27 Milliards de « recettes effacées » en 2023 pour l’Éducation

Par Pascal Anger

C’est la déduction comptable que l’on fait, année après année depuis 1996, du document de travail officiel et rendu public de la DEPP (Direction de l’Évaluation, de la Prospective et de la Performance) sur la Dépense Intérieure d’Éducation (DIE) n° 2024-E08, de septembre 2024 qui titre : « 189,9 milliards (Mds) d’euros consacrés à l’éducation en 2023 : 6,7 % du PIB » (- 0,1 % par rapport à 2022)

Note intégrale de la DEPP sur le financement de l’Éducation (la DIE) pour 2023

Dans le résumé de la note, on y lit en introduction : « Hausse des dépenses d’éducation en 2023 en prix courants (+ 4,7 %) mais recul en prix constants (- 0,5 %) compte tenu de l’inflation ».

Les pouvoirs politiques de notre pays, depuis 1996, n’engagent plus dans le système éducatif, de la maternelle à l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (ESR), le même pourcentage de DIE par rapport au PIB (indicateur monétaire de la richesse produite sur une année). Celui-ci est à la baisse globale depuis 27 ans.

Ainsi en 1996, la France consacrait l’équivalent de 7,7 % de son PIB à la DIE. En 2023, elle ne consacre plus que 6,7 %, soit 1 point de pourcentage en moins (PIB certifié de 2 822,5 Mds en 2023 Source Insee). L’année 1995 est considérée par beaucoup d’analystes de l’éducation, comme le début de la panne de la démocratisation en France.

Il manque donc au moins 27 milliards (Mds) de recettes supplémentaires pour la « Dépense Intérieure d’Éducation » (DIE), de la maternelle à l’ESR, en 2023.

Évolution de la DIE (en prix constants, prix 2023) et de sa part dans le PIB (en %)

Source : DEPP, Compte de l’éducation

Note : p : provisoire
Lecture : en 2023, la DIE s’élève à 189,9 milliards d’euros (courbe avec échelle de droite), ce qui représente 6,7 % du PIB (bâtons avec échelle de gauche). Pour passer des prix courants, observés à une date donnée, aux prix constants, corrigés de la variation des prix, le déflateur utilisé est le prix du PIB (source Insee). Celui-ci s’obtient à partir des évolutions du PIB en valeur et en volume (à prix courants et constants).
Champ : France

Donc, si la France avait consacré en 2023 le même pourcentage de richesse du PIB qu’en 1996, elle aurait dû engager 217,4 Mds au lieu de 189,9 Mds. Soit au moins 27 Mds en plus alimentant principalement * les budgets MEN et MESR (budget initial prévu en 2023, respectivement 60,3 Mds et 30,6 Mds).

Ce montant de la DIE, c’est-à-dire cet investissement, devrait être dimensionné d’abord en partant des véritables besoins d’enseignement pour faire réussir nos élèves/étudiant·es. Les horaires disciplinaires, les effectifs, les maxi par classe/groupe, les m2, les différents personnels… Doivent être des critères de base, a minima, pour chiffrer cet investissement, qui lui, créera de toute façon de la richesse de diverses natures.

Imaginer ce que ce montant supplémentaire aurait comme effet levier sur la démocratisation, la réussite, nos conditions de travail et de salaires… (par exemple : 1 Md peut créer au moins 13 000 postes, cotisations comprises) !

Alors une question :
Pourquoi idéologiquement, consacrer moins en % du PIB pour la DIE en 2023 (notons moins de 0,1 % par rapport à 2022 !) qu’en 1996, alors que depuis les années 1990 il y a plus d’élèves, d’étudiant·es et d’exigences (individualisation, inclusion, orientation…) ? Ces dépenses publiques seraient inutiles ou non productives ? Mais pour qui ?

Ceci relève bien de choix politiques très discutables et un de nos problèmes centraux à faire sauter pour l’intérêt général !

*Dans la DIE est incluse la dépense des ménages, des entreprises et des collectivités. La part de l’État est de 55,1 %, collectivités 23 %, entreprises 10,4 % et ménages 7,9% et autres administrations publiques 3,7%

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