Une EPS de qualité en Palestine

La Fédération Sportive et Gymnique du Travail (FSGT) a sollicité le SNEP-FSU pour travailler ensemble sur l’amélioration de la qualité de l’EPS en Palestine. Retour sur 3 ans d’expérience.

Bertrand Badie dans son dernier livre « Quand le sud réinvente le monde » montre que l’interdépendance des pays du nord et du sud a évolué. Le nord n’est plus en capacité d’imposer son cadre, ainsi le fort dépend aujourd’hui du faible. Il ajoute également que le fort, croyant pouvoir gérer les conflits à la place du plus  faible, bien souvent les aggravent.

A l’inverse, le SNEP-FSU s’est toujours dégagé de cette logique et reconnait le droit des peuples à leur autodétermination. Cela passe, entre autres, par l’accès à la culture, dont la culture sportive et artistique. Avec l’Unesco, nous reconnaissons que le sport est un besoin humain fondamental : « Tout être humain a le droit fondamental d’accéder à l’éducation physique et au sport, qui sont indispensables à l’épanouissement de sa personnalité. Le droit de développer des aptitudes physiques, intellectuelles et morales par l’éducation physique et le sport doit être garanti tant dans le cadre du système éducatif que dans les autres aspects de la vie sociale. » (Charte internationale de l’éducation physique et du sport de l’UNESCO – 1978).

« Tout être humain a le droit fondamental d’accéder à l’éducation physique et au sport, qui sont indispensables à l’épanouissement de sa personnalité. Le droit de développer des aptitudes physiques, intellectuelles et morales par l’éducation physique et le sport doit être garanti tant dans le cadre du système éducatif que dans les autres aspects de la vie sociale. »

Il y a 3 ans, la FSGT a sollicité le SNEP-FSU pour un projet de formation d’enseignants d’EPS en Palestine. L’idée était de permettre l’engagement de professeurs d’EPS dans un projet avec le ministère de l’Education nationale pour améliorer la qualité de l’EPS, dans le cadre d’une amélioration du service public et la construction d’un état démocratique. Privé d’Etat depuis plus de 70 ans, les Palestinien.nes ont besoin de lien entre les individus pour porter l’héritage passé et construire un projet collectif d’avenir. Le SNEP-FSU s’est donc associé à ce projet qui porte l’éducation et les savoirs culturels au cœur, où le jeu et le sport participent à construire un lien fort entre les citoyens.nes, à commencer par les enfants, garçons et filles, dès l’école.

Quelle EPS ? Quel citoyen.ne ?

La FSGT, porteuse du projet financée par l’agence française de développement, a proposé un processus de formation en lien avec le ministère de l’éducation palestinien qui l’a validé par un accord de coopération. Les professeurs EPS engagés y ont proposé une conception de l’EPS développée depuis de nombreuses années par le SNEP-FSU et EPS & Société, que l’on retrouve dans le livre « EPS et culturalisme ».

Il ne s’agissait pas d’importer notre culture occidentale mais de transmettre les clefs d’une EPS qui véhicule des savoirs émancipateurs, qui inscrive les enfants dans le jeu sportif et dans l’invention d’un monde renouvelé. Où chaque citoyen.ne puisse être cultivé-e et inventif-ve. La société palestinienne a besoin que sa jeunesse possède un haut niveau de culture pour analyser et inventer le devenir.

La société palestinienne a besoin que sa jeunesse possède un haut niveau de culture pour analyser et inventer le devenir.

C’est ainsi que le projet FSGT a dû tenir compte du contexte politique, social, scolaire … et de ses contraintes spécifiques : des séances d’EPS courtes (45mn, une fois par semaine), des cycles d’apprentissages de 5 séances seulement, la non-mixité et une distinction forte entre filles et garçons, des équipements très limités, une conception hiérarchique de l’institution, ainsi qu’une conception de l’EPS basée sur la préparation corporelle et la réalisation d’exercices dans une conception technicistes (réalisation de gestes simples à vide sans ballon, correction posturale de l’enseignant puis mise en situation de jeu.)

Pour proposer :

  • Un EPS qui place le jeu de l’enfant au cœur de son projet éducatif : entrer par le jeu, tout le monde joue.
  • Une EPS qui est l’étude des APSA, de ses techniques et ses tactiques : jouer plus et mieux avec des règles qui ne sont pas des interdits mais des pouvoirs d’agir. Ce travail sur les règles a été central dans les formations, pour que les enseignant.es soient en capacité d’envisager cette modalité de travail totalement nouvelle. A noter une première approche de l’artistique, avec un stage de danse (hommes et femmes).
  • Travailler sur des formes de rencontres où tout le monde joue, quel que soit son niveau, ou son sexe ; sans élimination.

Quel projet de formation ?

Après plusieurs tâtonnements, nous avons élaboré un dispositif de formation en cascade. D’abord, former des formateurs : autant de femmes que d’hommes, 2 professeurs d’EPS et 2 superviseurs par département. Après une formation de 2 jours sur une APS, ils étaient en charge de former des enseignants d’EPS, avec l’aide des professeurs d’EPS français. Les hommes et les femmes ont souvent travaillé ensemble, ce qui constituait une nouveauté. Les enseignants d’EPS ont ensuite mis en place des cycles d’EPS de 8 à 10 séances de 1h30. Dans le cadre de ce projet, le ministère de l’éducation a accepté de doubler la séquence d’EPS, soit 1h30 par semaine, ce qui constitue un pas en avant important, apprécié des professeurs d’EPS. A la fin des cycles, une rencontre sportive a été proposée pour une partie des élèves de la classe.

Un futur projet, labellisé par l’AFD (agence française du développement), est en cours d’élaboration, la FSGT sollicitera à nouveau le SNEP-FSU et des professeurs d’EPS pour cette nouvelle étape du développement de l’EPS et du sport scolaire en Palestine.

Si vous êtes intéressés pour plus d’information ou vous impliquer dans le projet : bruno.cremonesi@snepfus.net

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