CDN des 25 et 26 mars 2021 – Introduction

Nous sortons d’un CDFN et le texte action (lire) fait un tour plus exhaustif de la situation. Nous ne le referons donc pas mais nous nous attacherons plus particulièrement à quelques points. L’introduction à nos débats se fera à deux voix avec une partie un peu générale et une seconde plus centrée sur une problématique EPS.

On ouvre ce CDN dans une période anniversaire : celui de la Commune, celui de la pandémie et bientôt nous aurons celui des 40 ans de l’intégration de l’EPS à l’Education nationale (et il faudra d’ailleurs voir ce que nous ferons à cette occasion) … C’est donc un printemps anniversaire qui montre que les luttes finissent toujours par payer, que les idées traversent les époques et finissent parfois par se concrétiser.

C’est aussi le moment d’une victoire syndicale que peu espérait. Nos mobilisations : la semaine de l’EPS, les mobilisations d’équipes, les interpellations des ministres, dasen, recteurs, députés, l’audience à l’Elysée, au MEN, les articles de presse, tribune rassemblant différents acteurs… auront permis la réouverture des installations couvertes pour les scolaires. Ce que reconnait à demi-mots le directeur de cabinet de Blanquer qui incidemment me dit « il y a eu du lobbying » … Sachons savourer cela à sa juste valeur et goûter quand même un peu notre plaisir !

Pour autant, la lutte que nous avons menée doit connaitre des suites. Les arguments que nous avons su développer, mettre en avant et utiliser sont valides en dehors des murs de l’Ecole. Le monde du sport est en crise, les activités des clubs et associations sont à l’arrêt. Il nous faut étendre notre lutte pour permettre l’ouverture des installations pour l’ensemble des mineurs sur les temps périscolaire et extrascolaire. Le contact que nous avons pu avoir avec la fédération de Basket mardi montre toute l’importance de cet enjeu.

Bien sûr comme à chaque fois nous avons affaire à des mécontentements (assez peu à vrai dire), à des accusations d’inconséquences alors que la pandémie reprend de la vigueur. On trouve pas mal de ces expressions sur les réseaux sociaux, expressions qui sont tout de même majoritairement le fait de parents d’élèves de primaire, d’enseignants d’autres disciplines ou encore du SNPDEN… il nous faut replacer cela sur le fond de notre bataille syndicale et mettre en balance le bénéfice/ risque. Le risque 0 n’existe pas, la fermeture inexpliquée des installations n’a pas permis un contrôle accru des contaminations bien au contraire mais le bénéfice à moyen et long terme d’une pratique permettant le maintien d’un certain niveau de condition physique et psychique, un rôle dans l’activation des défenses immunitaire, une lutte contre la sédentarité, est important… Il s’inscrit dans la lutte contre les impacts de l’absence de pratique, participe aussi de la lutte contre l’épidémie et ce n’est pas à minorer. A terme, les impacts d’une non-activité pourraient être plus grave pour la jeunesse que la COVID elle-même.

Sans compter bien sûr l’importance, pour les enseignant-es, de reprendre le métier pour lequel ils et elles ont été formé-es – même s’il s’exerce toujours dans des conditions dégradées- . Au moins, il va être possible de réfléchir à une offre plus diversifiée, plus riche de pratique pour nos élèves.

Les nouveaux « anciens textes » repères pour l’EPS sont parus. Il s’agit à quelques petites nuances près de la réactivation du protocole ayant cours avant la fermeture des installations. En prévision de cette réouverture (qui n’avait alors pas de dates), lors d’une audience au MEN, le SNEP-FSU avait porté la nécessité de ne pas fermer les choix d’activités et de laisser les enseignants en responsabilité dans les propositions qu’ils feraient. Nous avions porté cette nécessité face aux propositions de l’IG EPS qui les restreignait fortement en ne proposant qu’un panel réduit avec masque. Nous avions demandé de mixer les deux pour ouvrir tous les possibles.

Lutter contre la pandémie c’est aussi et surtout réussir la campagne de vaccination et pour l’heure, le moins que l’on puisse dire, c’est que ce n’est pas le cas… La vaccination pour les personnels les plus exposés prend énormément de retard et les perspectives s’éloignent de jour en jour. De nombreuses personnes pourtant prioritaires ne peuvent accéder à la vaccination. Face à cela, les 9 organisations de retraités lancent une action nationale dans les départements pour interpeller les responsables politiques et les ARS.

