CDN des 25 et 26 août 2022 – Introduction

Je ne ferai pas de topo traditionnel compte tenu du fait qu’il nous en faudra un un peu conséquent lors du CDNE dans quelques semaines. Cela évitera quelques redites même s’il nous faudra revenir sur plusieurs éléments. Ce qui va suivre n’est finalement que ce que moi j’ai pu retenir comme éléments marquants depuis notre dernière rencontre et des événements de l’Eté. Finalement au moment où les profits et les dividendes explosent, entendre le Président annoncer « la fin de l’abondance et de l’insouciance » donne la « saveur » de ce que nous allons vivre pendant ces 5 années à venir.

Je ne viendrai pas trop sur le contexte international bien que celui-ci impacte inévitablement le contexte national sur bien des aspects mais ce qui reste marquant c’est la continuité de la guerre en Ukraine, son lot d’exaction, de massacres, de menaces vives, de souffrance des populations avec, dans un univers mondialisé, des retombées désastreuses sur les économies (une inflation en France qui pourrait atteindre 10% selon certains économistes) et des retombées sociales. Mais c’est aussi le conflit en Israël et Palestine, en Chine autour de l’île de Taïwan…Sur un autre plan nous avons aussi les remises en cause des droits des femmes avec le droit à l’avortement attaqué aux états unis, leurs droits en Afghanistan sous le régime des talibans et la montée continue des extrêmes comme en Italie… L’obscurantisme ne régresse pas bien au contraire et le fanatisme est toujours vivace comme en témoigne la tentative d’assassinat de Salman Rushdi.

La première chose que tout le monde a pu ressentir cet été ce sont les effets sérieux du réchauffement climatique avec les épisodes de canicule, la destruction des écosystèmes, la menace de disparition d’espèces, le réchauffement des mers qui, on l’a vu, provoquent des épisodes orageux très forts comme en Corse.

Ces canicules ont été le théâtre d’incendies sans précédent qu’il soit criminel ou non. Mais ce qui est malheureusement remarquable c’est qu’on ne perçoit aucun changement de cap, de volonté forte de s’attaquer au problème des émissions de gaz à effet de serre, aux cultures et élevages intensifs etc. La seule chose observable est un Macron et son gouvernement qui se flatte de la flotte de canadairs en France mais qui est contraint de faire appel à l’aide internationale tant les moyens manquent là aussi. Une tribune du monde réclamant maintenant, à raison je pense un secrétariat d’état à la forêt comme il existe un secrétariat d’état à la mer. Au niveau de la population, j’ai le sentiment que la prise de conscience sur ces sujets franchit un nouveau cap et que les exigences portées par nombre de citoyens de plus en plus sujet à l’éco-anxiété comme l’ont nommée psychologues et médecins, se feront de plus en plus fortes.

Face à l’inflation galopante, le gouvernement a été dans l’obligation de mettre en œuvre une politique plus « sociale ». Ne nous leurrons pas, il s’agit de mesures socio-libérales dont l’objet reste de lisser les effets d’un libéralisme débridé en offrant une petite aide au plus fragiles. C’est l’adoption de la loi sur le pouvoir d’achat : prime Macron portée jusqu’à 6000 euros (x3) défiscalisés, +4% sur les aides sociales dont les pensions, +3,5% de valorisation de la valeur du point d’indice, chèque alimentaire de 100 euros… Nous sommes face au piège sur lequel j’appelais à la vigilance, celui de la question du « pouvoir d’achat » qui nie la question des salaires, des prix des biens de première nécessité, celui des carburants… Il semble que ces problèmes budgétaires, de nécessité de maitrise des dépenses… soit moins celui de l’Assemblée nationale qui dans le même temps augmente son budget de 8,2%. L’augmentation des primes et indemnités qui continuent de nous être vendues ne vise qu’à travailler l’acceptabilité de la réforme des retraites.

Maitrise des dépenses et bien sûr des dépenses publiques auquel appelle un nouveau rapport de la cour des comptes qui demande une nouvelle phase d’austérité avec une stabilisation de la masse salariale, une réforme des statuts des enseignants avec un retour en arrière sur le PPCR et les questions de GVT.

Dans les réjouissances annoncées, après le code du travail, Macron envisage une réforme du travail en se proposant de revisiter le temps de travail, une réforme du RSA, un développement de l’apprentissage et une réforme de la voie pro « pour que les jeunes aillent plus vite vers le marché du travail et mieux ». Cette annonce a lieu en plein Ubergate avec une entreprise qui fait 76 millions de bénéfices, ne paie quasiment pas d’impôts (3,3 millions) et méprise les droits du travail et les droits sociaux. Macron se justifie comme ayant été : « juste un ministre qui a fait son job en permettant à un groupe étranger d’investir en France et de fournir du travail dans les quartiers »

