Le 1er octobre 2024 a eu lieu la rentrée parlementaire suite aux élections législatives. Les travaux vont s’orienter sur la préparation du PLF (projet de Loi Finances) 2025.
La préparation du budget de l’État est cruciale : quels investissements nécessaires pour l’avenir : l’écologie, les Services Publics, l’École, l’EPS, les collectivités territoriales ? Quelles ressources nouvelles pour répondre aux enjeux ? Cette année, la situation politique fait de ce temps un enjeu déterminant. Le gouvernement va tirer vers l’austérité, quand de nombreux.ses député.es demanderont des investissements pour les Services Publics.
Les ressources ne manquent pas dans notre pays où les richesses s’accumulent en « haut de la pyramide » (les 500 familles les plus riches de France accumulent 1 228 milliards d’euros en 20241 ; la France a versé 54,3 milliards d’euros de dividendes au deuxième trimestre 2024, se classant au premier rang des pays d’Europe2. Ces deux chiffres sont des records inédits). Mieux répartir les richesses est une nécessité pour permettre à tous et toutes d’accéder à une Education de qualité.
Nous vous appelons donc à agir massivement pendant les discussions budgétaires pour faire résonner à l’Assemblée nationale la réalité des conditions d’exercice.
Le rapport de force devra se poursuivre par les mobilisations, avec les usager.es pour construire les conditions d’une Ecole de qualité. Nous vous appelons aussi à démultiplier les rencontres avec les élu.es et député.es.
Attaché aux valeurs de la République et à l’égale dignité humaine, le SNEP-FSU vous propose un outil qui vous permet d’interpeller les député.es de votre département (hormis ceux du Rassemblement National)*.
- https://www.challenges.fr/classements/fortune/2024/
- La Tribune, sept 2024, « La France, championne d’Europe des dividendes au 2ème trimestre »
* Pour les 5 départements où tous les député.es sont du RN, l’interpellation est proposée à l’ensemble des député.es de l’académie.
J’interpelle mes députés
Le message envoyé
Madame, Monsieur la.le député.e,
Je vous adresse ce courriel dans la période de construction du budget de l’Etat pour 2025. Ceci pour vous faire part des conditions d’enseignement dans les établissements scolaires en Education Physique et Sportive (EPS).
Notre pays vient d’accueillir les JOP. Ces derniers ont notamment montré que les pratiques sportives sont sources d’émancipation, de fraternité, de dépassement, de progrès humains et d’inclusion. Pourtant, la France se classe 119eme sur 146 pays concernant l’activité physique des adolescent.es et des inégalités fortes persistent concernant l’accès aux pratiques sportives (femmes/hommes, catégories sociales, handicap…). Il est urgent que la culture sportive soit renforcée dans notre pays. Cela passe évidemment par une véritable politique publique du sport en France avec une aide au développement des clubs et associations (entre autre) mais aussi par une amélioration de l’EPS et du sport scolaire de la maternelle à l’université car l’Ecole est un lieu où toute une génération, sans discrimination, se confronte à la culture, aux apprentissages, où des habitus de pratiques se construisent.
Pourtant, à la rentrée 2024, dans les établissements scolaires du 2nd degré public, plus de 1 456 heures hebdomadaires d’EPS n’étaient pas assurées sur le territoire national faute de recrutement1).
Le nombre d’élèves par classe explose et des classes à plus de 28 élèves ne sont pas rares en collège, comme celles à plus de 35 en lycée*. Ainsi le temps de pratique se réduit d’autant pour les élèves.
Cela résulte de choix politiques des précédents budgets qu’il faut inverser pour ne pas encore dégrader l’accès à la culture sportive de l’ensemble de la jeunesse. Dans le second degré public, de la rentrée 2017 à la rentrée 2023, il y a eu 1 379 suppressions de postes d’enseignant.es titulaires en EPS, pour une augmentation de 28 150 élèves. Sur la période, le recours à la précarité a progressé de + 195% (passant de 491 professeur.es d’EPS contractuel.les à 1 453)2 .
Le dernier rapport de l’OCDE (Regard sur l’Éducation 2024) montre que la France reste le pays européen où le nombre d’élèves par classe en collège est le plus élevé, avec une moyenne de 25.3 élèves par classe alors que la moyenne des 23 pays de l’Union européenne est à 20.7 !3)
Il est donc indispensable de réduire des effectifs par classe, de permettre de couvrir tous les besoins avec des personnels titulaires, mais aussi de développer l’horaire d’EPS durant la scolarité pour renforcer la culture sportive dans notre pays. Il serait nécessaire de porter dans les années qui viennent l’EPS obligatoire à 4 heures hebdomadaires, proposition portée par de nombreux partis politiques, élu.es, médecins, fédérations de parent d’élèves, associations étudiant.es, et lycéen.nes, associations internationales, sportif.ves de haut niveau4…
C’est pourquoi, je vous appelle à avoir une attention particulière pour renforcer le budget de l’Education :
- Pour des créations de postes de titulaires dans toute les matières et pour des équipes pluri-professionnelles (infirmier.es, administratifs, CPE, AESH..)
- Pour des créations de postes de titulaires en EPS pour permettre la continuité du service public et la baisse du nombre d’élèves par classe. Le SNEP-FSU revendique un plan pluriannuel de 1 500 recrutements par an, comprenant une résorption de la précarité par le CAPEPS interne, pendant au moins 5 ans.
Nous vous appelons à une attention particulière concernant le budget des collectivités territoriales dont dépendent aussi les constructions d’installations sportives indispensables pour le développement de l’EPS et du sport.
Je tenais aussi à vous rappeler que si certains revenus augmentent fortement, les traitements des fonctionnaires décrochent au regard de l’inflation depuis des années (perte de plus de 20% de la valeur du point d’indice par rapport à l’inflation depuis 2000). Cela dégrade les conditions d’exercice des personnels et contribue à la crise d’attractivité des métiers de l’éducation. Cette crise d’attractivité est un danger immense pour l’avenir de notre pays qui repose sur une éducation de haut niveau. Il sera donc indispensable d’augmenter le point d’indice des fonctionnaires et d’indexer son évolution sur l’inflation. En espérant que vous serez attentif.ve à la réalité du terrain des établissements scolaires et du besoin de développer l’EPS pour préparer un budget à la hauteur des ambitions de la 7eme puissance mondiale, je vous prie d’agréer, Madame, Monsieur la.le député.e, mes sincères salutations.
- État des lieux de l’EPS réalisé par le SNEP-FSU (sur 1 300 établissements scolaires [↩]
- RERS, p324 « Enseignants en charge d’élèves à l’année dans le 2nd degré ») [↩]
- OCDE, 2024, Regards sur l’éducation (https://stat.link/0qac5u [↩]
- Vous retrouverez de nombreux soutiens ici : https://snepfsu.fr/eps2024/soutiens-eps2024/ [↩]