CDNE des 18 et 29 septembre 2025 – Introduction

Comme de tradition sous la macronie, nous ouvrons une instance nationale à la veille de l’installation d’un nouveau gouvernement… Depuis que Macron a accédé au pouvoir nous en sommes au 7ème gouvernement soit quasiment un gouvernement par année et autant de ministres de l’Education. Preuve s’il en était que la politique et la manière de la conduire sous sa férule sont massivement rejetées. C’est ce qui fait le cœur de l’actualité française et on y reviendra mais on ne peut commencer sans évoquer, à la veille de la journée internationale pour la paix du 21 septembre, la situation internationale qui, loin de s’apaiser, gagne en tension de jour en jour. Tensions générées par quelques puissances expansionnistes avec des volontés de domination sur le monde. C’est un Trump qui tente de mettre toutes les nations au pas en jouant sur l’économique par l’imposition de taxes ubuesques et qui dans le même temps soutient inconditionnellement Netanyahu dans sa guerre en Palestine parce qu’il y trouve intérêt. C’est un Netanyahu qui, au prétexte d’éliminer le Hamas attaque sur le sol du Qatar à l’ouverture du sommet arabo-islamique, c’est Poutine dans l’agression qu’il mène en Ukraine et provoque l’Otan en attaquant sur le sol Polonais… Il est à noter en ce moment le développement de mobilisations d’une partie du peuple Israélien qui conteste la politique va-t’en guerre et réclament la fin de la guerre à Gaza et le retour des otages.

Si ces deux conflits font les unes de l’actualité, il ne faut pas occulter qu’il existe à travers le monde de très nombreuses guerres qui font d’innombrables victimes dans les populations civiles. Pour les citer rapidement, une guerre fait rage depuis 2023 au Soudan avec près de 6 millions de personnes déplacées et une crise humanitaire, une guerre civile au Yémen avec 300 000 morts, en Birmanie après un coup d’état militaire plus de 13 000 enfants morts, une guerre civile en Somalie, au Burkina Faso, en Syrie, au Nigéria, au Sahel. Au total les victimes qu’elles soient contraintes de se déplacer ou tuées lors des combats se comptent en million et montrent une flambée des niveaux de violence partout dans le monde.

Ces conflits alliés souvent avec des difficultés socio-économiques, faisant face au réchauffement climatique, génèrent des déplacements de plus en plus conséquents des populations et l’espace européen est souvent perçu comme une sorte d’Eldorado. Ces mouvements d’une partie de ces populations vers l’Europe, qui ne sont pas aussi démentiels que l’extrême droite voudrait nous le laisser à penser, nourrit des discours de plus en plus xénophobes et permet le développement des thèses les plus nauséabondes qu’il nous faut combattre.

On pourrait penser que cette situation internationale est éloignée des préoccupations qui devraient être les nôtres et que les liens entre ce que nous vivons et cette situation ne sont qu’une construction théorique mais ce serait faire fi du fait que la France est engagée dans ce contexte géopolitique et que cela a un impact sur nos vies quotidiennes et nos conditions de travail. Ce lien qui pourrait paraitre ténu peut être assez facilement mis en lumière par exemple avec le projet de budget Bayrou. Comment expliquer la volonté de faire entrer le pays dans une économie de guerre sans évoquer ces conflits ? Comment expliquer le recul diplomatique ? Montée du complotisme, montée des extrêmes, rejet du politique, violence sociale… tout se nourrit d’un contexte anxiogène qui génère peur et incertitude en l’avenir.

