Par Gwenaëlle Natter
Le 19 mai 2021, le Président de la République annonçait la création du « pass’sport ». Présenté à la fois comme une mesure de relance du secteur sportif associatif et comme une mesure sociale destinée à offrir aux jeunes les plus défavorisés l’accès aux clubs sportifs. Le dispositif se limite à l’octroi d’une aide forfaitaire de 50 € à des jeunes de 6 à 18 ans bénéficiant de l’allocation de rentrée scolaire, ainsi qu’aux jeunes en situation de handicap.
On ne peut pas être « contre » le principe d’une aide financière à la prise de licence, mais comment peut-on croire que ce dispositif permettra d’atteindre les objectifs annoncés ?
Pour inciter les pratiquants à revenir dans les clubs, notamment dans les disciplines les plus touchées par les restrictions sanitaires (sports en intérieur, sports collectifs et sports de contact), il faudrait déjà les rassurer sur le fait qu’ils pourront bien pratiquer leur activité toute l’année.
Quant aux mesures d’incitation financière, il convient de se doter de moyens supplémentaires pour en faire bénéficier un maximum de jeunes.
Et si on veut que chaque jeune puisse pratiquer le sport de son choix, il convient de s’intéresser au montant qui reste à charge. En effet, le coût moyen de la pratique sportive en club (licence + cotisation) varie non seulement d’un sport à l’autre, mais aussi d’une association à l’autre. Avec une aide forfaitaire, les jeunes des familles les plus démunies auront un choix limité… Et l’aide ne bénéficiera qu’à certaines associations sportives, et pas forcément les plus fragilisées par la crise.
De plus, le dispositif s’appuie sur l’engagement d’associations « volontaires » qui vont devoir assumer des tâches supplémentaires, et ce malgré l’affaiblissement du bénévolat dans les clubs sportifs. Sans oublier le travail supplémentaire pour les services Jeunesse et Sports qui sont déjà sous tension…
Ainsi, au lieu de soutenir les associations sportives fragilisées tout en encourageant l’accès de chaque jeune au sport de son choix, le « pass’sport » risque finalement de creuser les inégalités ! Pourquoi le gouvernement ne s’inspire-t-il pas plutôt du « coupon sport » mis en place il y a une vingtaine d’années par Marie-George Buffet, alors ministre de la Jeunesse et des Sports ?
Le SNEP-FSU est porteur de propositions pour démocratiser le sport et renforcer la pratique associative ; il continuera à les promouvoir, dans le cadre d’un service public du sport et de l’éducation renforcés.