La régression annoncée concernant les jours de carence et la baisse d’indemnisation pèsera plus fortement encore sur les femmes et sur les personnels en zone d’éducation prioritaire.
Le gouvernement a confirmé sa volonté de porter les amendements annoncés sur le jour de carence et le passage à 90 % de la rémunération pour les trois premiers mois de Congé de Maladie Ordinaire (CMO). Ces annonces s’inscrivent dans la continuité du récit sur « l’absentéisme » des enseignant·es du service public.
Pourtant, les rapports de la cour des comptes ainsi que ceux de la DGAFP démontrent que ce taux d’absence est comparable à celui des salarié·es du privé, environ 5,5 %. Alors que par ailleurs, une enquête de 2016 met en évidence que 57 % des enseignant·es du second degré ont déclaré être allé·es travailler malades.
Le panorama de la DEPP de 2022 souligne que 39,1 % des enseignant·es du secteur public ont eu dans l’année un CMO et que 84 % de l’ensemble des congés pour raison de santé sont des CMO.
Tous âges et tous congés confondus, les femmes sont plus souvent arrêtées que les hommes. Ces arrêts sont majoritairement accolés aux congés de maternité ou à la vie hormonale des femmes. À la lecture, les professeur·es d’EPS sont arrêté·es moins longtemps que les certifié·es, 5,8 jours contre 6,5, mais ces données sont à relativiser du fait d’un corps nettement plus masculinisé que celui des certifié·es.
Par ailleurs, les collègues en éducation prioritaire ainsi que les TZR sont plus touché·es par les CMO.
Enfin, plus les enseignant·es d’EPS vieillissent, plus ils et elles ont des congés de longue maladie.
Sous couvert de la lutte fantasmée contre l’absentéisme des enseignant·es du service public, les annonces du gouvernement impacteront l’ensemble de la profession, à la fois par l’augmentation du nombre de jours de carence associés à tout congé, qu’il soit de courte ou de longue durée, mais aussi par le passage à une rémunération à hauteur de 90 % contre 100 % actuellement du traitement au cours des trois premiers mois de CMO.
Les femmes en seront les premières victimes alors que l’égalité salariale femmes-hommes n’est toujours pas atteinte.
Mais aussi les personnels dont les conditions de travail sont les plus détériorées et ceux qui, en fin de carrière, ont subi l’usure professionnelle liée à la spécificité de l’exercice de notre métier.
Le gouvernement agit sur le levier de la couverture santé de ses personnels pour réduire les déficits des comptes publics. Cette régression de nos conquis sociaux est inacceptable alors même que notre employeur est légalement responsable de notre santé.