Dans l’Education

4000 postes sont non pourvus suite aux concours (sur 27332 postes offerts privé+public). Le taux de contractuels selon le ministère se porte à 1% dans le primaire et à 8% dans le secondaire. Des procédures ont été mises en place pour y palier, toutes plus affligeantes les unes que les autres et méprisantes pour notre métier : recours aux contractuels (MEN : « les contractuels sont un élément de réponses en attendant le choc d’attractivité »), job dating, brigade de remplacement numérique dans l’Est ou encore chez moi un projet « oasis » primé par le ministère qui consiste à avoir un bus qui va à la rencontre des élèves pour faire cours…), appel aux retraités. Les questions des recrutements, de la formation et de l’entrée dans le métier doivent plus que jamais être au cœur de nos réflexions et de nos combats surtout quand on entend qu’il y aura dorénavant une formation en ligne sur Canopé pour tous les nouveaux enseignants…

Dans le cadre de sa réforme du travail, comme je l’ai dit, Macron veut s’attaquer à une réforme dans la voie professionnelle. Les lycées professionnels sont clairement dans le viseur et les risques sont monumentaux pour leur avenir. Carole Grandjean, ministre déléguée et son cabinet sont dorénavant placés sous la double tutelle du ministère de l’Education nationale et celui du travail. Cela annonce la fin d’une formation ambitieuse et émancipatrice au profit d’une adéquation renforcée aux nécessités immédiates du monde du travail. Ce « jeu » avait été entamé par la mise en avant tous azimut de l’apprentissage comme lieu privilégié pour apprendre un métier. Le taux d’apprentis dans le second degré atteint maintenant 15,7% soit 834 100 apprentis fin 2021 dont 354 400 dans le secondaire et est appelé à se développer. Le « cap » de Macron est l’égalité dans chances mais dans un triptyque Ecole, Formation, Emploi.

Sur une anecdote, histoire de sourire même si ce sourire sera vert et dégoûté, Jean Michel Blanquer et Caroline Pascal obtiennent la légion d’honneur pour service rendu… quand on voit les premiers résultats, on peut s’interroger puisque, bien que les certifications soient de plus en plus localisées et ne représentent finalement plus le niveau réel des élèves, le DNB perd 0.6 point à la session de juin et le Bac 3 points sur cette même session.

Le fameux CNR (Conseil National de la Refondation) voulu par Macron et un temps reporté aura finalement lieu et une première réunion doit se tenir le 8 septembre. Nul doute ici aussi que les pires choses seront sur la table…

Sur le plan de l’EPS

Les deux heures de sport supplémentaire au collège et la généralisation des trente minutes au primaire font l’objet de paragraphe dans la circulaire de rentrée. Si on peut bien sûr partager la nécessité d’augmenter les temps de pratiques physiques (ce qui correspond à notre revendication), c’est quand même l’objet de notre campagne, les solutions apportées ne sont pas les bonnes.

Placés dans une visée d’héritage immatériel des JOP de Paris, ça montre la pauvreté de la vision de la pratique physique dans un contexte scolaire. De plus, ce contexte JOP se trouve déjà bousculé : manque de personnels (SO), image dégradée de la France avec les évènements du stade de France, budget qui semble en passe d’être dépassé…

Au côté de ces dispositifs qui implique des intervenants extérieurs de plus en plus nombreux, d’autre dispositifs se mettent en œuvre, mettant de côté les enseignements disciplinaires et leur évaluation au profit de passeport, de compétences etc. En disant cela je pense par exemple au passeport Educfi (avec la banque de France) au collège, Educdroit au lycée…

Il y aurait beaucoup à dire notamment au regard de ce qui nous attend avec le CNR la réforme voie pro, la réforme de l’Education prioritaire, les projets autour de la mobilité etc.

Je voudrais juste terminer pour qu’on en débatte et qu’on arrête des décisions interne. Sur proposition de la CGT, un mouvement interprofessionnel se construit autour des questions salariales le 29 septembre, question des salaires que nous devons continuer à porter fortement tant les 3,5% d’augmentation de la valeur du point d’indice sont indigentes. Une nouvelle interpro aura lieu le 5 septembre.

Le deuxième temps sur lequel il nous faut également un mandatement concerne une initiative pour la construction d’un mouvement social (« marche contre la vie chère » slogan qui pour l’heure ne fait pas accord) le dimanche 16 octobre a priori. Cette proposition qui émane initialement de la coalition NUPES est encore en négociation pour d’une part arrêter l’arc et l’appel. Les problématiques sont toujours les mêmes : appel politique au départ avant même d’envisager une co-construction. Ces négos rassemblent CGT, Solidaires, FSU, Conf paysanne, orgas de jeunesse, associations, partis politiques (NUPES, NPA). Une prochaine réunion aura lieu le 12 septembre.

Si ces mobilisations peuvent sembler nécessaires à tout le monde, il faut bien mesurer les choses avant toute décision : temporalité, capacité de mobilisation, justesse des revendications… Par ailleurs il nous faut aussi avoir en tête que nous devrons garder des forces pour se mobiliser lors de la réforme des retraites, la réforme du travail, celle de l’assurance chômage et nos problématiques, revendications, mobilisations propres (Fonction publique, Ecole, EPS, sport…) en cours et à construire.

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