Ne rien lâcher à l’approche des JOP de Paris

Nous sommes à moins de trois mois des Jeux Olympiques et Paralympiques. Trop tôt encore pour en faire un bilan, mais aussi trop tard pour que l’héritage immatériel tourné vers les pratiques physiques et sportives de l’ensemble de la population, promis lors de la candidature, ait une réalité à la rentrée 2024. À l’étape actuelle, il nous faut miser sur l’impact que pourraient avoir ces Jeux. Si certaines avancées dont il restera à faire le bilan réel sont à noter : pas de constructions inutiles, charte sociale pour permettre aux organisations syndicales de vérifier le respect des droits des travailleurs·euses, une certaine maîtrise des impacts environnementaux… avancées en comparaison des dernières éditions, il n’en reste pas moins que l’élan que devaient représenter ces JOP n’a pas eu lieu.

Ces JOP ne seront pas encore ceux qui tournent le dos à une marchandisation de l’événement, à des pratiques commerciales débridées ; ils ne seront pas ceux de la démocratisation des pratiques sportives et de l’émancipation de la jeunesse via ces pratiques. Se refusant à travailler sur un réel héritage, le gouvernement s’est contenté d’opérations de communication, d’injonctions descendantes, de vœux pieux… Les 30 minutes d’APQ, les deux heures de sport supplémentaires au collège (en dehors de l’EPS), la semaine olympique, les jeux avant les jeux, les labellisations, la distribution de livrets et de pièces commémoratives de deux euros aux élèves de primaire… sont de cet ordre. Dans le même temps qu’il faisait accroire à un investissement dans les pratiques sportives, il mettait en place, dans le système éducatif, nombre de réformes qui nuisent à l’EPS et laissait le sport scolaire dériver dans une spirale négative (plus de 12 millions d’euros de déficit, de multiples rencontres scolaires annulées).

Refus de revoir les programmes et certifications jusqu’à maintenant, mise en place de la réforme de la voie professionnelle qui aura un impact négatif sur l’engagement des jeunes, mise en place des dispositifs du « choc des savoirs » qui va rendre problématique l’accès aux équipements, une future réforme de la formation des enseignant·es qui en réduira fortement la qualité, etc. À cette étape, le pré-bilan est extrêmement négatif. Au vu de l’importance de l’enseignement de l’Éducation Physique et Sportive dans la démocratisation des APSA, il est légitime de revendiquer plus et mieux d’EPS pour l’ensemble de la jeunesse. C’est le seul endroit et moment où l’ensemble des jeunes, quel·les qu’ils et elles soient, sont confronté·es aux pratiques sportives, s’y développent, s’en approprient les codes et règles, se confrontent aux autres, à soi, s’y épanouissent… Si on souhaitait réellement travailler à l’élaboration d’une politique publique ambitieuse pour le développement de la pratique pour toutes et tous, la première chose à faire aurait été de faire en sorte que le système éducatif soit exemplaire. Et ce n’est pas l’établissement de la grande cause nationale en 2024 qui semble vouloir changer la donne.

Les JOP de Paris seront un événement sportif majeur lors desquels nous serons amené·es à voir le plus haut niveau d’expertise des athlètes qui généreront nombre d’émotions, un spectacle d’une ampleur incontournable. Mais, alors qu’ils devaient être une grande fête populaire, ce sera pour une très grande partie de la population juste un spectacle télévisuel… Toutes nos revendications pour plus et mieux d’EPS, pour des installations sportives de qualité, pour des effectifs plus réduits, des conditions de travail améliorées… doivent être portées en tout lieu sans retenue aucune. L’impact de ces JOP n’aura de réalité que celle que nous contribuerons à construire.

benoit.hubert@snepfsu.net

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