Par Bruno Cremonesi
Le titre pourrait presque surprendre. Comment parler d’éducation physique dans un pays qui ne fait la une de l’actualité qu’au travers du nombre de morts ou de destructions ?
Dans le cadre du projet d’EPS de qualité organisé par la FSGT en partenariat avec le SNEP-FSU, nous sommes allés une semaine en Palestine fin août.
Nous avons pu rencontrer le ministère de l’Éducation, le ministère de l’Enseignement supérieur et le ministère des Sports.
Depuis plusieurs mois, il ne se passe pas une journée sans que le nombre de morts, d’enfants et de femmes augmente à Gaza et en Cisjordanie. Plusieurs experts et pays parlent maintenant de génocide à Gaza, où des enfants meurent de faim.
Entendre les chiffres effroyables de victimes gonfler chaque jour laisse un goût amer. Ces chiffres prennent parfois un nom, un visage : le neveu d’une formatrice, le cousin d’un enseignant… que nous connaissons. Sans compter les arrestations et les diverses entraves à la circulation pour aller travailler, se soigner…
Et pourtant, ils continuent d’enseigner…
Les rencontres avec les enseignant·es ou les responsables éducatifs, qui dégagent une énergie positive et une volonté de continuer à enseigner, rompent avec ce que l’on pourrait imaginer. La Palestine est de plus en plus morcelée par des routes réservées aux colons et coupées par des check-points à chaque sortie de ville. Le paysage est découpé sans aucune prise en compte des terrains agricoles et des habitations. Entre Israël et la Palestine, un mur haut de 12 m sépare les territoires en grignotant au passage des terres agricoles de paysans palestiniens. Une séparation qui enferme tout autant celui qui le construit que celui qui est enfermé.
La politique de colonisation et le génocide en cours créent des situations de vie dramatiques.
Cette année, les enfants des camps de réfugiés de Tulkarem ou de Jénine ne feront pas leur rentrée des classes.
Pour les autres enfants, ils n’auront que trois jours d’école par semaine, quand les écoles ne servent pas de refuge pour les familles expulsées des camps de réfugié·es.
Les enseignant·es ont une dévotion aux enjeux de service public et continuent de travailler en ne touchant que 35 % de leur salaire, avec une année de salaire non payée.Israël collecte une grande partie des revenus fiscaux pour le compte de l’Autorité palestinienne (environ 60 % de son budget). Depuis fin 2023, Israël bloque ou retient ces fonds.
Un projet qui confirme que l’éducation reste un enjeu crucial pour penser demain et donner les clés à l’enfance et à la jeunesse pour inventer un futur.
Si des engagements politiques sont nécessaires de la part des grandes puissances de ce monde, il est important aussi de continuer à s’engager et à développer ce type de projet, qui sort un peu de l’isolement et vient témoigner de notre solidarité contre toutes les formes d’oppression.





