Un ratio stock dette sur PIB  annuel (un non-sens !) et des agences de notations : des outils pour faire peur et accepter l’austérité !

Par Pascal Anger

  1. Le ratio dette sur PIB en % : un non-sens !

Le débat public et médiatique est abreuvé de ratios économiques. Ces ratios sont souvent des calculs inopérants, car ils comparent des choses (des chiffres) de natures différentes. Le ratio le plus pernicieux est celui qui compare les stocks avec des flux, par exemple, et dont le ratio dette (un stock sur plusieurs années) sur PIB (un flux sur une année) en est l’illustration.

C’est un énoncé « rabâché » en permanence dans les discours dominants et qui est un non- sens ! Le total de la dette publique, qui est un stock, ne peut être rapporté à un flux annuel qu’est le PIB. Ensuite, la durée moyenne d’un emprunt actuellement (source France Trésor (https ://www.aft.gouv.fr/) est de 8 ans et 179 jours au 29/02/2024.

Donc, si on doit faire un ratio sur PIB, soit on le fait en divisant le stock par 8,5 sur un PIB annuel, soit sur un total de 7 années de PIB moyen… En calculant sur la 1ère hypothèse, on tombe à 12,5 % de dette environ sur PIB, ce qui change par rapport au 109 % de dettes sur PIB en 2023 ! (un PIB en 2023 autour de 2 818 Mds et un stock de dettes d’environ 3 000 Mds).

B. Les titres ou obligations de dettes publiques françaises sont très demandés

Les agences de notation n’y changeront rien.

La dette française est toujours une valeur sûre pour les marchés financiers. Soulignons que les agences de notation qui évaluent les dettes publiques des pays sont des organismes privés, n’ont aucune légitimité démocratique ni sont contrôlées par des instances publiques.

Ces agences sont des outils qui participent aux logiques des marchés financiers qui veulent influer sur les dépenses publiques des États aux profits du secteur privé. Elles évaluent la solvabilité, soit la qualité de pouvoir payer les intérêts et la capacité à réemprunter pour rembourser le capital à terme, et éventuellement les risques de défaut ou de difficultés de paiement des intérêts. Même les USA, pays avec un ratio de 125 % sur PIB (mais un non-sens), ont perdu leur triple AAA en août 2023 et aucun marché financier n’hésite à prêter aux USA.

Cette note, quand elle est dans les catégories B (solvabilité moyenne) ou C (peu sûre), fait monter la prime de risque (intérêt du prêt) demandée par les marchés financiers lorsque ces États veulent emprunter.

Aussi, même si certaines agences de notation dégradaient encore d’un A la note de la France, elle resterait encore dans la catégorie A (considérée comme sûre). Une éventuelle dégradation de la note ne changera pas les taux d’intérêts auxquels l’État français empruntera, car la dette publique française reste très demandée par les marchés.

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