De leur côté, afin de protéger les enseignants et de lutter efficacement contre la pandémie, les syndicats de la FSU lancent, au travers d’une pétition, une campagne sur l’urgence de la vaccination : [PÉTITION] Campagne de vaccination pour les personnels, une urgence ! (la-petition.fr) et participe à la campagne pour faire signer l’Initiative Citoyenne Européenne « pas de profits sur la pandémie » pour faciliter l’accès au vaccin pour toutes et tous.

Si Macron a pu dernièrement donner quelques perspectives, le discours de Blanquer est moins volontariste. Il est vrai que cibler les enseignants comme devant être vaccinés au plus vite tendrait à démontrer, a contrario de ses discours, que l’Ecole est un lieu de contamination important.

Puisque je suis entré par l’EPS et le sport, je voudrais continuer rapidement sur deux questions d’actualité avec une première en lien avec le projet de « loi confortant le respect des principes républicains » et une seconde sur le projet de « loi pour la démocratisation du sport ».

A l’occasion du projet de loi confortant les principes républicains, une instrumentalisation politicienne des débats a été orchestrée par le gouvernement en surfant sur le terrain de l’extrême droite : attaque de l’université et de certains universitaires sous prétexte « d’islamogauchisme », attaque de l’UNEF accusé de dérives fascistes et pour ce qui nous touche plus directement une accusation de notre profession par certains qui considèrent que la FSU et le SNEP portent des œillères parce que, selon eux, l’EPS est au cœur de nombreuses atteintes aux principes républicains (Obin, Roder…). Blanquer s’est précipité sur ces déclarations pour évoquer des dispenses de complaisances notamment pour la piscine concernant, bien sûr, principalement les filles de confession musulmane… Même si l’enquête qu’il a diligenté sur ces certificats de complaisance a été largement revu et ne porte pas réellement sur cette question.

Ces discours, ces accusations mais aussi un sondage IFOP à l’occasion du 6ème anniversaire des attentats de Charlie intitulé « observatoire des enseignants : les contestations de la laïcité et les formes de séparatisme religieux à l’école » qui indique que 27% des contestations se déroulent en EPS et que 45% des dispenses de natation des filles auraient un motif religieux, ont amené le sénat a inviter le SNEP à une audition dont vous avez eu un compte rendu rapide (sur lequel je ne reviens pas). Pour autant, cette problématique reste posée et le ministre a délégué un représentant du MEN auprès du conseil des sages. Nous avons convenu avec lui d’une possible audition auprès dudit conseil. Il faut bien voir que ces expressions sont aussi marquées par un contexte où se jouait l’existence même de ce conseil qui vient d’être reconduit alors qu’il était question de le supprimer… Loin d’ignorer l’existence de ces problématiques, il ne nous semble pas, à brûle pourpoint, qu’il s’agisse d’un phénomène global et exponentiel. Nous avons donc besoin de recueillir des données et de l’information. C’est un sujet qui peut être casse gueule et la manière de recueillir ces informations doit être mesurée et pesée. Il faudra qu’à la sortie de notre instance nationale nous ayons dessiné la forme et l’activité à mener, l’objectif étant au final de tordre le cou à ces idées reçues d’une profession et d’une discipline qui serait permissive et permettrait nombre d’atteintes aux principes républicains, à la laïcité.

On le voit par ce petit exemple, la campagne 2022 est lancée et LREM cherche des voix à la droite de la droite et à l’extrême droite en se positionnant comme seul rempart possible à l’arrivée au pouvoir du rassemblement national. Stratégie éculée et risquée comme le démontrent des sondages dans lesquels des nombreux sondés disent ne plus vouloir se laisser prendre au piège quitte à ne pas se déplacer aux urnes ou à s’abstenir. Les dissensions de la gauche, leur manque de volonté pour se rassembler et trouver un chemin commun empêche une vision d’avenir progressiste. Les rencontres avec les politiques, avec les candidats est toujours d’une actualité et d’une importance non négligeable.

Sur le second sujet, la loi pour la « démocratisation du sport » vient d’être adoptée par l’assemblée. Elle montre à quel point la notion de « sport à l’école » n’est pas innocente. Alors qu’il s’agit de démocratiser les pratiques physiques sportives et artistiques, tous les amendements visant à faire du sport un droit pour toutes et tous, à revaloriser l’EPS et le sport scolaire comme élément essentiel d’une démocratisation ont été rejetés d’autorité car considéré comme « hors sujet ». Si certains éléments sont positifs comme la place des femmes dans les organes directeurs, il est difficile de voir en quoi la lutte contre le streaming par exemple vient directement participer de la démocratisation du sport. A l’image de l’ensemble du gouvernement, ce sont, finalement, des propositions technocratiques qui montrent la méconnaissance totale de ce qu’est la réalité du sport en France, de ce qu’est la réalité des pratiques, de ce que sont réellement les freins sur lesquels il faudrait agir pour réellement permettre et accélérer la démocratisation. Il nous faut donc continuer ce travail de lobbying en discutant avec les politiques et les décideurs.

