Budget 2025 : l’héritage des JOP à l’aune du PLF

Par Benoît Hubert

À rebours des attentes et des besoins, le budget 2025 présenté par le gouvernement aggrave les difficultés. La campagne du SNEP-FSU met en avant d’autres alternatives.

Les Jeux Olympiques et Paralympiques sont terminés et si un bilan exhaustif doit encore en être fait, cette « parenthèse enchantée », comme certain.es l’ont nommée, ne doit pas être refermée trop vite. Les promesses faites pour que ces derniers laissent un héritage au bénéfice de l’activité physique et sportive de tous.tes doivent avoir une réalité concrète. Pour l’heure, le compte n’y est pas ! Les mesures à prendre sont connues de longue date : aide au développement des associations, actions en faveur du bénévolat, construction et rénovation d’installations sportives, recrutements, augmentation des horaires d’EPS, augmentation du budget de l’UNSS, … Il y a nécessité à inscrire une véritable politique publique du sport en France qui dépasse les simples mesurettes prises au coup par coup ; une grande loi d’orientation et de programmation est de plus en plus nécessaire.

L’ouverture des débats budgétaires aurait dû être l’occasion de vérifier la sincérité des engagements d’Emmanuel Macron et des gouvernements pour faire de la France une « nation de sportif.ves » en cette année où le sport a été érigé « grande cause nationale 2024 ». Les projets de budgets, tels qu’ils sont mis en débat sont, de ce point de vue, effectivement très éclairants !

Les crédits alloués au ministère chargé des sports sont en baisse. Ils ne représentent que 0.2% du budget de l’Etat. Le volet sportif passe de 889 millions à 715 millions d’euros (- 20 %). La majorité des crédits reste affectée au plan d’équipements sportifs de proximité, au financement de la mesure pass’sport et à la sécurisation de la reconversion des ouvrages olympiques. La priorité reste donc au « fameux » plan 5000 équipements qui ne servent ni aux clubs, ni aux scolaires, alors que la France a un besoin urgent et criant d’un grand plan de rénovation/construction de gymnases, de piscines, … La plupart des subventions aux associations sportives transitent toujours par l’Agence Nationale du Sport, avec une partie des crédits (enveloppes ANS-PSF) qui est directement gérée par des fédérations sportives, qui sont des structures privées. ANS, SOLIDEO, PASS’SPORT, … il reste très peu de crédits à la main du ministère et de ses agent.es !

L’Education Nationale ne bénéficie pas des moyens qui lui permettraient de promouvoir et développer davantage le sport en France. L’EPS et le sport scolaire, qui sont portés par l’Education Nationale avec ses enseignant.es d’EPS, permettent d’acculturer l’ensemble de la jeunesse, de lutter contre les inégalités d’accès à la pratique physique et sportive, de découvrir la rencontre et le dépassement de soi via les associations sportives scolaires. Mais là encore, les projets de budget montrent que les JOP n’ont eu, pour l’heure, aucun impact. La mise en avant constante des « 30 minutes d’activités physiques quotidiennes » dans le premier degré et les « deux heures de sport supplémentaires au collège » ne sont que des cache-misères visant à masquer la vacuité des ambitions portées pour le développement du « sport à l’Ecole ».

Tout l’héritage semble relever de ces deux dispositifs dont chacun.e sait qu’ils ne fonctionnent pas (les évaluations du Sénat et de l’INJEP viennent d’ailleurs conforter les analyses du SNEP-FSU) ! De plus, les centaines de suppressions de postes prévues dans le second degré vont, de nouveau, diminuer le nombre d’enseignant.es d’EPS et donc d’animateur.trices d’AS (association sportive scolaire), sachant que plus de 1000 postes ont été supprimés depuis 2017. L’argument utilisé, la baisse démographique, n’est que poudre aux yeux quand on sait que les précédentes suppressions de postes intervenaient dans un contexte d’augmentation du nombre d’élèves. Cette baisse aurait dû être mise à profit pour diminuer le nombre d’élèves par classe et donc renforcer leur temps de pratique effective.

Les collectivités territoriales, principales financeuses du sport en France, doivent faire des économies.

Accusées d’avoir généré 16 milliards de dépenses supplémentaires, les collectivités territoriales sont sommées de trouver 5 milliards d’économies … qui risquent d’impacter directement les aides au fonctionnement des associations sportives, au sport scolaire, ainsi que le financement des installations. En effet, sur les 20 milliards de deniers publics qui financent le sport en 2024, les collectivités soutiennent à hauteur de 12,5 milliards…

A la lecture de ces quelques éléments non exhaustifs, on s’aperçoit que de la parole aux actes, il y a un gouffre. Les mauvaises orientations et gestions budgétaires (construites ou non) entraînent toujours les mêmes effets dans une société guidée par un libéralisme exacerbé : une privatisation rampante et une augmentation du coût des licences pour les pratiquant.es…

Des solutions existent

Pour le SNEP-FSU, des possibilités de financement existent à l’interne du système éducatif et sportif : en réaffectant au développement des pratiques les budgets dédiés au SNU, aux 2h de sport supplémentaires, à l’expérimentation de l’uniforme, au « pacte » des enseignant.es, etc,

on pourrait faire un saut qualitatif non négligeable !

Parallèlement, le SNEP-FSU poursuit sa campagne articulée autour des 4h d’EPS, qui prend en compte toutes ses dimensions (équipements sportifs, contenus, effectifs par classe, formation, …).

Ce combat de longue durée doit nous engager toutes et tous, individuellement dans nos pratiques quotidiennes et collectivement. Tous les moments et lieux de rencontres doivent être investis pour porter haut et fort nos revendications pour une tout autre place du sport dans notre société.

Rapport INJEP, analyse du SNEP-FSU

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