Déclaration liminaire FSU au CSA MJS du 30/01/25

decla js

Madame la Ministre

2024 aura été marquée par la réussite de l’organisation des jeux olympiques et paralympiques. Après cette « parenthèse enchantée », la question de l’héritage est plus que jamais d’actualité. Mais il ne suffit pas de répéter ce mot pour qu’il devienne une réalité. Il faut que la volonté politique s’accompagne de moyens ambitieux pour le sport et pour la jeunesse !

Or, il y a quelques jours, vous avez tenté de défendre la nouvelle coupe budgétaire de 123 millions d’euros sur la mission sport, jeunesse vie associative du projet de loi de finances 2025 (-34 M€ sur le budget sport et -89 M€ sur le budget jeunesse vie associative).  Heureusement, le Sénat a rejeté cet amendement du gouvernement, et nous espérons que la commission mixte paritaire sera du même avis.

Vous avez également indiqué qu’il fallait travailler à l’amélioration du Service National Universel, alors que ce dispositif – que nous dénonçons depuis le début – fait désormais l’objet d’un large consensus pour le supprimer.

Vos premières prises de position nous inquiètent vivement. Allez-vous vous poursuivre la politique de communication autour de dispositifs qui ne fonctionnent pas,  comme Amélie Oudéa-Castéra, Sarah El Hairy et Prisca Thévenot ? Ou bien serez-vous davantage ancrée dans les réalités de terrain comme votre prédécesseur Gil Avérous, un élu local conscient des limites du Service National Universel et de l’échec des conférences régionales du sport (qui sont les déclinaisons territoriales de l’Agence Nationale du Sport, dont nous continuons de demander la disparition) ? Allez-vous vous appuyer sur l’expertise des personnels J&S pour enfin mener une politique publique en faveur de l’éducation populaire et des pratiques sportives pour le plus grand nombre ? Nous vous y exhortons…

Pour la FSU, l’héritage des jeux devrait à la fois se traduire par une augmentation des budgets, mais aussi par une réorientation des crédits vers des politiques publiques pour le plus grand nombre. A l’inverse de la vision toujours plus libérale et individualiste du gouvernement, qui valorise et encourage tout autant le sport privé marchand et les pratiques individuelles que le sport associatif, nous considérons que les besoins concernent prioritairement :

–              la construction et la rénovation d’équipements sportifs structurants (gymnases, piscines, …), et pas le plan génération 2024 et ses équipements de proximité (city stades, …) qui ne sont utilisables ni par les clubs ni par les scolaires

–              le renforcement du bénévolat et des différentes formes d’engagement, et pas le service national universel

–              le soutien à l’activité traditionnelle des associations au bénéfice de la majorité de leurs adhérent.es, et pas la mesure 2 heures de sport supplémentaires ou le pass’sport

–              l’accompagnement pérenne des associations qui emploient des éducateur·rices sportif·ves, des agent·es de développement, des secrétaires comptables, dont le travail bénéficie à l’ensemble des adhérent·es de l’association, et pas le plan 1 000 éducateurs socio-sportifs chargés de faire de l’insertion professionnelle aux pieds des immeubles dans certaines villes

–              l’amélioration de la qualité des formations aux métiers du sport et de l’animation, qui seraient portées par les établissements du sport et les universités, et pas des formations au rabais d’adaptation immédiate à l’emploi répondant aux besoins à court terme du marché

–              le recrutement de personnels J&S dans les différents corps, afin d’accompagner au mieux sur tous les territoires les sportif.ves de haut niveau, ainsi que les associations et les collectivités (pour assurer la sécurité des pratiques et permettre le développement d’activités de qualité)

Pour la FSU, tels sont les engagements qui devraient figurer dans une loi d’orientation et de programmation du sport, au titre de l’héritage des JOP,  afin de mettre en œuvre les «10 propositions pour le sport du SNEP-FSU », articulées aux revendications spécifiques pour l’EPS et le sport scolaire, telles que le renforcement de la pratique obligatoire de l’EPS, de la maternelle à l’université, avec 4 heures d’EPS hebdomadaires.

Nous portons également des revendications plus générales telles que la préservation du statut de fonctionnaire, la revalorisation du point d’indice, le respect des missions et des collectifs de travail , l’abrogation de la réforme des retraites, …

Carrières et rémunérations des personnels J&S

  • situation des personnels administratifs et ITRF de nos services et établissements – titulaires ou contractuel.les – qui doivent bénéficier de toutes les mesures de revalorisation qui concernent leurs collègues du MEN ou du MESR => nous vous demandons d’agir auprès des directeurs des établissements du sport en ce sens, en leur donnant des consignes et des crédits
  • retard pris dans la transposition aux corps de personnels techniques et pédagogiques (PTP) J&S des mesures de revalorisation et de fluidification des carrières obtenues par les enseignant.es il y a plusieurs années déjà => nous vous demandons d’intervenir auprès du guichet unique pour débloquer la situation
  • risques qui pèsent sur la mise en œuvre de la 3e tranche de revalorisation des indemnités des personnels techniques et pédagogiques J&S prévue lors du passage au RIFSEEP (ce régime indemnitaire injuste et inadapté dont la mise en œuvre dans le périmètre J&S a mis en lumière le manque de transparence et les iniquités) => nous vous demandons de veiller à l’obtention des moyens nécessaires à la DGRH pour qu’elle puisse respecter ses engagements vis-à-vis de la profession