La lourde atmosphère produite se démultiplie par une absence de projet politique qui prenne en compte les aspirations des citoyens et Macron, engoncé dans un néolibéralisme exacerbé et accro d’une politique de l’offre qui a depuis très longtemps montré ses limites, reste campé sur ses positions en refusant d’entendre les urnes, l’expression des citoyens. De gouvernement en gouvernement, ils nomment les mêmes afin que des changements de tête ne naisse pas de changement de cap politique. On assiste donc à des jeux de chaises musicales sans aucune majorité parlementaire. Il ajoute ainsi de l’instabilité à l’instabilité… Quel avenir pour le prochain gouvernement ? Si Bayrou n’a pas obtenu le vote de confiance de l’assemblée et a donc fait chuter le gouvernement, son projet de budget est toujours sur la table. Lecornu a bien ôté de ce projet le hochet des deux jours fériés mais l’austérité promise reste en discussion. La suppression de 3000 fonctionnaires, la programmation du non remplacement d’un fonctionnaire sur trois partant à la retraite, les 5 milliards repris aux collectivités territoriales (qui nous impactera directement), l’année blanche pour les fonctionnaires, l’attaque sur les protections sociales, les retraités, les baisses de budget des ministères dont celui des sports déjà quasi inexistant, du travail, de la solidarité, de l’aide au développement… tout reste dans le paysage pour réaliser 44 milliards d’économies afin de donner des gages aux marchés financiers quand dans le même temps les armées bénéficierait de 6,7 milliards supplémentaires et l’intérieur de 613 millions… Rien sur la taxation des plus riches, pas de remise en cause des 211 milliards distribués aux entreprises sans contrepartie. Le pouvoir d’achat qui ne cesse de diminuer pourrait connaitre donc une nouvelle baisse alors que le taux de pauvreté augmente avec près de 9 millions de pauvres avec un taux d’inégalité jamais atteint. La fracture sociale est de plus en plus vive. La pétition intersyndicale lancée pour contester ces orientations budgétaires et réclamer un autre projet n’a recueilli à ce jour que 380 000 signatures, même si l’intitulé n’est plus tout à fait d’actualité « stop budget Bayrou », le fond reste le même et il est important, comme cela a été fait pour la loi Duplomb de s’en emparer.

Le mouvement citoyen « bloquons tout » du 10 septembre, même si le blocage du pays n’a pas été une réalité est le révélateur d’une véritable colère sociale. Compte tenu de la date et des conditions d’organisation, ce mouvement aura été une réussite dans la perspective d’une construction de mouvement d’ampleur. 250 000 manifestants soutenu par nombre d’organisations syndicales ont pu s’exprimer dans la rue malgré la très forte présence policière et les déclarations de Retailleau qui a tout fait pour tenter de casser la dynamique. Les violences qui ont pu s’exercer à quelques endroits sont inadmissibles et la doctrine du maintien de l’ordre prônée par Retailleau relève de la provocation pure et simple afin de faire déraper les cortèges et quelques blocages notamment de lycées.

Le 10 constitue une base solide de la journée de grève et de manifestation d’aujourd’hui et les quelques retours montrent qu’elle devrait être d’ampleur. Pour autant il s’agit là d’un combat de long terme et dès à présent il nous faut envisager les suites pour inscrire ce plan d’action dans la durée aux côtés ou appuyé par des mobilisations sectorielles comme les nôtres.

 Dans l’Education particulièrement, les changements de ministres n’infléchissent pas les orientations poursuivies. Le bien-être, le plaisir, l’adaptation au potentiel de chacun-e, autant de paravent pour masquer une dégradation généralisée de notre école et une idéologie institutionnelle tournée vers la théorie des dons, des appétences, du chacun pour soi. On assiste à des mécanismes de tris sociaux qui prennent de plus en plus de place. Ce sont les fameux groupes de niveaux, le parcours en Y du lycée professionnel (qui lance un appel intersyndical à la mobilisation le 14 octobre), les spécialités du lycée et… à y regarder de près les tests standardisés voire même les tests de conditions physiques quand on sait que les plus en difficulté sont les élèves des classes sociales défavorisées. Un grand classique de l’Education nationale, des dispositifs qui font la preuve de leur inefficacité comme nos fameuses « deux heures de sport supplémentaires au collège », relevée par des rapports d’Inspection Générale sont reconduit et on les fait durer et perdurer parce qu’ils sont le marqueur d’autre chose que de la volonté de faire réussir tous les élèves.

A cette rentrée d’après l’enquête du SNES il manquerait au moins un enseignant dans 55% des établissements, la nôtre montre, après le très gros travail de l’an dernier sur le gymnase score, que 1235 heures manquent à l’appel et que dans 9% des établissements il manque un enseignant d’EPS, que les groupes de niveaux ont impacté négativement l’EPS dans près de 30% des collèges. Les dégradations d’année en année sont plus profondes au plus grand bonheur de l’enseignement privé… mais n’est-ce pas le but de la dégradation des services publics que de les marchandiser ?

