoire ou d’un secteur d’emploi c’est ne pas accorder de vision émancipatrice à l’école. C’est enfermer les jeunes de la voie professionnelles dans des carcans dont ils auront du mal à sortir, mais Sigrid cette après-midi détaillera ce projet et donnera des perspectives

– On ne peut que mettre en lien la demi-journée avenir imposée en cinquième, qui vient rejoindre l’ensemble des signes convergents vers l’employabilité et une orientation précoce. L’instauration du stage de troisième avait et fait encore débat sur les inégalités engendrées par ce stage selon le milieu d’où l’on est issu et sur ces dérives. Instaurer une demi-journée en cinquième à la place des heures de technologie pour aller « découvrir les entreprises locales et les attentes » se place sur le même registre que les finalités de la nouvelle réforme de la voie professionnelle

Une vision toujours plus utilitariste de l’école au détriment des compétences professionnelles et des connaissances générales qui font la culture commune nécessaires à notre jeunesse pour une véritable émancipation.

Sur notre champ spécifique, la rentrée est marquée par plus ou moins 3 événements

Le premier que l’on pourrait croire le moins nocif car il ne touche que le premier degré pourrait se révéler beaucoup plus dévastateur que l’on ne pense. Alors que le temps effectif de l’EPS en primaire est de 2h15 contre 3 heures préconisées dans les programmes, que lors de la réforme du master MEEF 1er degré les horaires d’EPS ont été largement grignotées, le ministère pour répondre à un phénomène de sédentarité propose 30 minutes d’APQ par jour. Mais quel est l’objet d’apprentissage, d’enseignement de l’APQ surtout à la lecture de la circulaire dédiée dans laquelle il est écrit qu’il ne faut aucune logistique, cela ne rentre-t-il pas en contradiction avec la lettre de Macron qui parle « de généralisation de la pratique quotidienne du sport à l’école » par ce dispositif. Généralisée à la rentrée scolaire, l’APQ ne vise-t-elle pas à ancrer finalement une représentation a culturelle du sport sans objet d’apprentissage ?  A moyen ou long terme cela pourrait venir percuter directement l’enseignement de l’EPS dans le premier comme le second degré.

Le SNEP a été à l’offensive dès le mois de juin sur le dispositif 2 heures de sport au collège, mettant en avant les concurrences directes avec l’enseignement de l’EPS et de l’AS, et la superposition avec les sections sportives scolaires. Les différentes remontées dont nous disposons nous font craindre un affichage positif de ce dispositif au détriment de l’existant. Pour nous la seule réponse à la problématique posée du décrochage de pratique et de la sédentarité grandissante est l’augmentation du temps d’EPS à 4 heures.

La question des 2 heures de sport doit aussi venir compléter et interroger nos dernières analyses sur les programmes et les dérives auxquelles nous sommes confrontées volonté de « desportivisation », de déculturation, de renforcement des compétences méthodologiques et sociales, qui renforcent les inégalités.   APQ vs sport vs EPS doit on en rester à un simple constat que c’est un énième dispositif ou devons-nous y voir une philosophie bien plus dangereuse dans le contexte actuel ?

Début septembre nous avons dû faire face à la fermeture des piscines, phénomènes symptomatiques de plusieurs éléments : la libéralisation de l’énergie qui a rendu son cout exponentiel, les installations sportives gérées par délégation de services publics qui ne les voient qu’à l’aune de la rentabilité, le désengagement de l’état sur le financement des IS. Les fermetures de piscines entraînent des conséquences directes sur nos élèves, qui vont être encore privés d’apprentissage de la natation, après 2 ans de crises sanitaires. Elles viennent renforcer une fois de plus les inégalités territoriales déjà existantes. Mais surtout elles nous interrogent par rapport à la crise écologique que nous traversons, les installations sportives de manière générale véritables passoires thermiques, doivent absolument faire l’objet de rénovation et d’investissement par l’Etat, les conditions de travail des enseignants et d’apprentissage des élèves en dépendent. 

Je ne peux pas ne pas revenir sur l’évolution concernant la répression syndicale, collègues convoqués sans motif, collègues déplacés comme ce fut le cas à Saint Denis. Les suspensions au motif de la sérénité de l’établissement sont insupportables, les collègues qui sont animés par leurs convictions syndicales et qui siègent dans les différentes instances doivent pouvoir continuer de le faire sans cette menace. Le SNEP avec la FSU a un rôle important à jouer dans la défense de ces collègues et le management tel qu’il est appliqué doit être combattu. Encore une fois plus le statut sera attaqué plus le collectif y perdra, isoler et renvoyer chacun a de la responsabilité individuelle est dangereux pour toute la société.

Nous sommes aujourd’hui à un tournant de la conception de l’école et de ses enseignants. La loi de la transformation de la fonction publique a déjà commencé à produire de nombreux effets délétères sur notre profession, la réforme du baccalauréat, parcours sup sont des illustrations du système libéral et sélectif dans lequel le pouvoir en place cherche à plonger les élèves : système concurrentiel et inégalitaire où les reproductions de classes sont inévitables. Les responsables de l’école qui va mal ne sont pas à chercher chez les enseignants mais chez les présidents et ministres qui se sont succédé et qui ont supprimé des milliers de postes au cours des dernières années rendant ici et là les projets impossibles. La crise d’attractivité n’est qu’un prétexte pour dérèglementer encore un peu plus l’école : embauche de contractuels sans formation, revalorisation des salaires des plus jeunes et aplanissement de la carrière, développement de postes à profil avec recrutement par les chefs, rémunération au mérite avec le Pacte. Les projets à court et moyens termes sont bien de rendre caduque totalement le statut de fonctionnaire, et de leur faire appliquer les bonnes pratiques ! Sans développer la question des retraites est redevenue d’actualité et impactera de plein fouet les fonctionnaires à n’en pas douter.

Nous ne devons pas nous laisser submerger par ce contexte difficile, par les réformes qui passent en masse et en force comme celle de la réforme du lycée, nous devons nous convaincre et convaincre qu’il existe des alternatives et que la nouvelle configuration de l’assemblée peut nous y aider

Nous avons un enjeu majeur à mobiliser le 29 et après, sans mouvement majoritaire ils continueront d’avancer. Nous devons envisager les mobilisations les plus unitaires possibles, c’est une demande forte de nos professions, la FSU doit être force de propositions notamment dans le secteur éducation et envisager un temps fort éducation.

S’agissant de la marche du 16 octobre la FSU en a longuement débattu elle n’appellera pas spécifiquement mais elle travaillera à une expression commune avec la CGT et Solidaires. De nombreuses manifestations ont eu lieu ou vont avoir lieu grève et manifestations climatiques le 23, le 22 Hôpital + 21 marches pour la paix + 18 octobre grève voie pro

Quelle appréciation de la situation générale ? Quels sont les leviers de la mobilisation ?

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