Les groupes de niveaux : une cascade de conséquences néfastes !

Par Claire Sackepey

Il s’avère que depuis l’annonce de Gabriel Attal sur les groupes de niveaux, des conversations houleuses naissent parfois en salle des profs. Certain·es voient « organisation », d’autres parlent au nom de « l’intérêt » des élèves… d’autres se taisent par peur de dire une bêtise, tout en pensant que finalement les groupes de niveaux, ce ne serait pas si mal, manquant d’arguments convaincants. D’autres encore se trouvent complètement découragé·es de voir comment évolue l’école démocratique pour laquelle ils/elles ont signé en début de carrière. Elles ne sont que l’infime reflet des suites que nous pouvons entrevoir sur ce sujet à l’avenir.

Le casse-tête des emplois du temps  

La création de ces groupes va imposer la mise en place de classes en barrettes ce qui va péniblement peser sur les contraintes d’emploi du temps des professeur·es de mathématiques et de français, mais par répercussion sur les emplois du temps des profs d’EPS, souvent contraint·es d’autre part par les installations sportives. Des efforts sur les programmations ont déjà été demandés à certaines équipes EPS pour assouplir le dispositif.

En plus des problèmes d’emploi du temps, les collègues nous ont déjà fait part des difficultés à se répartir les services (2h par ci… 2h par là sans suivi d’une classe complète, qui prend quel groupe etc… ?)

La création de ces groupes va imposer la mise en place de classes en barrettes ce qui va péniblement peser sur les contraintes d’emploi du temps des professeur·es de mathématiques et de français, mais par répercussion sur les emplois du temps des profs d’EPS, souvent contraint·es d’autre part par les installations sportives

Nous entrevoyons également, dès à présent, des contraintes tellement fortes que des cours placés potentiellement le mercredi après-midi pourraient menacer le déroulement du Sport Scolaire.

Par ailleurs, comment les enseignant·es de maths et français pourront-ils assurer les rôles de professeur·e principal·e alors qu’ils/elles n’auront qu’un tiers de la classe ? Cette mission va forcément incomber aux autres disciplines.

Cette situation va inévitablement tendre les relations avec les chef·fes d’établissement !

Une explosion de la DHG

Pour bien faire les choses, la création des groupes de niveaux va-t-elle être pensée en 3 classes = 4 groupes par exemple ? Si l’on applique les consignes concernant une baisse d’effectifs sur les groupes les plus faibles, il faudra nécessairement plus d’heures postes. Cette organisation va demander une ponction des heures dans la DHG en concurrence avec les projets existants. Bien entendu, nous devons également compter sur les

temps de concertation qui devront être prévus régulièrement pour permettre de faire le point sur les progrès des élèves et leur permettre d’évoluer dans les groupes. Avec quels moyens ? Nous craignons des répercussions directes sur l’EPS : perte du prof « renfort » en natation, des dédoublements sur les APPN, des sections sportives… Cela va inévitablement tendre les relations entre les équipes disciplinaires mises une nouvelle fois en concurrence.

Du tri scolaire au tri social, il n’y a qu’un pas !

Rappelons que les groupes de niveaux seraient établis à partir des évaluations communes de début d’année. Des évaluations ponctuelles, inégalitaires, qui vont catégoriser les élèves dans des groupes d’où ils/elles auront peine à se sortir pour les plus faibles (cf études exposées précédemment). Que faisons-nous des élèves « dys » à ce stade ? Des parents très inquiets nous ont déjà alertés à ce sujet.

Aurons-nous les moyens de réellement étudier chaque cas d’élève pour lui permettre d’évoluer ? Les collègues de maths et français vont-ils/elles mettre en place des évaluations différenciées ou communes ? Sans compter le travail de concertation que cela va engendrer, comment les élèves et les parents vont-ils pouvoir se situer ? Cela va inévitablement tendre les relations avec les familles !

Se soulève également la question des nombreux AESH souvent accompagnants des élèves les plus faibles et de leur rôle à venir (mutualisation des accompagnements ?)

De plus, il va devenir compliqué de mettre en place des projets pédagogiques, enrichissants pour les élèves, face à des groupes classes complètement éclatés la plupart du temps.

Pour toutes ces raisons, nous vous invitons à présenter dans tous les CA des motions explicatives des contraintes successives aux annonces et des répercussions concrètes dans les établissements, et à engager la discussion avec nos collègues en salle des profs.

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