Un héritage fait de dettes ?

À rebours des attentes et des besoins, le budget 2025 présenté par le gouvernement aggrave les difficultés. La campagne du SNEP-FSU met en avant d’autres alternatives.

Les Jeux Olympiques et Paralympiques sont terminés et si un bilan exhaustif doit encore en être fait, cette « parenthèse enchantée », comme certains l’ont nommée, ne doit pas être refermée trop vite.

Les promesses faites pour que ces derniers laissent des traces sous la forme d’un héritage au bénéfice de l’activité physique et sportive de tous et toutes doivent avoir une réalité concrète. Pour l’heure, le compte n’y est pas, loin de là ! Les mesures à prendre sont connues de longue date : aide au développement des clubs et associations, actions en faveur du bénévolat, construction et rénovation d’installations sportives, recrutements, augmentation des horaires d’EPS, augmentation du budget de l’UNSS… Il y a donc nécessité à inscrire une véritable politique publique du sport en France qui dépasse les simples mesurettes prises au coup par coup.

Une grande loi d’orientation et de programmation est de plus en plus nécessaire.

L’ouverture des débats budgétaires aurait dû être l’occasion de vérifier la sincérité des engagements d’E. Macron et des gouvernements, pour faire de la France une « nation de sportifs et de sportives » en cette année du sport comme « grande cause nationale ». Les projets de budget tels qu’ils sont mis en débat sont, de ce point de vue, effectivement très éclairants !

L’héritage des JOP à l’aune des budgets

Le sport : 0,2 % du budget de l’État

Sur le volet « sport », on constate un budget en baisse.

La majorité des crédits reste affectée au plan d’équipements sportifs de proximité, le financement de la mesure pass’sport et la sécurisation de la reconversion des ouvrages olympiques. La priorité reste donc au « fameux » plan 5 000 équipements qui ne servent ni aux clubs, ni aux associations, ni aux scolaires, alors que la France a un besoin urgent et criant d’un grand plan de rénovation/construction de gymnases, de piscines… Le projet de budget pour 2025 fait état d’un recul de 273 millions d’euros des crédits pour le sport (-188 millions pour la mission sport, -85 millions pour les derniers financements liés aux Jeux olympiques et paralympiques) ; le gouvernement ayant décidé de geler en 2025 le versement de 100 millions d’euros en direction des collectivités locales pour la construction d’équipements sportifs. Les moyens alloués au sport sont en baisse de plus de 12 %, passant de près de 830 millions à près de 730 millions.

Les moyens alloués au sport sont en baisse de plus de 12 %…

La plupart des subventions aux associations sportives transitent toujours par l’Agence Nationale du Sport, avec une partie 4 des crédits qui est directement gérée par des fédérations sportives qui sont des structures privées (enveloppes ANS-PSF Projets Sportifs Fédéraux). ANS, SOLIDEO, PASS’SPORT, … il reste très peu de crédits à la main du ministère !

Les politiques sportives ne commencent ni ne s’arrêtent au ministère des sports

Par son rôle d’acculturation de l’ensemble de la jeunesse, la lutte contre les inégalités d’accès à la pratique physique et sportive, la découverte de la rencontre, du dépassement de soi… via les associations sportives scolaires, l’Éducation nationale avec ses enseignant·es d’EPS est fortement engagée dans la promotion et le développement du sport en France. Mais là encore, les projets de budget montrent que les JOP n’ont eu, pour l’heure, aucun impact. La mise en avant constante des 30 minutes d’activités physiques quotidiennes dans le 1er degré et les deux heures de sport supplémentaires au collège ne sont que des cache-misères visant à masquer la vacuité des ambitions portées pour le développement du « sport à l’École ». Tout l’héritage semble relever de ces deux dispositifs dont chacun·e sait qu’ils ne fonctionnent pas ! Les évaluations du Sénat et de l’INJEP le démontrent une fois de plus.

Pour ne prendre que quelques chiffres du budget, les centaines de suppressions prévues dans le 2nd degré vont, de nouveau, diminuer le nombre d’enseignant·es d’EPS et donc d’animateurs·rices d’AS (pour rappel plus de 1 000 postes de profs. EPS ont été supprimés depuis 2017). L’argument utilisé, la baisse démographique, n’est que poudre aux yeux quand on sait que les précédentes suppressions de postes intervenaient dans un contexte d’augmentation du nombre d’élèves. Cette baisse aurait dû être mise à profit pour diminuer le nombre d’élèves par classe et donc renforcer leur temps de pratique effective.

Les collectivités territoriales en difficulté

Les collectivités territoriales, financeurs majeurs du sport et du sport scolaire (sur les 20 milliards de deniers publics qui financent le sport en 2024, les collectivités soutiennent à hauteur de 12,5 milliards), sont accusées d’avoir généré 16 milliards de dépense supplémentaire et sont donc sommées de trouver 5 milliards d’économie.

Ces économies vont-elles directement impacter les aides aux associations sportives, au sport scolaire, le financement des installations ? (le budget adopté de justesse à l’AG de l’UNSS risque encore d’être contredit par les réalités économiques).

À la lecture de ces quelques éléments non exhaustifs, on s’aperçoit que de la parole aux actes, il y a un gouffre. Les mauvaises orientations et gestions budgétaires (construites ou non) entraînent toujours les mêmes effets dans une société guidée par un libéralisme exacerbé : une privatisation rampante et une augmentation du coût des licences pour les pratiquant·es…

Des solutions existent

Pour ne prendre que la question de l’EPS et du sport scolaire, des possibilités de financement existent à l’interne du système éducatif. Il « suffirait » de réaffecter les budgets SNU, expérimentation de l’uniforme, pacte, 2h de sport supplémentaires… au développement des pratiques pour faire un saut qualitatif non négligeable !

Il « suffirait » de réaffecter les budgets SNU, expérimentation de l’uniforme, pacte, 2h de sport supplémentaires… au développement des pratiques pour faire un saut qualitatif non négligeable !

Mener campagne fortement pour engager un processus permettant de construire un réel impact des JOP sur les pratiques scolaires du sport est essentiel dans la période et pour l’avenir. Cette campagne articulée autour des 4h d’EPS doit prendre en compte toutes les dimensions de son effectuation (équipements sportifs, contenus, effectifs classe, formation…). Ce combat de longue durée doit nous engager tous et toutes, individuellement dans nos pratiques quotidiennes et collectivement.

Tous les moments et lieux de rencontres doivent être investis pour porter haut et fort nos revendications pour une tout autre place du sport dans notre société.

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Aussi bien les besoins sociaux criants, en rapport à la sédentarité galopante chez les jeunes notamment, que le plébiscite de l’EPS auprès des élèves (enquête SNEP-FSU, avril 2022) et des parents etc, donnent raison à la revendication du SNEP-FSU de porter immédiatement les horaires de l’EPS à 4 h