2024 : une rentrée avec moins d’EPS et de Sport Scolaire en héritage

L’engouement des JOP et les déclarations politiques sur l’importance du sport pouvaient laisser présager des améliorations pour l’EPS. Mais les déclarations d’intention n’ont rien changé aux politiques qui affaiblissent l’EPS et le sport scolaire depuis 2017.

L’état des lieux mené auprès de la profession confirme qu’EPS et sport scolaire sont dégradés à cette rentrée.

Au 16/09, nous recensons 1 239 réponses (929 CLG, 153 LGT, 107 LP, 114 LPO, 5 EREA et 54 cités scolaires). Premier bilan1.

L’EPS n’est pas assurée partout Nous enregistrons déjà 1 456 heures hebdomadaires non assurées à la rentrée (dans 8 % des établissements). Une rentrée sans un·e professeur·e d’EPS devant chaque classe est indigne d’un pays «olympique».

C’est la conséquence directe du manque de recrutement. De la rentrée 2017 à la rentrée 2023, il y a eu dans le second degré public, 28 150 élèves de plus et 1 379 emplois de titulaires de moins en EPS. Le recours à la précarité explose, le nombre de professeur·es d’EPS contractuel·les a augmenté de 195 % sur la période (de 491 à 1 453)2.

Les effectifs débordent

Vous êtes nombreux·ses à nous faire part de classes qui dépassent les 28 élèves en collège et 35 en lycée.

La France garde la première marche du podium des pays européens pour les effectifs par classe. Pour le collège, avec une moyenne de 25,3 élèves/classe (en hausse), la France dépasse largement la moyenne de l’UE (stable à 20,7)3.

Un sport scolaire fragilisé

Le nombre d’AS déclarant connaître des difficultés augmente et passe de 41 % en 2023 à 47,8 % cette année. Le coût des transports et du contrat sont les raisons principales évoquées. Viennent ensuite les cours le mercredi après-midi. Le service public du Sport Scolaire sort affaibli au lendemain des JOP : un comble.

Tous·tes nageur·ses ? …encore faut-il pouvoir nager !

Quelques piscines ont été construites pour les JOP et serviront ensuite. Mais il en faudra bien plus pour les 14 % de collèges qui n’enseignent pas la natation. 9 % des collèges n’enseignent la natation qu’aux non-nageur·euses faute de moyens. Dans 22,4 % des collèges, la natation n’est donc pas enseignée pour tous·tes. La natation pour tous·tes : est-ce trop demander ?

« Je n’accepterai plus les choses que je ne peux pas changer.
Je changerai les choses que je ne peux pas accepter »

Angela Davis

Des équipements loin d’être Olympiques

Moins d’un tiers (32 %) des établissements estiment leurs installations satisfaisantes. Pour 26 %, elles sont insuffisantes, pour 42% partiellement. Le temps perdu en déplacement excède les 20 minutes hebdomadaires par classe pour 26 % des établissements. À quand des stades, gymnases et piscines dans ou à proximité immédiate des établissements, pour mailler le territoire et permettre le développement de la culture sportive pour tous·tes ?

1/3 des collèges encaissent très mal le choc (des savoirs) !

Les luttes menées ont permis que la réforme ne s’applique pas comme prévue dans 65,4 % des collèges(3). La mise en place de groupes en Français et en Mathématiques en 6ème et 5ème a pourtant eu des impacts négatifs pour l’EPS dans 1/3 des collèges (33,5 %).

Quelques exemples :

  • pertes de créneaux natation
  • créneaux AS du midi impactés ou supprimés
  • passage de 2h+2h quinzaine à 2h +1h
  • des programmations irréalisables
  • des organisations qui augmentent le temps de pratique supprimées (installation du matériel laissé pour la classe suivante)…

Cette réforme imposée au forceps a fait reculer la qualité de l’EPS dans 1/3 des collèges : un héritage douloureux.

Il faudra continuer d’agir pour le retrait du « choc des savoirs ».

(P)Acte 2…

La résistance au Pacte a été forte l’an passé, lors de sa mise en place. La profession a saisi l’enjeu du pacte : transformer le rapport au chef d’établissement en établissant un contrat (en lieu et place de nos statuts et missions).

À cette rentrée, dans quelques établissements, un pas est franchi. Au départ prévu pour le RCD et d’autres missions, il est proposé pour l’EPS : soutien natation, section sportive par exemple. L’enseignement de l’EPS doit être financé en heures d’enseignement (ou en IMP pour les coordinations). Nous appelons les collègues à résister et à contacter le SNEP-FSU pour transformer la situation et faire respecter la discipline et ses personnels.

En bref…

Cette rentrée, post JOP, enregistre (encore) des dégradations. Dans un contexte où la population souhaite « plus de sport pour tous·tes », le pouvoir joue subtilement. S’il communique sur tout, il évite surtout de communiquer sur la réalité des établissements.

Il est donc indispensable que chaque enseignant·e d’EPS la fasse connaître. C’est une des conditions pour conquérir un véritable héritage des JOP. Sinon, nous risquons de n’avoir comme héritage que la « fête du sport » qu’ E. Macron vient d’annoncer… c’est un peu mince…

  1. Nous poursuivons les analyses et remontées jusqu’à la fin du mois de septembre et proposerons des analyses plus détaillées sur notre site. []
  2. RERS 2024 []
  3. Enquête du SNES-FSU []
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