Monsieur le Ministre
Nous saluons votre présence et une certaine forme de courage dans le contexte.
Au lendemain d’un CSA MEN boycotté par nos homologues, ce CSA MJS se tient le jour où 2 motions de censure contre le gouvernement vont être examinées à l’Assemblée Nationale et à la veille d’une mobilisation nationale de la fonction publique pour dénoncer les attaques massives dont elle fait l’objet depuis plusieurs années et qui ont été accentuées ces dernières semaines.
Pendant que ce gouvernement s’englue à construire un budget qui préserve les avantages et intérêts des nantis et privilégiés, et flatte une extrême droite devenue l’arbitre de sa survie, les services publics ne tiennent que par l’engagement de leurs agent.es et non par leur absentéisme.
Aussi, en préambule nous vous le disons : c’est « ni 1, ni 2, ni 3 jours de carence mais bien 0 » pour lequel nous descendrons dans la rue demain, ainsi que pour défendre aussi toutes les revendications que nous portons depuis trop longtemps déjà, comme par exemple :
- la revalorisation du point d’indice,
- un régime indemnitaire qui respecte toutes les missions et les collectifs de travail (fin du RIFSEEP),
- l’abrogation de la réforme des retraites,
- une formation initiale et continue efficiente,
- le doublement immédiat de la participation à la protection sociale complémentaire
- ……
Mais nos revendications ne s’arrêtent pas à ces éléments corporatifs essentiels sur lesquels nous reviendrons plus tard, elles concernent tout notre secteur d’intervention à qui il est promis des coupes budgétaires allant à l’encontre des urgences sociétales :
Pour la jeunesse et l’éducation populaire :
Les associations d’éducation populaires sont nos principaux partenaires et vont être les principales victimes de votre projet de loi de finances.
Nous nous associons au communiqué de presse du 15 novembre de Hexopée-Elisfa-FONJEP qui vous rappelle les difficultés de recrutement dans le champ de l’éducation populaire, du lien social et familial, du sport et du tourisme social, de l’habitat et du logement. Les résultats de l’enquête qu’ils ont menée sont inquiétants pour l’avenir et rappellent l’urgence de maintenir le volume du soutien de l’Etat, tant directement que par le truchement du budget des collectivités territoriales. Ils soulignent également la nécessité de réévaluer le montant des postes FONJEP. Le fait que les emplois dans ces secteurs soient en majorité féminin et déjà précaires montre bien quelles sont les cibles privilégiées dans la manière de conduire les politiques publiques. Le Service National Universel (SNU), une année de plus ! L’échec de ce dispositif ne peut pas être imputé aux agent.es J&S, mobilisé.es en masse, ni aux hiérarchies complices, dont c’est devenu l’alpha et l’oméga des priorités de leurs services. Cet échec est dû au projet lui-même, impensé tant dans ses objectifs, sa conception, sa mise en œuvre que dans son financement. Le SNU n’a tenu ce temps que par l’obstination de quelques-uns prêts à tout pour booster leur carrière et/ou gagner en bonification indemnitaire. Vous avez enfin l’honnêteté de reconnaître ce qu’un grand nombre d’entre nous disait tout haut ! Il est temps d’annoncer officiellement la fin de ce dispositif et de préparer un plan pour la jeunesse, accompagné de mesures pérennes.
Un autre communiqué de presse nous a alerté : celui des 8 réseaux d’associations pour l’insertion par l’activité économique, qui vont eux aussi subir les méfaits de vos orientations budgétaires et dont les jeunes seront les premières victimes. Le service civique ne peut pas être une réponse aux difficultés des jeunes en matière d’emploi. Et les méthodes brutales observées hier face aux lycéens parisiens ne sauraient être une réponse à leurs inquiétudes sur l’avenir.
Enfin, la continuité éducative est devenue le nouveau gadget « sémantique » qui mériterait d’être incarné dans des orientations précises, avec des moyens afférents tant en personnels (PTP) qu’en crédits d’intervention qui ne se résument pas aux colos apprenantes.
Pour les politiques sportives
Nous ne reviendrons pas ici sur les bilans des JOP. Le bilan des plans de maintien de l’activité et de la mobilisation des personnels que vous nous avez transmis est pour le moins succinct. Nous n’avons aucune lisibilité sur le type de missions qui ont été valorisées à l’occasion de ces jeux, ni quels étaient les indicateurs précis. Nous n’avons pas non plus la liste des départements et régions concernées, pour nous assurer d’un traitement équitable.
Nous continuons de dénoncer la structuration de la politique du ministère et la présence de l’ANS dans le paysage. Elle n’a pas démontré sa plus-value, alourdit la charge de travail des personnels J&S, et vient brouiller les communications institutionnelles.
Nous continuons à revendiquer, comme dans le secteur jeunesse, des crédits d’intervention qui soient à la main des agents pour développer, accompagner, et soutenir les partenaires sur les territoires.
Nous militons pour une véritable loi d’orientation et de programmation, ambitieuse et respectueuse des engagements et discours répétés depuis tant d’années sur les bienfaits du sport et l’indispensable héritage des JOP de Paris.
Enfin, alors qu’il est déjà trop tard pour les diplômes jeunesse, nous vous redemandons de stopper la réforme en blocs de compétences des diplômes J&S du champ « sport », qui se conduit à marche forcée en faisant fi des expertises des agent.es du ministère mais surtout en niant les spécificités des métiers auxquels ces formations seront sensées former.
Sur les missions d’inspection/contrôle/évaluation dans le champ de la jeunesse et des sports, la FSU est attachée au respect des statuts qui renvoient à des missions associées. Le ministère doit cesser ses injonctions à l’encontre des personnels J&S qui ont été formés et recrutés pour exercer des fonctions techniques et pédagogiques. Les profs de sport et les CEPJ ne sont ni des policiers, ni des inspecteurs J&S. A chacun.e son rôle
! La sécurité des mineurs est une priorité, certes, mais imposer à tous les PTP J&S de contribuer à une politique
du chiffre totalement hors sol n’est pas la solution.
S’agissant des sujets relatifs aux carrières et rémunérations des personnels J&S, en lien avec l’ordre du jour de ce CSA, nous les développerons plus tard dans la réunion.
Nous tenons toutefois à vous alerter sur le RIFSEEP, ce régime indemnitaire injuste et inadapté, dont la mise en œuvre dans le périmètre J&S met en lumière le manque de transparence et les iniquités territoriales.
S’agissant des carrières, comme nous vous l’avons dit en bilatérale, nous sommes toujours en attente de la transposition à nos corps PTP des mesures de revalorisation et de fluidification des carrières obtenues par les enseignant.es de l’Education Nationale. Et nous vous alertons sur le fait que les raisons qui avaient contribué à l’expression d’un vote unanimement défavorable des représentant.es des personnels J&S sur les « LDG carrière » l’an dernier sont toujours d’actualité, malheureusement.
Enfin, s’agissant de l’égalité femmes/hommes, nous rappelons que la FSU a toujours œuvré pour porter des revendications fortes pour améliorer la vie professionnelle des agentes, les protéger des violences sexistes et sexuelles au travail et éradiquer les inégalités de salaire et de carrière. Si ce n’est déjà fait, nous vous invitons d’ailleurs à prendre connaissance de notre courrier du 28 juin 2024 et des 11 mesures à mettre en œuvre dans nos ministères.
Pour le reste, nos précédentes déclarations en CSA MJS restent valables.
Merci de votre attention.