Une jeunesse sportive : ça commence à l’école avec 4h d’EPS !

Différents rapports révèlent que la pratique sportive des jeunes demeure inégalitaire. Les enfants des classes sociales les plus favorisées ont le taux de pratique sportive le plus important. Les garçons restant plus nombreux que les filles excepté dans les milieux sociaux les plus favorisés où l’écart tend à se lisser.

Le sport un marqueur social

Les derniers travaux réalisés par l’INJEP font ce constat :  si 82 % des adolescent·es de 13 ou 14 ans font du sport au moins une fois par semaine, en dehors des cours d’éducation physique et sportive (EPS) du collège, cette pratique n’est pas régulière.  

Cette distribution n’est pas la même en fonction des catégories sociales. Le sport est traversé par les même processus sociaux que les autres domaines de la culture, en continuant à reproduire les inégalités sociales et de genre.

  • 88 % des adolescent·es font du sport régulièrement quand au moins un des parents est diplômé de l’enseignement supérieur, contre 75 % quand les deux parents n’ont aucun diplôme.
  • 78 % des filles de 13 ou 14 ans font du sport au moins une fois par semaine en dehors des cours d’éducation physique et sportive (EPS) du collège, alors que c’est le cas de 87 % des garçons.

88 % des adolescent·es font du sport régulièrement quand au moins un des parents est diplômé de l’enseignement supérieur, contre 75 % quand le deux parents n’ont aucun diplôme

Comment faire bouger les lignes ?

Des travaux montrent que plus de temps d’EPS par exemple en option permet de développer l’engagement des jeunes dans des pratiques sportives. Mais pour que cette pratique s’adresse à tous et toutes, garçons, filles, valides, invalides, il faut accepter de faire un pas de côté sur la définition couramment admise du mot sport. Faire du sport n’est pas réservé exclusivement à la pratique d’activité dans le cadre d’un club et sous forme de compétition. En réduisant le sport à cette forme, on ne reconnait pas de nombreuses autres formes de pratiques sportives pour autant intensives qui ouvrent les champs des possibles de la continuité de pratique.

Les options et les sections pour démocratiser le sport

Les élèves en SSS en France ou en options d’EPS ont du temps d’EPS obligatoire, du temps d’EPS pendant l’option pour les élèves et des temps d’entrainement lors du créneau de la section.  Dans ces temps, si l’on cherche à identifier ce qui rassemble ces pratiques plutôt qu’à les différencier, les élèves sont confronté·es à un temps de pratique sportive pour progresser, avec une attention particulière de l’enseignant·e aux valeurs éducatives. Les enseignant·es cherchent à articuler ces temps, au cœur d’un processus de démocratisation de la culture sportive.

« Le sport-santé ne peut se substituer au sport pour tous et toutes »

« Que le sport ait un lien direct avec la santé, c’est indéniable. Par contre, ce n’est pas en mettant en avant le sport-santé que les jeunes seront convaincus de pratiquer », au contraire cela accentue les abandons au lieu d’inciter les jeunes à la continuité d’une activité physique qu’elle soit organisée dans un club ou avec des amis. En effet, pour reprendre les mots de Jean Griffet (Professeur des universités en STAPS), Maxime Luiggi (Maître de conférences en STAPS) et Maxime Travert (Professeur des universités en STAPS).

La pratique sportive impose un effort répété et soutenu. Elle est reconnue comme permettant le mieux d’atteindre les recommandations pour la santé. C’est celle qui est la plus partagée chez les jeunes. Mais si on envisage la pratique du sport comme un devoir à accomplir au nom d’une santé à recouvrer et non comme un droit à pratiquer lié au plaisir éprouvé, alors les propositions envisagées risquent de produire l’ennui, l’abandon ou l’évitement et non l’attrait, l’adhésion ou la persévérance. Des travaux montrent que le seul motif de santé conduit le plus à l’abandon. À l’inverse, celles et ceux qui s’engagent pour le plaisir sont les plus enclin·es à maintenir une participation de longue durée.

En ayant plus de temps d’EPS, les enseignant·es vont pouvoir développer les savoirs des élèves et les encourager aux pratiques sportives et artistiques. C’est en articulant le développement des savoirs et le prolongement de l’EPS dans les pratiques sportives, dont le sport scolaire, que les 4h seront le pivot du sport pour tous et toutes.

Bruno Cremonesi

PARTAGER
IMPRIMER

Nos lecteurs aiment aussi...

Dossier – 4 heures d’EPS : se rendre à l’évidence

Aussi bien les besoins sociaux criants, en rapport à la sédentarité galopante chez les jeunes notamment, que le plébiscite de l’EPS auprès des élèves (enquête SNEP-FSU, avril 2022) et des parents etc, donnent raison à la revendication du SNEP-FSU de porter immédiatement les horaires de l’EPS à 4 h

4h d’EPS pour répondre aux enjeux de demain

Armer nos élèves, futur·es adultes et citoyen·nes, afin de les préparer aux défis qui se posent aujourd’hui à notre société et au monde, demande une réflexion sur la nature de ces derniers. Le SNEP-FSU travaille et contribue depuis des années à un certain nombre d’analyses. Nous allons en extraire quelques-unes ici.