4h d’EPS pour répondre aux enjeux de demain

Armer nos élèves, futur·es adultes et citoyen·nes, afin de les préparer aux défis qui se posent aujourd’hui à notre société et au monde, demande une réflexion sur la nature de ces derniers. Le SNEP-FSU travaille et contribue depuis des années à un certain nombre d’analyses. Nous allons en extraire quelques-unes ici.

Le temps nécessaire

La scolarisation des enfants et des jeunes de 11 à 18 ans, ce qui correspond au cycle de l’enseignement secondaire dans son ensemble, a de l’intérêt en le fait que c’est la période pendant laquelle se construisent un certain nombre d’habitus chez l’individu. Il s’agit aussi d’une période longue pendant laquelle le jeune, dans son statut d’élève et grâce à celui-ci, bénéficie d’une « exposition » aux savoirs et techniques choisies pour répondre aux défis de l’avenir. L’augmentation de la pratique physique des générations à venir est un enjeu sur lequel il y a un large consensus social. La sédentarité qui s’est installée dans la population en général et à laquelle « contribuent » les jeunes, pose et posera de plus en plus de soucis dans l’avenir. Au SNEP-FSU, nous considérons que l’organisation de l’enseignement de l’EPS est censée répondre à ce défi. C’est pourquoi le SNEP-FSU porte des critiques fortes sur des choix ministériels. Là où les études sociologiques montrent (et les statistiques de l’UNSS confirment) que l’adolescence est une période lors de laquelle un nombre important de jeunes arrêtent la pratique sportive, l’institution refuse, pour l’heure, de reconsidérer la baisse progressive des horaires de l’EPS de la 6e à la Terminale. Force est de constater que l’éloignement des textes officiels de ce que nous nommons l’étude pratique des APSA par les choix des savoirs et techniques sportives à enseigner affaiblit les exigences programmatiques et prive l’institution d’une réflexion sur la cohérence de l’ensemble : les contenus exigeants nécessitent un temps d’apprentissage suffisant.

Tout est dans les APSA

Nous estimons que les APSA sont les inventions culturelles les plus abouties à ce jour en termes de richesse éducative, d’exigences physiques, de diversité technique, et que, de ce fait, elles doivent continuer à constituer le cœur culturel de l’enseignement de l’EPS. Heureusement, au quotidien, les équipes d’EPS sont organisées autour de cet enseignement. L’EPS dans le premier degré est frontalement attaquée par un dispositif comme les 30 minutes d’activité physique quotidienne. Les volontés d’éloigner les exigences de l’EPS de la culture sportive exposeraient l’EPS dans le second degré aux mêmes dangers. De ce point de vue, notre profession résiste aux affaiblissements programmés. La programmation des APSA est ce qui rythme la vie de l’EPS des établissements.

Cette richesse, exprimée par la complexité à laquelle sont confronté·es les élèves en EPS, ne peut être atteinte que grâce à un processus d’apprentissage digne de ce nom. Le paramètre essentiel (mais pas exclusif évidemment), c’est le temps de pratique dans les différentes situations englobées dans un ensemble didactico-pédagogique cohérent.

L’organisation de l’EPS aujourd’hui est héritée des périodes passées qui, pour la plupart, n’ont jamais vraiment rationnalisé l’organisation de l’EPS par rapport à son fonctionnement réel et les transformations visées à long terme. La dernière mesure significative a été prise par F. Bayrou, alors ministre de l’Éducation, qui a porté l’horaire d’EPS à 4 h en classe de 6e.

Le SNEP-FSU revendique, à travers sa campagne pour les 4 h d’EPS, d’organiser l’EPS autour de deux cours hebdomadaires sur l’ensemble de la scolarité dans le second degré.

En termes de pratique physique de tous les jeunes, nous obtiendrions une stabilité et une régularité forte, à un âge critique, qui serait en soi déjà une réussite.

En terme de suivi, les enseignant·es auraient un nombre moindre de classes en responsabilité.

Puis, les progrès réalisés dans la durée seraient un point d’appui motivationnel extraordinaire. Les travaux scientifiques montrent depuis longtemps l’importance du sentiment de compétence et de l’estime de soi dans la construction des individus et leur rôle positif dans la vie sociale.

Nous estimons les besoins à 1 000 piscines et 1 500 gymnases…

Équipements, nos salles de classe

Il y a quelques années, le SNEP-FSU avait lancé une de ses régulières enquêtes de terrain. Dans une liste de plusieurs problèmes professionnels, la profession avait placé largement en tête l’absence ou la vétusté des équipements sportifs. En effet, si nous obtenions des textes officiels cadrant et confortant la discipline EPS dans son statut scolaire et les 4 h d’EPS, nos problèmes ne seraient pas pour autant résolus. La vétusté sur l’ensemble du parc national des équipements et le manque de nouvelles structures au regard des besoins sociaux contemporains, nécessitent un plan national de financement dans lequel l’État contribuerait à minima à 50 % des sommes nécessaires. Ainsi, par exemple, nous estimons les besoins à 1 000 piscines et 1 500 gymnases nouveaux.

Aujourd’hui, dans le cadre de notre campagne pour les 4 h d’EPS, une opération vérité est lancée et se poursuivra avec la mise en exergue des problèmes liés aux équipements vétustes, dangereux et ne répondant pas aux exigences environnementales…

Le SNEP-FSU continuera à porter haut et fort la voix de notre profession pour un développement de tous les aspects de notre métier. Cela passe par les 4 h d’EPS.

Andjelko SVRDLIN

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Aussi bien les besoins sociaux criants, en rapport à la sédentarité galopante chez les jeunes notamment, que le plébiscite de l’EPS auprès des élèves (enquête SNEP-FSU, avril 2022) et des parents etc, donnent raison à la revendication du SNEP-FSU de porter immédiatement les horaires de l’EPS à 4 h