Par Benoît Hubert
Enfermé dans une vision réactionnaire sous couvert de modernisme, Macron porte un regard déformé et très contestable de la jeunesse. Cette dernière ne s’engagerait pas, ne partagerait pas les « valeurs de la république », n’en respecterait pas les principes comme celui de la laïcité, ne porterait pas haut les couleurs de la France…
Pour y remédier, dès sa campagne de 2017, il a imposé le Service National Universel ! Après 3 ans d’expérimentation sur la base du volontariat, c’est maintenant la question de sa généralisation et de son obligation.
Généralisation et obligation du SNU
Si deux scenarii sont sur la table : continuer comme maintenant en multipliant les sessions ou sur un seul temps pris sur le temps scolaire, c’est ce second scenario qui semble être celui qui a la référence… Outre les aspects militarisant très contestable avec lever du drapeau tous les matins, Marseillaise quotidienne, « cours » sur la défense…, ce SNU dans sa construction et ses objectifs est un mépris supplémentaire du travail quotidien des enseignant·es.. Alors que ces valeurs et principes, le respect des différences, le vivre ensemble… font partie intégrante de l’action quotidienne des personnels de l’Éducation, le SNU se propose en quinze jours de reprendre l’ensemble pour proposer un prêt-à-penser loin du développement de l’esprit critique et de l’émancipation de la jeunesse.
Si l’option de généralisation sur le temps scolaire était retenue pour les élèves de seconde et de première CAP, les impacts sur l’éducation ne seront pas négligeables. Les 36 semaines suffisent à peine à boucler les programmes et la contraction du temps scolaire sur 34 semaines mettrait sous tension enseignant·es et élèves ; le besoin en personnel d’encadrement sera extrêmement fort et pour cela, le secrétariat d’État envisage de les CDIser en trois tiers (1/3 éducation nationale, 1/3 éducation populaire, 1/3 anciens personnels en uniforme). Après la suppression de près de 8 000 postes, on envisage donc de mettre en détachement des centaines de personnels de l’éducation et de l’éducation populaire, alors même qu’ils sont déjà en nombre très insuffisants…
Le SNU facteur de mixité sociale
La nécessité de mixité sociale est souvent mise en avant pour la défense du SNU mais qui veut-on duper ? Faire se côtoyer tous les jeunes de différents milieux pendant quinze jours pour qu’ensuite chacun·e retourne dans un entre soi n’a aucun sens. C’est de la poudre aux yeux !
Les 2 à 3 milliards que coûtera le SNU seraient bien plus utiles à l’Éducation et à un travail sérieux sur la mixité scolaire.
L’obligation, une réalité ?
Ne manipulant pas d’arme, l’objection de conscience ne peut être invoquée mais les refus pourraient quand même être massifs. La solution trouvée réside dans l’intégration des maquettes SNU de la certification Journée Défense et Citoyenneté. Cette dernière étant obligatoire pour le baccalauréat, le permis de conduire, l’inscription dans les universités ou encore pour passer les concours de la Fonction publique, il devient très difficile pour un jeune de refuser de participer…
La volonté d’imposer le SNU sur le temps scolaire imposera de modifier la loi et notamment l’article L521-1 qui fixe le temps scolaire à 36 semaines découpées en cinq périodes de durées comparables. Toucher au code de l’Éducation est toujours un risque majeur avec la macronie qui pourrait en profiter pour installer encore plus sa vision libérale de l’Éducation.
Pour le SNEP-FSU, le SNU c’est toujours NON et, le moment venu, il nous faudra lutter pour imposer un autre avenir à notre jeunesse !