Les JOP 2024 auraient été paritaires pour la première fois de l’histoire. Pour le SNEP-FSU, cette affirmation convient d’être nuancée.
Sur les chiffres d’abord, sur 11 237 athlètes (femmes et hommes confondus ) qualifié·es, les effectifs comptaient 192 hommes en plus.
De fortes disparités sont également apparues selon les disciplines sportives. Les femmes ont été sous-représentées en lutte (32 %), en équitation (37 %) et en football (42 %).
Inversement, aucun homme n’a participé à la gymnastique rythmique ou à la natation artistique1.
Si tous les sports ont été autorisés aux femmes, certains règlements pour ces dernières imposent de moindres distances, durées, poids d’objets ainsi que des agrès et épreuves différentes.
Concernant les instances sportives, celles-ci sont toujours dirigées par des hommes. 4 fédérations de sport olympique sur 36 sont dirigées par des femmes en France. Enfin, le COJOP compte 1/3 de femmes pour 2/3 d’hommes, avec deux hommes à sa tête.
La recherche de parité reste un moyen pour faire progresser l’égalité, mais n’est pas synonyme d’égalité réelle. La parité annoncée ne doit pas servir de vernis pour masquer la persistance des inégalités femmes-hommes dans le sport.
Au niveau international, certaines femmes sont toujours interdites de participation aux JOP, comme en Iran, en Afghanistan ou aux Iles Tonga.
Quand elles y arrivent, au péril de leurs vies, la partie n’est pas gagnée pour autant. Lorsqu’à la fin de sa démonstration de breakdance, Manizha Talash, athlète afghane, a déployé sur ses épaules une cape avec l’inscription « Libérez les femmes afghanes », celle-ci s’est vue disqualifier par le CIO au nom de l’apolitisme supposé des Jeux Olympiques. Des athlètes voilées ont également été exclues des jeux.
Est à noter également le manque de courage politique du CIO, qui laisse les fédérations souveraines concernant l’inclusion des personnes trans et intersexes, provoquant des discriminations. Caster Semenya, privée de compétition depuis 2018 par l’IAAF malgré le jugement de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), qui a reconnu en 2023 que celle-ci a bien été victime de discrimination, n’a pu participer aux Jeux de Paris. Le sport est organisé sur un modèle patriarcal, bi-catégorisé, qui cherche à contrôler les corps et inférioriser les femmes. Si celles-ci ne rentrent pas dans des codes de féminité définis par la norme sociale, elles sont décriées ou exclues. Ceci explique la campagne de harcè- lement, dont la boxeuse Imane Khelif a fait les frais en raison de son hyperandrogénie.
Ces JOP 2024 ont vu se développer une nouvelle vague de résistance féministe dans le sport.
De nombreuses athlètes se sont exprimées en faveur des droits des femmes et ont permis de mettre à jour des problématiques jusqu’alors invisibilisées. C’est le cas de Simone Biles, avec la lutte contre les violences sexuelles et sexistes ou la coureuse du 200 mètres Brittany Brown au sujet de l’endométriose. La sabreuse égyptienne Nada Hafez a mis en lumière la difficile conciliation entre la grossesse et le sport de haut-niveau. C’est aussi le sens du geste très politique de la judokate Alice Bellandi, qui a embrassé sa compagne devant la première ministre italienne, ouvertement homophobe et anti-avortement. Enfin, sur la question des injonctions faites aux sportives sur leur tenue, des athlètes se sont insurgées, comme les beach volleyeuses françaises.
Le SNEP-FSU soutient ces athlètes femmes qui s’engagent dans la lutte pour l’égalité entre les femmes et les hommes dans le sport. Si la cérémonie d’ouverture a porté haut et fort des valeurs progressistes en matière d’égalité, elle ne doit pas masquer le combat qu’il reste encore à mener. A nous tous·tes d’œuvrer pour que le sport soit un espace de résistance, d’émancipation et de lutte contre toutes les formes de domination.
- Chiffres Paris 2024 [↩]