2 exemples :
– Parcoursup : le cheval de Troie de la colonisation de l’ESR
– Entrisme du privé : un exemple avec la duplicité du MESR
Parcoursup : le cheval de Troie de la colonisation de l’ESR
Par Pascal Anger
Le MESR vient de publier son bilan annuel de la session 2024 de Parcoursup : https://www.enseignementsup-recherche. gouv.fr/fr/media/34766
Les chiffres du MESR donnent quelques faits qui parlent d’eux-mêmes et politiquement significatifs :
Plus de 30 % d’une cohorte qui est exclue et disparait des radars, pour devenir et faire quoi ?
- 86,7 % des 945 500 candidats·es ont reçu au moins une proposition. Déduction de notre part, 125 751 candidat·es (1) n’ont rien eu ! Que sont-ils/elles devenus·es ? Aucune réponse.
- 819 749 candidat·es ont reçu au moins une proposition (sur leurs 10 vœux non hiérarchisés) et 650 000 ont accepté. Nouvelle déduction 169 748 candidat·es (2) n’ont pas accepté la proposition. Que sont-il/elles devenus·es ?
Soit au total (1+2) 295 500 candidats·es (31% des candidats·es de départ) qui font quoi maintenant ? Aucune réponse.
Il est irresponsable politiquement de ne pas savoir ce que font ces disparu·es de Parcoursup et de ne pas s’en occuper. C’est un gâchis social qui coûtera cher à la société.
Autre fait marquant :
40,2 % des formations proposées sur Parcoursup sont privées. C’est une augmentation de l’offre du privé de 86,3 % de 2020 à 2023 ! Quand l’offre du public ne croît que de 15,3 % sur la même période (CQFD) ! Rappel : plus de 26 % des inscrit·es en 2023 le sont dans l’ESR privé (+ 60 % depuis 2015 et exponentiel depuis 2020).
Enfin, le sentiment de stress et de solitude pour nombre de jeunes et de familles ne cesse d’augmenter. Réponse du MESR : créer une plateforme d’entrainement pour limiter le stress… CQFD
Entrisme du privé : un exemple avec la duplicité du MESR
Par Gilles Renault
L’ILEPS est un institut de formation privé en STAPS, implanté à Cergy et rattaché à l’institut catholique de Paris. Elle est une composante de l’université publique Cergy Paris Université.
Ce statut est unique en France dans le domaine des STAPS. (L’IFEPSA à Angers n’est pas rattaché à l’université d’Angers mais bien à l’université catholique de l’ouest [UCO])
Les frais de scolarité à la charge des étudiant·es et des familles sont supérieurs à 5 000 euros par an en licence et master. Ce coût induit des conditions d’étude et de recrutement n’ayant rien à voir avec celles d’une université publique.
Le statut hybride de l’ILEPS l’autorise à recruter des enseignant·es et des enseignant·es chercheur·es par Galaxie, la plateforme de recrutement de l’université publique.
La dernière fiche de poste de professeur·e agrégé·e a particulièrement attiré notre attention.
Il est demandé à l’enseignant·e d’EPS de couvrir des enseignements uniquement en sciences de l’intervention. Il n’y a aucune référence aux APSA dans la fiche de poste. Ce n’est pas le cœur de métier d’un·e enseignant·e d’EPS en STAPS dont la réflexion porte sur l’apport des sciences dans la motricité et les APSA.
Ce type de poste est rare mais il existe dans les universités publiques. Nous recevons des collègues englué·es dans ce type de poste, usé·es par les 400, 500 ou 600h de TD demandées, en souffrance après quelques années à tenter de faire vivre seul·e la formation en sciences de l’intervention ou en sciences humaines et sociales dans un STAPS.
La fiche de poste exige également de prendre en responsabilité un niveau de formation. Ce n’est pas dans les obligations réglementaires de service des ESAS. C’est aussi fréquent dans les annonces de poste des universités publiques. Cela n’en fait pas une obligation pour l’enseignant·e recruté·e.
Mais l’ILEPS va plus loin dans sa fiche de poste. Il est aussi demandé à l’enseignant·e de « réaliser des activités de recherche » alors qu’il/elle est recruté·e sur un temps plein d’enseignement avec des responsabilités pédagogiques.
Vous prendrez bien un peu de recherche, la nuit, le week- end, l’été ?
Nous tenions à dénoncer ici et vers le MESR, les statuts hybrides privé-public permis par l’autonomie des universités, les libertés prises avec les statuts des « ESAS » affecté·es à l’université, les exigences démesurées de l’établissement privé envers un·e enseignant·e. Nous sommes pour le moins surpris que la facturation de frais de scolarité importants aux étudiants·es ne permette pas de préserver les conditions de travail des enseignants·es.