Concours J&S 2025

Nous avons découvert que le nombre de postes aux concours J&S 2025 est bien inférieur aux 3 dernières années ce qui nous inquiète d’autant plus que la pyramide des âges de nos métiers implique des recrutements importants pour, a minima, compenser les départs en retraite => que pouvez-vous nous dire à ce sujet ? faut-il comprendre que les effectifs vont baisser ou bien que vous allez augmenter le recours aux contractuel.les ?

Par ailleurs, nous n’avons pas reçu les informations concernant le nombre d’inscrit.es aux concours J&S 2025 (demande lors du précédent CSA MJS), nous renouvelons donc notre demande.

CEPJ stagiaires et SNU

Encore une fois, des stagiaires CEPJ sont positionné.es sur le SNU et ont une action conduite en responsabilité (ACR) en lien avec cette mission. Certain.es viennent d’avoir leur entretien intermédiaire et il s’avère compliqué de se projeter sur un dispositif qui est en « stand-by » actuellement, avec des séjours d’ores et déjà annulés et d’autres séjours à venir incertains… Nous avons récemment croisé une stagiaire dans ce cas, elle était en larmes après son entretien avec l’IG (parce qu’accompagnée pour aller dans un mur)…

Dialogue social

Nous nous satisfaisons d’être convié.es demain à une réunion avec la direction de l’encadrement (DE) concernant le RIFSEEP des inspecteurs J&S.  Nous rappelons que notre demande de dialogue social entre les élu.es au CSA MJS et la DE, dont le cadre est imposé par la loi de transformation de la fonction publique, vaut pour tous les autres sujets. Lors du dernier groupe de travail sur l’agenda social 2025, vous nous avez confirmé qu’un dossier statutaire relatif aux IJS avait été déposé auprès du guichet unique de la fonction publique, mais nous ne savons pas ce qui est demandé. Nous renouvelons donc notre demande pour être a minima informé.es du contenu de la saisine, sachant que les éventuelles modifications peuvent impacter les autres corps J&S… 

LDG stratégiques

Comme vous le savez, la FSU considère que ces lignes directrices de gestion relatives à la stratégie pluriannuelle de pilotage des ressources humaines n’ont rien de neutre : elles s’inscrivent dans une orientation politique qui s’est traduite dans la loi de transformation de la Fonction publique du 6 août 2019, qui constitue une attaque sur le paritarisme, en empêchant de fait les instances représentatives des personnels de jouer le rôle inscrit dans les principes fondateurs du statut général des fonctionnaires. Il s’agit aussi de faciliter le recours à l’emploi contractuel et la déconcentration managériale promouvant l’individualisation de la gestion des carrières au détriment des cadres collectifs.

Notre opposition de principe est confortée par la lecture de ce projet de texte. Nous contestons les analyses qui sont posées dans le préambule et selon lesquelles c’est la rigidité des règles statutaires qui serait la cause principale de la perte d’attractivité de nos métiers. Nous constatons que le point sur l’exemplarité de l’Administration en matière d’égalité entre les femmes et les hommes ne fait que décrire le plan national d’action (PNA). Nous dénonçons le décalage entre les principes énoncés et la réalité que nous vivons, notamment quand vous décrivez les organisations syndicales comme des interlocuteurs importants sur toute une série de thématiques allant de la mobilité à la qualité de vie et les conditions de travail, en passant par les promotions ou la formation ….

Mais au-delà de ce qui est écrit dans le texte, nous souhaitons insister ici sur ce qui manque.

En CSA MJS, nous intervenons régulièrement pour demander à nos ministères de tutelle quelle est leur politique en matière de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC), sujet qui fait juste l’objet de vagues déclarations d’intention et n’ont rien de stratégiques. Quelles sont les expertises attendues des personnels J&S ? Quels sont les besoins de recrutements, au regard de la pyramide des âges dans les différentes spécialités et disciplines ? Quelle politique de formation à moyen terme faut-il avoir pour permettre aux futur.es collègues de passer nos concours J&S (ce qui implique par exemple de mettre en place des formations DES dans certaines disciplines, notamment pour celles relevant de l’environnement spécifique – escalade, canyonisme, parachutisme, plongée subaquatique, spéléologie, vol libre -) ?  Quels sont les freins qui expliqueraient la perte d’attractivité de nos métiers et comment pourrait-on les lever ? … Or,  de tous ces sujets, il n’est pas question ici !

Pour le reste, nos précédentes déclarations en CSA MJS restent valables.

Merci de votre attention.

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