Dans les recherches d’économies à l’Education nationale tout est permis : la prime ZEP ne devrait plus être versée aux 5 000 professeurs de lycée qui l’avaient vue prolongée lorsque les lycées sont sortis de l’éducation prioritaire en 2014, la fin de la possibilité de réaliser des HSE dans plusieurs académies, les baisse de financements pour les IMP et les pactes (mais ça on ne s’en plaindra pas forcément), des frais de déplacements dans le cadre de la formation continue qui seraient « dans le viseur », des baisse des aides d’accompagnement pour les personnels en situation de handicap…

Au-delà de la Formation des enseignants, dossier emblématique de la surdité ministérielle qui ne comprend rein et n’entend rien et qui va poser de sérieux problème à nos profession, si l’on en croit la ministre démissionnaire, l’effort devrait porter sur un meilleur accompagnement des élèves en difficulté grâce à… une formation des enseignants, des ajustements du parcours y pour lutter contre l’absentéisme (entendre par là un simple raccourcissement de la période), et une formation ultra essentielle (à tel point qu’elle est rendue obligatoire pour beaucoup) à l’intelligence artificielle.. ; gageons que le ministère y participera, ça lui donnera peut-être de meilleures idées…

Un autre élément d’actualité auquel nous avons à faire face c’est la nouvelle lubie sur une Convention citoyenne sur les temps de l’enfant. Au-delà des risques que nous connaissons tous d’une diminution du temps scolaire pour augmenter le périscolaire et donc des potentielles externalisation de disciplines portant sur les arts et la pratique physique et sportive, ces conventions qui se déclinent localement et sur lesquelles il faut arriver à s’inscrire, sont une opportunité à saisir pour porter notre projet d’Ecole et celui de l’augmentation des temps d’EPS.

Au regard du sport, de sa baisse du budget, du resserrement du pass’sport sur les 14 ans et plus et j’en passe, on pourrait se dire que l’EPS est préservée. Ce serait factuellement vrai si on occultait l’ensemble des impacts qu’ont les orientations éducatives. Manque de postes, manque de moyens, manques d’infrastructures sportives, collègues à bout, classes surchargées, surcharge administrative, réunions incessantes et souvent inutiles, salaires en berne, difficulté à se libérer pour l’UNSS et j’en passe…

Les contenus quant à eux ont été toilettés et des projets de programmes ont été publiés par le CSP. Fait en dépit du bon sens compte tenu du fait qu’ils ont été travaillés en même temps que le socle commun sur lequel ils devaient se reposer. Ces nouveaux programmes ménagent la chèvre et le chou en tentant de remettre plus d’apprentissage moteur tout en conservant les logiques de champ. Le résultat est loin d’être satisfaisant mais le ministère souhaitant différer quelque peu l’examen de ces derniers pour se centrer à cette rentrée sur les fumeux fondamentaux que sont les maths et le français. Ce temps doit nous permettre d’agir à tous les niveaux pour que des modifications substantielles puissent être apportées. Si le national tentera d’agir auprès de la DGESCO qui maintenant a la main, les remontées qui viendront des rectorats et DSDEN sur cette problématique spécifique seront un point d’appui indispensable. AU-DELA de ça, je pense qu’il nous faudra agir pour des évaluations à caractère national au DNB parce que tout le monde le sait, ce sont les évaluations qui souvent pilotent les contenus et non seulement des programmes fussent-ils parfaits.

On le voit à cette rentrée la campagne que nous menons à une importance toute particulière. Dans la continuité de celles menées précédemment et dont il ne faut pas abandonner les ressorts, le travail sur les inégalités via les contenus pour imposer notre objectif des 4h, cette campagne doit emporter encore plus d’adhésion. Si nous avons marqué des points indubitables auprès d’élus et d’institutionnels, il reste à mettre en activité concrète les enseignants d’EPS dans leur ensemble. Cette campagne c’est aussi celle d’un service public d’éducation amélioré avec des moyens pour répondre aux ambitions. Elle participe de la lutte plus globale dans laquelle nous sommes engagés. Nous y reviendrons mais de vous tous et toutes ici dépend la réussite et c’est l’engagement de l’ensemble de l’appareil qui permettra d’atteindre nos objectifs.

C’est de tout cela qu’il nous faut maintenant discuter. Quelle suite au 18 ? Comment intégrer nos luttes spécifiques au cadre général ? Quels messages distribuer à nos collègues ?

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