Toujours sur ce sujet du sport, nous aurons aussi à nous prononcer, nous exprimer sur les grands évènements à venir comme par exemple les JOP de Tokyo ou encore la coupe du monde du Qatar ou encore ce qui se passe dans certaines fédérations. Il nous faut dénoncer les atteintes aux valeurs, les comportements et attitudes à l’égard des femmes, leur place dans le sport, les systèmes économiques où seul compte le pognon engrangé, les gabegies, les non-respects des droits de l’homme et des travailleurs ou encore des atteintes à la laïcité comme à la FFR etc. et replacer le sport dans la vision humaniste et émancipatrice que nous portons.

Je ne m’étendrai pas plus sur ces questions, Christian doit y revenir s’agissant de l’EPS et qu’on pourra élargir à la question du sport, mais s’agissant de la place des femmes que je viens d’évoquer, je voulais souligner les larges mobilisations qui se sont déroulée le 8 mars dernier dans lesquels on a pu noter une forte présence des jeunes, ce qui est un bon signal pour l’avenir. Le travail entamé depuis plusieurs années pour le droit des femmes semble gagner de plus en plus l’ensemble de la société. Il est à continuer encore et à développer dans tous les secteurs et au sein de notre organisation syndicale. Nous savons tous qu’il n’est pas si facile et que le chemin est parfois long mais il ne peut être « trop long »…

Chacun connait le contexte et la chape que constitue la crise sanitaire. Les errements du gouvernement quant à la gestion de la pandémie ne sont plus à démontrer et perdure. Ce qu’il y a de plus révoltant dans cette situation de crises multiples (politique, économique, sociale, écologique et j’en passe), c’est qu’aucun enseignement n’est tiré et que la macronie continue pratiquement comme si de rien n’était…

On le constate particulièrement à l’Education nationale sur le dos de laquelle on fait des économies de l’ordre de 200 millions par an, avec, pour le second degré, des DHG en baisse ou insuffisante pour mettre en place tous les enseignements et obligeant à des choix locaux, des suppressions de postes à tire larigot… alors que le nombre d’élèves ne cessent d’augmenter. C’est ici la même logique et problématique que pour les hôpitaux publics qui continuent, malgré le contexte et alors que les besoins sont de plus en plus criants, de connaitre des suppressions de lits. Les services publics, pourtant essentiels, continuent d’être attaqués.

On le voit aussi au travers des projets de loi qui sont à la discussion parlementaire comme la « loi pour un nouveau pacte de sécurité respectueux des libertés » nouveau nom de la « loi sécurité globale ». Elle a été adoptée au Sénat dans une version remaniée par lui. Ce texte devra faire l’objet d’un accord en commission mixte. Son article 24 qui portait atteinte au droit d’informer et qui a été l’objet de nombreuses contestations et mobilisations a été réécrit et crée maintenant un nouveau délit « de provocation d’identification » d’un policier ou d’un gendarme « dans le but manifeste de porter atteinte à son intégrité physique ou psychique… ». Le flou qui entoure cette écriture (comment juger d’une intention) fait porter le risque d’une utilisation abusive. Au-delà de cela, le recours aux moyens de surveillance (vidéosurveillance fixe, drones, caméras embarquées) est renforcé et les pouvoirs de la police municipale sont étendus. Réécrit ou non, cette loi reste attentatoire aux libertés individuelles et collectives.

On le voit encore sur la loi « climat et résilience » qui devrait arriver à l’assemblée nationale le 29 mars et qui au fur et à mesure des travaux déshabille toujours un peu plus les propositions portées par la convention citoyenne pour le climat.

Sur la loi 4D, dont nous reparlerons, on voit là aussi que la lutte paie. Le combat des infirmière-s scolaires et particulièrement du SNICS contre l’article qui programmait leur transfert aux collectivités a été, au moins temporairement, victorieux. Pour autant le problème des gestionnaires et adjoints gestionnaires des établissements concernés par cette disposition reste posé. Rien, pour l’heure ne permet de dire que l’abandon de l’article serait total puisqu’il existe des velléités d’y revenir via amendements.

