Le sport à l’école, un enjeu éducatif, social et sanitaire : interview

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Stéphane Diagana répond aux questions de Bruno Cremonesi

Stéphane Diagana a été largement cité suite à son interview sur France télévision pendant les mondiaux d’athlétisme. Il revient sur ses idées en proposant de valoriser l’EPS pour améliorer la place du sport à l’école et d’ouvrir un travail entre le monde sportif et l’école pour faciliter la continuité de la pratique sportive.

Bruno Cremonesi : Vous avez été repris dans la presse pour votre regard critique sur le sport. Pouvez-vous revenir sur votre idée ?    

Stéphane Diagana : Pour remettre dans le contexte, c’était pendant les championnats du monde d’athlétisme. La France n’avait pas encore de médaille et de nombreuses critiques étaient émises à l’encontre de la Fédération Française d’Athlétisme et plus largement du sport en France. 

Les attentes sont fortes car c’est une grande nation. Nous pourrions en optimisant un peu notre travail au sein de la fédération augmenter le nombre de médailles. Mais nous avons en France un problème de culture dans le rapport au sport. Plus précisément dans la place du sport dans la société.

Dans un sport comme l’athlétisme où il y a 45 pays médaillés pour les 147 médailles possibles, pour en avoir 7 ou 8, il faut devenir une place forte de l’athlétisme. Dans l’état actuel de la place du sport à l’école, ce n’est pas possible.

Cela concerne bien sûr l’EPS qui n’est pas assez valorisée et le sport à l’école, comparativement à d’autres pays.  C’est en ce sens que je parlais d’un problème de culture et de moyens.

Tant qu’on ne reconnaîtra pas plus la contribution éducative, sociale et sanitaire de la pratique sportive régulière à l’école ou en dehors, nous ne pourrons pas avoir les moyens, contrairement à d’autre pays.

La deuxième dimension, c’est le sport et l’école. Les rythmes scolaires ne permettent pas d’avoir une continuité de l’entrainement et de la pratique. Lorsque les jeunes quittent vers 17h ou 18h avec beaucoup de devoirs, ils abandonnent. 

B.C. : Les sections sportives scolaires (SSS) peuvent-elles répondre à ce besoin ? 

S.D. : Trop peu. Sur Nice par exemple, 5ème ville de France, il y a une seule section sportive d’athlétisme en collège et aucune en lycée. 

Les SSS sont un espace entre le monde sportif et l’EPS. L’enseignant d’EPS accompagne les jeunes, les oriente vers le monde du sport pour continuer en compétition et pour une partie jusqu’au plus haut niveau.

C’est souvent une volonté personnelle, sans soutien institutionnel ni moyens pour garantir la création de SSS sur tout le territoire.

Cependant, si la SSS constitue un vivier de jeunes sportifs, le nombre de pratiquants ne cesse de décroitre au fur et à mesure que les élèves avancent dans leur scolarité.

Dans mon club, les parents expliquent que les enfants ne pourront s’entrainer que deux fois par semaine du fait de leur emploi du temps et des devoirs. D’autres pays en tiennent compte, nous pourrions ouvrir un chantier à ce sujet.

B.C. : Vous avez fait référence aux tests en Slovénie. Pensez-vous que ces tests permettraient vraiment d’améliorer les résultats sportifs ? Qu’est ce qui empêche dès aujourd’hui les profs d’EPS d’aiguiller vers les clubs ?

S.D. : En termes de santé publique c’est un message fort pour sensibiliser les jeunes à leur santé. Je travaille dans la commission interministérielle Delandre qui croise le sport et la santé. Il y a une nécessité de faire comprendre aux jeunes que le corps n’est pas simplement quelque chose que l’on trimballe avec soi mais le cœur de notre projet de vie. Le corps c’est la santé et il s’entretient par l’activité physique. L’école doit être le lieu de la sensibilisation à la pratique physique et sportive car tout le monde ne passe pas dans un club. La priorité est d’abord à ce niveau-là ! Si cela permet aussi de détecter certaines capacités et de les aiguiller vers des clubs, c’est un plus.

Certains profs d’EPS le font déjà, d’autres non. Il y a une défiance envers les clubs. Il faut mieux se connaître et redonner sa place au sport en EPS. L’institution ne les accompagne pas assez à ce niveau.

Le monde sportif pourrait peut-être travailler à « un label » qui pourrait rassurer. Mais il faut surtout trouver des espaces pour discuter et travailler ensemble.

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