Par Sylvain QUIRION
Avec près de 4 000 réponses issues de la moitié des établissements du second degré en France, les résultats de l’enquête « Gymnase Score » dressent un constat sans appel.
Les enseignant·es d’EPS se sont fortement mobilisé·es et ont pleinement investi cet outil pour évaluer leurs conditions d’enseignement. Mais une fois le diagnostic posé, la mobilisation syndicale ne s’arrête pas là : elle doit se poursuivre pour que chacun·e soit acteur·rice de l’amélioration de ses conditions de travail.
Des résultats inquiétants
L’enquête fait émerger quatre tendances majeures :
- 50 % des établissements obtiennent une note D ou E
- 81 % des gymnases sont classés C, D ou E
- Près de 700 collèges, soit 13 %, n’ont pas accès à une piscine (environ 450 000 élèves concerné·es)
- Plus de la moitié des établissements ne disposent que d’un seul gymnase
Ces données confirment les constats déjà portés par de nombreux rapports : les équipements sportifs sont insuffisants, souvent vétustes, et cela creuse des inégalités territoriales profondes. L’accès aux équipements est étroitement lié aux inégalités sociales et culturelles, en particulier dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) et dans les territoires ultramarins.
Pour une politique sportive ambitieuse et équitable
Le SNEP-FSU défend une EPS ambitieuse, par la transmission d’un savoir ancré dans les APSA. Pour cela, des installations de qualité sont indispensables. Elles sont déterminantes pour donner envie aux élèves d’entrer dans les apprentissages et surtout d’y rester. Multiplier les équipements sportifs et les piscines sur l’ensemble du territoire (urbain comme rural) serait un signal fort de la volonté politique d’agir pour l’égalité. Offrir enfin à celles et ceux qui ont si peu, ce serait construire un véritable héritage social et éducatif durable. Parce que les équipements sportifs créent du lien social et participent du dynamisme d’une ville, d’un département ou d’une région, les collectivités, ont tout intérêt à se saisir de ce sujet.
Les équipements sportifs sont insuffisants, souvent vétustes, et cela creuse des inégalités territoriales profondes.
L’État doit prendre ses responsabilités
Le principal enseignement de l’enquête « Gymnase Score » est clair : les inégalités d’accès à l’EPS doivent être résorbées. Pour le SNEP-FSU, l’État doit prendre sa part en adoptant par exemple une loi de programmation dédiée à la construction et la rénovation des équipements sportifs. Une telle mesure permettrait de pérenniser l’héritage des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, tout en répondant aux enjeux écologiques, énergétiques et économiques. Elle éviterait aussi que les collectivités les plus fragiles ne soient laissées seules face à ces défis.
Le décret tertiaire de juillet 2019 fixe un objectif ambitieux : rendre 80 % des gymnases et des piscines plus sobres en énergie d’ici 2030, notamment ceux construits avant l’an 2000. Le SNEP-FSU demande des rénovations et constructions massives, conformes aux normes environnementales et pensées pour un usage fonctionnel et durable.
Agir collectivement, maintenant
Le SNEP-FSU appelle donc à poursuivre et intensifier la mobilisation, auprès des collectivités comme de l’institution. Chaque enseignant·e peut faire connaître les résultats de l’enquête, interpeller les décideur·euses et revendiquer une amélioration des conditions d’enseignement de l’EPS, partout sur le territoire.
L’égalité d’accès à une EPS de qualité ne peut attendre.