Sur un tout autre sujet, celui des rémunérations et de la revalorisation salariale dont on n’a bien compris qu’elle n’existerait pas, des discussions se sont ouvertes entre organisations syndicales pour relancer le processus. Dans un précédent CDN, nous avions évoqué l’arrivée dans la Fonction publique de dispositifs relevant initialement du privé et d’une volonté du gouvernement de calquer ce fonctionnement. L’ordonnance du 17 février 2021 relative à la négociation et aux accords collectifs dans la fonction publique est maintenant active et les orgas ont décidé de s’en saisir pour obliger le gouvernement à des négociations salariales dans la Fonction publique. Une réunion doit avoir lieu dans les prochains jours pour agréger le plus d’organisations possibles afin d’avoir un périmètre majoritaire. Si cette démarche devait aboutir, il faut bien avoir en tête qu’elle ne pourra prendre corps sans une réelle mobilisation des professions.

L’actualité nous montre que loin d’un attentisme ou d’une résignation quelconque, de nombreuses mobilisations se développent. En revanche, elles peinent à être massive et à durer. Nos mobilisations récentes au SNEP, par leur mode d’organisation, leur diversification, leur permanence montrent que c’est l’orientation qu’il nous faut développer dans le contexte.

Quel est l’agenda pour les semaines et mois à venir ? De nombreux fronts sont ouverts et de nombreuses dates sont d’ores et déjà dans le paysage. Par ordre chronologique :

  • La FSU, au sein d’un large collectif syndical et associatif constitué à l’initiative du DAL (Droit au logement), appelle à participer à la journée européenne d’action pour le logement le 27 mars.
  • Mobilisations des jeunes pour le climat le vendredi 19 mars et celles de la Convention Citoyenne pour le Climat le dimanche 28 mars.
  • Le cadre intersyndical du groupe des 9, appelle à une journée d’action pour les droits des retraité-es le 31 mars dans des initiatives décentralisées.
  • Une journée d’interventions et d’actions sous toutes les formes dans toute la fonction publique est programmée le 6 avril pour la défense et la promotion des services publics. Cette mobilisation doit être l’occasion de remobiliser contre la poursuite du gel du point d’indice et contre les régressions générées par la Loi de Transformation de la Fonction publique.
  • Face au développement de la précarité, deux journées d’action pour les personnels qui en souffrent et que nous devons soutenir : mobilisations des AED à partir du 22 mars et grève des AESH le 8 avril (sur leur problématique salariale, la reconnaissance de leur métier/mission et contre les logiques de mutualisation) mais aussi grève dans le secteur de la santé et de l’action sociale.

On le voit, ces quelques dates montrent qu’il y a une forte volonté de mobilisation même si on peut regretter le caractère éclaté de ces dernières

La mobilisation du 26 janvier dans l’Education, même si elle n’a pas été un raz de marée, a pu faire la démonstration de la nécessité d’un plan d’urgence. Elle se continue localement à de très nombreux endroits pour dénoncer les fermetures de classes, les suppressions de postes et les DHG qui arrivent dans les établissements… Ce qu’il nous faut réfléchir c’est juger de l’opportunité ou non d’inscrire un nouveau temps fort national. De la même manière faut-il ou non penser une nouvelle initiative nationale spécifique à l’EPS ?

Plusieurs raisons peuvent militer pour que nous pensions collectivement la nécessité d’inscrire plus fortement les questions éducatives, les questions de l’EPS lors des mobilisations du 6 avril pour le service public et les services publics et après :

  • Les suppressions de postes
  • Les DHG
  • La vision développée sur l’EPS et les risques encourus d’un développement des 30 minutes dans le second degré, d’un retour du 2S2C…
  • La FI et FC
  • Les fins de carrière
  • Le management et les mises en cause infondées qui génèrent toujours plus de souffrance
  • Les questions salariales
  • Les conclusions du « Grenelle de l’éducation », qui devraient être rendues à la fin du mois et qui risque fort d’être de nouvelles attaques contre nos métiers.

Une part du temps de débat, que nous allons avoir, devra, sur la base de l’analyse du contexte et de l’état de nos collègues, porter sur la projection ou non d’un temps fort éducation et/ou d’un temps fort EPS à l’occasion notamment de la mobilisation fonction publique le 6 avril. Je pointe particulièrement le 6 mais je n’en fais pas le nec plus ultra. Au-delà de ce seul temps, la question qui nous est posée est de savoir comment, dans le contexte que nous connaissons, continuer à mener campagne pour l’EPS, le Sport, pour l’emploi, pour les salaires, pour les conditions de travail… Quels axes choisir si tant est que nous devions choisir, comment construire les choses d’ici la fin de l’année et les congrès.

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