Une grande campagne pour plus et mieux d’EPS et de sport scolaire
A moins d’un an des Jeux Olympiques et Paralympiques, le SNEP-FSU a décidé de mettre un coup d’accélérateur à ses revendications, en profitant de la fenêtre médiatique et politique ouverte. Cette grande campagne pour l’EPS et le sport scolaire repose sur des remontées de terrains indiscutables qui renforcent une volonté de bénéficier d’un héritage à construire au bénéfice des élèves et des enseignant·es.
Depuis de nombreuses années, le constat d’une dégradation de l’enseignement de l’EPS et des conditions d’exercice est partagé par l’ensemble des acteurs et actrices de terrain. Le SNEP-FSU, dans les orientations qui sont les siennes, s’en est emparé pour les dénoncer mais aussi pour proposer et revendiquer des pistes d’amélioration. Que ce soit sur les installations sportives, les effectifs de classes, le temps de travail, les injonctions et prescriptions, les parcours professionnels, la revalorisation des métiers, les mobilités, les fins de carrières, les contenus… le SNEP-FSU a été de toutes les batailles et a porté dans tous les lieux des revendications à même d’améliorer significativement la situation. Si elles n’ont pas encore donné lieu aux changements escomptés, la prise de conscience publique et même politique (vous le verrez dans ce dossier) est de plus en plus forte. Les annonces du président de la République et du ministère faisant mine de se préoccuper des pratiques physiques et sportives des jeunes sont régulièrement interrogées et les effets de leurs communications s’estompent devant une réalité bien peu reluisante.
Pour appuyer cette campagne et la faire reposer sur des éléments indiscutables, le SNEP-FSU a débuté cette année par la constitution d’un état des lieux sur la base d’une enquête à remplir par chacun et chacune d’entre vous. Les chiffres dont nous disposons vont même au-delà de ceux que nous aurions pu définir empiriquement.
A partir de ces éléments, de nombreuses initiatives vont se construire dans les départements, les académies, tout au long de l’année, avec un temps fort au mois de mars. Y participer, c’est faire vivre une année qui doit être celle de l’EPS et du sport scolaire ! Nous vous y attendons.
L’état des lieux du SNEP-FSU a été réalisé du 1er au 18 Septembre 2023
1 883 collègues ont répondu, soit 1 755 établissements différents (68 % de clg, 13 % de LGT, 9 % de LP, 9 % de LPO, 0.6 % d’EREA).
« Un prof devant chaque classe », vraiment ?
Dans plus de 10 % des établissements, des heures n’étaient pas assurées en EPS dès la rentrée.
Cela représentait 2 579 heures hebdomadaires, l’équivalent de 40 collèges de taille moyenne !
Ce chiffre est en augmentation de 30 % par rapport à la rentrée 2022 et de 87 % par rapport à 2019. Cela n’empêche pas les ministres de communiquer ! La planification d’un vaste plan de recrutement pour faire face aux besoins est une nécessité.
Les effectifs débordent… toujours…
44 % des collèges classés en éducation prioritaire ont des classes à 26 élèves et plus. Ailleurs, plus de 87 % des collèges connaissent des classes à 28 élèves et plus.
Place de l’EPS et héritage scolaire des JOP
Depuis 2017, date d’attribution des JOP à Paris, 90 % des collègues estiment que la place de l’EPS est dégradée (pour 33 % elle est « en danger », pour 58 % elle est « malmenée »). 8 % des collègues ne se prononcent pas, quand seulement 1 % estime que sa place a été renforcée.
Au vu de la situation à quelques mois de l’événement, 82 % des collègues pensent que la tenue des JOP ne renforcera pas la place de l’EPS et du sport scolaire.
Pour un héritage scolaire des JOP 2024, il faudra impérativement agir pour obtenir « plus et mieux » d’EPS (horaires, équipements, formation…)
Programmes EPS
Seuls 3 % des collègues jugent les programmes satisfaisants. 57 % estiment qu’ils ne sont que partiellement satisfaisants, quand 39 % les jugent insatisfaisants.
Pour 63 % des collègues de lycées, le temps de pratique motrice a diminué depuis les nouveaux programmes LGT et LP (2019).
La rénovation des programmes disciplinaires semble incontournable. Le SNEP-FSU appelle le ministère à ouvrir immédiatement le chantier des programmes.
Une résistance majoritaire au Pacte
Dans plus de 60 % des établissements, toute l’équipe EPS refuse d’entrer dans le Pacte. Là où des missions sont prises, cela concerne le plus souvent une minorité de l’équipe. Le SNES-FSU fait état de 30 % d’établissements où aucune mission n’est prise. Nous continuons à appeler à un refus collectif du Pacte.
