Par Coralie BÉNECH
Le combat pour le budget est un combat d’avenir
Le SNEP-FSU partage un certain nombre de constats établis par les rapporteur·es de la convention citoyenne : effectifs de classe trop élevés, inégalités, temps d’écran trop important, offre culturelle et sportive insuffisante mais conteste les solutions, notamment celle concernant l’organisation du temps scolaire, qui comprend une vision erronée des savoirs opposant théorie et pratique, comme de la réalité de sa mise en œuvre.
La convention sur les temps de l’enfant part d’un constat partagé sur la question de la fatigue des enfants et d’une volonté (non affichée) de Macron de réduire les vacances scolaires. Dans le rapport établi par les citoyen·nes tiré·es au sort, il n’est nulle part fait référence à tout ce qui a pu ces dernières années fortement impacter les emplois du temps et l’état physique et mental des élèves entre réformes et manque de moyens. La question des effectifs par classe est une question centrale pour les conditions d’apprentissage et la réussite des élèves, ainsi étudier dans une classe à 35 ou à 25 en lycée ne nécessite pas la même concentration. Tant que cet obstacle ne sera pas levé, les modalités d’enseignement et d’apprentissage ne permettront pas la réussite de tous·tes.
Depuis 2017 réformes et évaluations sont venues envahir le système éducatif imposant aux élèves une pression permanente entre évaluations nationales, contrôle continu au baccalauréat, choix de spécialité, groupes de niveaux, tout en venant impacter les emplois du temps de manière négative. Sur les emplois du temps une des conséquences s’avère être l’empêchement de participer aux activités de l’association sportive ! Les rapporteur·es de la convention citoyenne louent le bénéfice des activités sportives, mais ne font jamais référence à l’existence des AS ou aux 1,2 million de licencié·es à l’UNSS, ou encore à l’EPS comme discipline permettant de réduire les inégalités dans l’accès à la culture des APSA.
Toutes les études actuelles, comme les expériences à l’étranger, montrent que plus le temps scolaire diminue au profit d’un temps libre, plus les inégalités sociales, de genre et territoriales augmentent. En Allemagne, système vanté avec cours le matin et activités l’après-midi, est observé actuellement un revirement au vu des constats réalisés : de nombreux länder reviennent sur la libération des après-midis. Cette organisation ayant fait la preuve que les enfants issus des familles de catégories socioprofessionnelles (CSP) favorisées y avaient majoritairement accès, alors que les enfants issus des CSP défavorisées restaient chez eux. Cette organisation, où le temps libre est mis en avant est aussi défavorable aux femmes qui s’organisent en travaillant à temps partiel, comme le prouvent les études récentes réalisées au Japon. De même que toutes les dernières expériences françaises ont montré que plus les parts de financement laissées aux collectivités étaient importantes, plus les inégalités territoriales augmentaient au regard du profil de certaines communes. Le SNEP-FSU continue d’affirmer que le temps scolaire est le vecteur le plus important dans la lutte contre les inégalités, nos revendications de 4 heures d’EPS pour tous et toutes, d’une section sportive par établissement ou encore du doublement de la subvention vont dans le sens de la lutte contre les inégalités et de l’augmentation de pratique physique.
Il nous parait aussi essentiel de revenir sur la mise en œuvre. Aujourd’hui les établissements scolaires négocient au quart d’heure près les installations sportives, les créneaux piscine, au-delà de la question de la vision de l’école générée dans ce rapport, la question organisationnelle est juste impossible, les équipements sportifs structurants manquent cruellement et ne permettent pas la pratique de tous et toutes les élèves sur les seules après-midis.
Dans ce rapport, le modèle d’école proposé s’oppose à l’école émancipatrice et démocratique voulue par le SNEP-FSU. Moins de temps scolaire, moins d’exigences sont toujours défavorables aux enfants issus des milieux populaires. La dichotomie théorie/pratique est une aberration pédagogique et révèle une profonde méconnaissance des apprentissages et des conditions nécessaires à la réussite. Cette vision signifie également qu’en EPS, par exemple, il n’y aurait donc pas d’apprentissages théoriques ? Ou qu’en mathématiques il faudrait dissocier le cours de l’exercice ?
Au-delà des apprentissages des élèves, le rapport ne propose, ni plus ni moins, qu’une disparition de l’EPS obligatoire et une animation sportive faite par des intervenant·es extérieur·es, prenant le risque d’une rupture dramatique de l’unité du service public d’éducation.





