Retour de J&S dans le droit commun ? la mission de l’IG

Par Catherine DE NADAI

5 ans après le passage de Jeunesse et Sports à l’Éducation Nationale : bilan et opportunités d’un « retour au droit commun » de l’administration territoriale de l’Etat, avec le repositionnement des DRAJES et SDJES sous l’autorité des préfets !

Le SNEP-FSU, auditionné le 12/12/25 par l’Inspection Générale, a rappelé ce que les personnels J&S dénoncent depuis des mois : l’intégration à l’Education Nationale est un projet conçu hors-sol, administrativement bricolé, politiquement vide. Mais envisager aujourd’hui une réorganisation administrative est socialement inacceptable.

Alors que le secteur traverse une période de contestation inédite – boycott répété des CSA ministériels, audience auprès du cabinet du Premier ministre -, les inspections générales de l’Administration (IGA) et de l’Education, du Sport et de la Recherche (IGESR) prétendent évaluer « objectivement » une réforme dont elles sont elles-mêmes parties prenantes.

Depuis plus de 20 ans, notre champ professionnel est ballotté entre ministères, au gré des arbitrages politiques. À chaque changement de périmètre, ce sont les mêmes coûts humains, organisationnels et symboliques : devoir ré-expliquer nos métiers, ré-accculturer des hiérarchies qui découvrent nos missions, absorber des décisions prises sans nous. Si nous avons, à l’époque, défendu l’idée d’un pôle éducatif, ce n’était ni pour se diluer, ni pour devenir un simple appendice du système scolaire, mais pour sécuriser nos missions et notre périmètre. Aujourd’hui, l’acculturation que l’Education Nationale prétend mener est un échec cinglant.

Les constats remontés à l’Inspection Générale sont accablants : disparition de la visibilité de nos services, locaux fermés à certaines périodes ou inaccessibles, identité numérique effacée, organisation chaotique (flotte de véhicules, remboursements, formations…), et surtout un mépris persistant vis-à-vis de nos statuts. Partout, le régalien écrase nos autres missions, les agent·es administratif·ves sont traité.es de manière inégale, le management est défaillant, le dialogue social local indigent. Le refus du guichet unique de transposer aux PTP J&S les mesures relatives aux carrières des enseignant·es de l’EN (pour accéder plus facilement à la hors classe et à la classe exceptionnelle) a mis le feu aux poudres : un signal clair qu’on ne veut ni reconnaître notre expertise ni respecter notre histoire.

Face à cela, notre mandat syndical est ferme. Nous exigeons le maintien de l’unité Jeunesse et Sports, avec des personnels J&S – CEPJ, CAS, CTS, formateurs, IJS et personnels administratifs – affecté·es au sein de structures régionales solides, avec des unités départementales, et de CREPS pleinement reconnus. Nous réaffirmons l’originalité et la richesse de notre ministère : un modèle républicain unique, capable d’accompagner, former, certifier, prévenir, entraîner, mettre en réseau, évaluer, contrôler, … Autant de compétences que l’Education Nationale n’a jamais su, ni voulu, intégrer.

Nous demandons également la suppression des agences – à commencer par l’Agence Nationale du Sport – qui complexifient inutilement notre action, ainsi que le renforcement des moyens humains, financiers et matériels pour exercer nos missions. Enfin, la double tutelle rectorat/préfecture doit être maintenue : la complexité est notre ADN, pas un obstacle.

L’Inspection Générale voulait mesurer l’état des lieux ? Elle l’a désormais : un système à bout, une réforme inaboutie, et des personnels déterminés. En attendant des jours meilleurs, nous continuerons à défendre ce que Jeunesse et Sports apporte d’irremplaçable au service public. Parce que notre ministère vaut mieux que ce qu’on en fait aujourd’hui.

PARTAGER
IMPRIMER

Nos lecteurs aiment aussi...