Le rapport de force déjà bien engagé, qui a contraint l’administration à abonder en HSE et IMP cette année, doit permettre que les sommes attribuées au Pacte basculent vers une hausse des rémunérations pour tous et toutes.
Marche sportive ?
Pour 71 % des établissements le temps hebdomadaire perdu en EPS par classe est de moins de 20 minutes. Pour les autres, il est bien plus conséquent :
- Entre 20 et 40 minutes : 22 %
- Entre 40 minutes et 1 heure : 4 %
- Plus d’une heure : 3 %
Le temps à l’emploi du temps n’est pas celui de la pratique effective, il faut donc développer des installations sportives intra-muros ou à proximité immédiate des établissements.
Les salles de classe en l’EPS
25 % de la profession estime avoir des équipements totalement satisfaisants. Pour 29 %, les installations sportives sont insuffisantes (en nombre et en qualité) et pour 46 % « partiellement satisfaisantes ».
¾ de la profession estime donc qu’il faut améliorer les équipements pour l’EPS. Le SNEP-FSU porte la revendication d’un plan de construction de 1 000 gymnases et piscines adaptés et écoresponsables sur le territoire.
Sport Scolaire
40 % des AS se déclarent en difficulté. Essentiellement concernant le coût des transports, le coût du contrat licence et les cours le mercredi après-midi. Dans 18 % des établissements, il y a cours le mercredi après-midi. Cela concerne 55 % des lycées.
Pour 89 % de la profession, les orientations budgétaires de la direction nationale de l’UNSS sont en « total décalage avec les besoins des élèves, des AS et du service public du sport scolaire ». Pour 10,7 % elles sont « partiellement satisfaisantes » et pour 0,3 % « satisfaisantes ».
Reprendre la main sur le sport scolaire et son organisation est d’utilité publique !
Prof d’EPS : un beau métier ?
Le SNEP-FSU affirme que le métier de prof d’EPS est un beau métier. Nous constatons que les choix politiques opérés depuis plusieurs années (programmes, intensification du travail, management…) le dégradent fortement. Nous tenions à questionner la profession sur la manière dont elle vit son métier au quotidien. Nous avons posé 2 questions :
« Dans ta pratique professionnelle, te sens-tu ? »
- Epanoui·e ? oui 61 % ; non : 19 %, 20 % ne se prononcent pas
- Reconnu·e ? oui : 41% ; non : 43 % ; 16 % ne se prononcent pas
- Respecté·e ? oui : 71 % ; non : 15 % ; 13 % ne se prononcent pas
La seconde question concernait l’impact des conditions de travail (management, HSA, effectifs) sur le métier (plusieurs réponses possibles) :
- 10 % disent que cela n’entraine pas d’impact
- 54 % disent avoir des difficultés à bien faire leur travail
- 46 % disent perdre le sens de leur travail
- 16 % envisagent de changer de métier
- 9 % ne se prononcent pas.
Si la majorité des collègues se sentent respecté·es et épanoui·es dans leur travail, d’autres éléments nous alertent. En effet, près de la moitié des collègues ne se sentent pas reconnu·es. L’analyse de l’ensemble des réponses du questionnaire (choix multiples) montre que 81 % des collègues affirment un impact négatif des conditions de travail sur le sens ou la qualité de leur travail. De plus, le fait que plus d’un·e enseignant·e d’EPS sur 10 pense à changer de métier est pour le SNEP-FSU un signal d’alarme !
90 %des collègues estiment que la place de l’EPS est dégradée
82 %des collègues pensent que la tenue des JOP ne renforcera pas la place de l’EPS et du sport scolaire
96 %des collègues pensent que les programmes doivent être améliorés
Dans plus de 60 %des établissements, toute l’équipe EPS refuse d’entrer dans le Pacte
BILAN
Cet « état des lieux » a vocation à exiger des transformations pour l’EPS, le sport scolaire et ses personnels. Pour notre profession, nous analysons que le métier se transforme sous les coups de butoirs du management, des HSA, des hausses d’effectifs, etc. et qu’à terme, les choix politiques opérés peuvent transformer « le plus beau métier du monde », en un métier qui perd son sens. Nous ne l’acceptons pas, et ferons tout, pour que collectivement, nous reprenions la main sur notre travail (contenus, sport scolaire…) ! Ne laissons pas gâcher ce formidable métier.
Pour les élèves, l’état des lieux démontre le besoin de développer l’EPS. Si à la veille des JOP 2024, le gouvernement communique sur le « plus de sport à l’école », il dégrade les conditions de l’EPS dans les établissements, voire ne permet pas l’effectivité du service public !
Que ce soit pour le métier ou pour l’EPS et le sport scolaire, la campagne #EPS2024 sera un élément incontournable pour peser dans le rapport de force. Il sera déterminant que chaque collègue y prenne part.