Par Sébastien Beorchia
La motion de censure à l’origine du changement de gouvernement portait sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale en charge de la gestion des pensions des salarié.es du secteur privé. Les mobilisations massives contre le projet de réforme du gouvernement et son passage en force par 49.3 ont placé le sujet des retraites au centre du débat politique.
L’argument du déficit toujours et encore
Pour le SNEP et la FSU la problématique de l’équilibre du régime des retraites se pose en termes de choix politiques autour de la question des recettes du régime. Le gouvernement Bayrou dans la lignée des précédents reprend les traditionnels arguments du déficit du régime des retraites pour justifier le maintien de la réforme de 2023. Il annonce un déficit de 55 milliards alors que le COR, l’estime à 6,2 milliards, après un exercice excédentaire en 2023.
Il fixe comme horizon mai 2025 aux partenaires sociaux pour aboutir à une version plus « juste » de cette réforme. C’est pour débattre de la méthode à appliquer qu’il invitait le vendredi 17 janvier dernier les organisations syndicales en « écartant » la FSU, deuxième fédération de la fonction publique d’Etat !
Dans ce contexte il qualifie de « déficit caché » l’engagement de l’Etat à verser la pension de ses agent.es, alors que le prétendu déficit est artificiellement entretenu. En effet les choix politiques de réduire le nombre de fonctionnaires tout en bloquant l’évolution de leur rémunération (gel du point d’indice) entrainent la baisse du montant global des cotisations à redistribuer. Dans la Fonction publique il n’y a pas de caisse spécifique, les pensions des fonctionnaires sont financées directement par le budget. Mais tous les fonctionnaires s’acquittent bien d’une retenue pour pension civile.
La division comme stratégie politique
Le signal politique envoyé est double. D’une part il y a une volonté de division de l’intersyndicale de 2023, d’autre part il y a également une des premières conséquences pratiques de l’opération idéologique à faire porter le déficit du régime des retraites sur les fonctionnaires.
D’autres choix sont possibles. Pour le SNEP et la FSU ils passent par un retour de l’âge légal à la retraite à 60 ans avec un taux de remplacement de 75 %.