Par Gwénaëlle Natter
Si l’identité de la ministre chargée des sports intéresse beaucoup les medias, c’est qu’elle révèle, de façon symbolique, la place que le gouvernement souhaite accorder au sport dans la société, notamment dans la perspective des jeux de 2024. Les personnels Jeunesse et Sports sont quant à eux très résignés.
Ces 15 dernières années, quels que furent l’identité des ministres en charge des sports (sportif.ve de haut niveau ou personnalité politique), leur statut (ministre de plein exercice, ministre délégué.e ou secrétaire d’Etat), leur périmètre d’intervention (sports, jeunesse et sports, santé et sports, ville et sports, éducation nationale jeunesse et sports, …), le quotidien des personnels JS n’a cessé de se dégrader.
Alors qu’il y avait plus de 8 000 agents J&S en 2003, les effectifs actuels sont d’environ 4 000 personnels JS. Les statuts des personnels techniques et pédagogiques ont été attaqués, leurs missions dévoyées et leur activité recentrée sur la gestion de «dispositifs » ou l’organisation de contrôles, au détriment des «missions de développement ». Ces dérives s’expliquent par des choix politiques ne touchant pas le seul périmètre ministériel J&S, et qui se sont notamment traduits par la création de services interministériels et d’agences.
Dans ce contexte, le changement d’interministérialité du périmètre J&S en 2020/2021, pour quitter les ministères sociaux et se rapprocher de l’Education Nationale, a été perçu comme un signal positif pour l’avenir de Jeunesse et Sports. Mais force est de constater que les ministres ENJS ne se sont pas opposés à la montée en puissance de l’Agence Nationale du Sport, qui est pourtant une coquille vide incapable de mettre en oeuvre les missions J&S qui lui ont été confiées sans les moyens du ministère ! En effet, l’Agence redistribue en son nom des crédits qui émanent à 100% du ministère chargé des sports, tout en mobilisant directement ou indirectement la plupart des personnels JS sur tous les territoires. Un scandale !
Aujourd’hui, les personnels JS doivent donc à la fois exercer leurs missions historiques pour le compte d’une Agence mais aussi répondre à de nouvelles demandes en matière de politiques interministérielles, et ce alors qu’ils sont 2 fois moins nombreux qu’avant !
Pour le SNEP-FSU, un changement de braquet s’impose et s’il est indispensable d’augmenter les moyens consacrés au sport, il faut aussi et surtout redonner la main à la ministre chargée des sports sur ses crédits et ses personnels.