Formation des enseignants·es, contenus du CAPEPS, du CRPE et enjeux pour l’avenir de l’EPS à travers la connaissance pratique et théorique des APSA

Par Pascal Anger

Mémo – point de vue – revendication du SNEP-FSU au 31/05/2024

Nous avons les plus vives inquiétudes sur l’avenir de l’EPS à travers les futurs contenus des concours du CAPEPS et du CRPE. En effet, au-delà du désaccord profond avec le gouvernement sur la méthode et le fond de la future réforme de la formation et du recrutement des enseignant·es (FDE), nous sommes aussi inquiet·ètes de la place des épreuves attestant de la connaissance pratique et théorique des APSA dans les concours du CAPEPS et du CRPE.

Nous savons très bien que les contenus de concours déterminent les contenus de maquettes de formation et donc la place et le volume des APSA dans les composantes de formation (STAPS, INSPÉ, ENSP ? …). Cet état de fait est percuté par une austérité budgétaire drastique pour les universités et leurs composantes, voire un acte 2 de l’autonomie annoncé des universités torpillant le caractère national des statuts, composantes-services et missions. Ce qui nous amène à craindre une nouvelle détérioration de la formation dans les APSA des candidat·es.

Ainsi, pour le premier degré, l’épreuve d’admission spécifique EPS au concours CRPE est remplacée par une épreuve type QCM sur un ensemble de disciplines, dont l’EPS. Réduire la sélection des candidat·es par un QCM sur l’enseignement de l’EPS au primaire nous apparait dramatique à court terme. D’autant plus que le discours gouvernemental relatif à l’opération « Les 30 minutes d’activité physique quotidienne » tend à vider l’EPS de ses contenus et de ses exigences.

Ce choix est d’autant plus incohérent qu’avec un schéma de formation spécifique qui durera 5 ans (3 ans en licence et 2 années de master) pour une majorité d’étudiant·es, il pourrait être possible – pour la première fois depuis longtemps – d’avoir de l’ambition dans la formation du primaire mais nous craignons que cette opportunité ne sera pas saisie. L’épreuve au CRPE devrait prendre en compte l’existence de contenus de préprofessionnalisation en relation avec les grands enjeux de la discipline.

Pour le second degré, le CAPEPS nouvelle formule voit le regroupement dans « Une première épreuve d’admission : épreuve disciplinaire de connaissances pratiques et théoriques », de deux parties dont la première consiste en une seule prestation physique d’une APSA, et la deuxième en un oral qui remplace la « leçon ». Là encore, ce choix nous apparait comme un rétrécissement peu conforme aux exigences nécessaires au recrutement d’un·e futur·e enseignant·e d’EPS. L’intitulé de cette première épreuve d’admission reste pertinent, mais entérine concrètement la diminution des prestations physiques dans les APSA.

Certes, on peut nous dire qu’il y aura encore deux ans de formation et que le niveau d’exigence ne peut être le même pour un concours en L3 à terme qu’un concours en M2, mais cela ne nous semble pas suffisant comme justification dans le cadre d’une licence disciplinaire sur trois ans et dont la mention Éducation-motricité (EM) inscrite au répertoire RNCP est la voie privilégiée préparant à ce concours.

La forme de ce nouveau concours, s’il était entériné, ne va donc pas dans la nécessaire exigence de polyvalence des futur·es enseignant·es d’EPS en lien avec les programmes et la finalité de l’EPS.

La disparition des 3 prestations physiques actuelles du CAPEPS est un mauvais signal pour la place, l’offre et le volume de formation d’enseignement technologique dans et par les APSA (pratiques, théories et sciences de l’intervention) dans les maquettes STAPS de la licence dont la mention EM.

Le volume du nombre d’enseignant·es d’EPS à l’université dans ses composantes STAPS et INSPÉ ou ENSP (?) s’en trouverait sûrement impacté à terme.

Nous continuons à défendre, revendiquer l’existence, a minima, de trois prestations physiques au CAPEPS et d’une épreuve spécifique EPS au CRPE.

Nous pensons que sur les écrits (E.1 et E.2) et leurs libellés, pour lesquels il faudrait, selon nous, renforcer le cadrage national pour bien identifier le partage E.1 sur sciences humaines et sociales (dont l’histoire) et sciences de la vie et de l’intervention sur l’E.2.

Cette nouvelle « contre » réforme est menée par le gouvernement au pas de charge, avec plein d’impensés, sans moyens supplémentaires et sans concertation avec les acteurs·rices, amplifiant une maltraitance institutionnelle et un mépris pour les personnels.

Le SNEP-FSU défend une place concrète et conséquente de la pratique des APSA dans le concours, et pour qu’il y ait des exigences incontournables dans le cadre du CAPEPS, concours de recrutement des futur·es fonctionnaires d’État cadre A, concepteur·rices pour l’enseignement de la discipline scolaire EPS.

Ajoutons que les projets de décret modifiant les conditions de recrutement des corps enseignants et de personnels d’éducation du ministère chargé de l’éducation nationale, examinés le 29/05 en GT, acteraient la fin de la spécification et du passage obligé par la formation académique-universitaire adossée à la recherche. En effet, la formulation à plusieurs endroits des projets fait bien état pour les lauréat·es des concours d’une formation initiale, mais écrite en ces termes (texto) : « … Elle est mise en œuvre par un organisme de formation au sein d’une académie… ».

Cet « oubli » du mot universitaire ou d’établissement de l’enseignement supérieur acterait une régression majeure, mortifère pour la formation et la recherche universitaire des futur·es enseignant·es ainsi que l’ouverture officielle au secteur privé et marchand de la formation.

Les conséquences avec la mise en œuvre de cette « contre » réforme porteraient selon nous des régressions majeures pour la formation des élèves et en particulier pour l’avenir de la discipline scolaire EPS dans le système éducatif, de formation et pour la recherche.

La conception de la formation des enseignants·es reflète une conception de la formation des élèves et des finalités de l’école et donc d’un projet de société.

Nous demandons donc toujours le report de cette « contre-réforme » et l’ouverture de véritables concertations et négociations pour une autre réforme avec tous les acteurs·rices de cette FDE, y compris les organisations étudiantes.

Nous interpellons continuellement les ministres de l’EN et du MESRI, le cabinet du 1er ministre, l’IG EPS, et d’autres institutionnels…

Nous travaillons en intersyndicale et pour construire un rapport de force avec les formateurs·rices et les étudiants·es entre autres pour gagner un report et négociations.

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