Laxisme, Islamo-gauchisme, wokisme, pédagogisme, éducation à la pornographie… l’extrême droite est toujours à la recherche de mots très durs pour disqualifier l’École, jugée, avec l’immigration, responsable de tous les maux. « Parents vigilants », le groupuscule zemmourien, visant soi-disant à « protéger les enfants dans l’école » est exemplaire de ces dérives de l’extrême droite et s’attaque frontalement à des enseignant·es en distillant mensonges sur mensonges… mais dans l’objectif de détruire l’école publique, peu importe la vérité, il faut produire un choc et faire le buzz…
« Dénoncer » pour mieux installer la nécessité d’un changement radical, telle est la stratégie de l’extrême droite. Le programme du Rassemblement National (RN) affiche donc une volonté de « restaurer » l’École de la République.
Mais comment ?
Fin du statut
D’abord en transformant les enseignant·es en « fidèles exécutants de programmes politiques ». L’enseignant·e devient simple courroie de transmission sans liberté ni prérogative. Il/elle doit donc être un·e fonctionnaire se contentant de fonctionner et délivrer un contenu qui sera défini strictement en dehors de lui/elle avec des méthodes qui lui seront imposées (programme du RN 2017 : « reprendre en main le contenu et les modalités des enseignements »). Il s’agit ici ni plus ni moins que de la fin du statut !
Cette École construite pour un nationalisme exacerbé repose sur l’écriture d’un récit subjectif qui sera enseigné aux élèves. « L’école comme vecteur de transmission de l’histoire de France et de son patrimoine » n’est pas l’École de l’émancipation de la jeunesse !
Dans le primaire ce sera « priorité absolue » pour le français, les mathématiques et l’histoire de France, dans tous les niveaux seront supprimés langues et culture d’origine… Ces priorités couplées avec la volonté de tri précoce marquent la fin de la démocratisation de l’École, d’une culture commune et de la recherche du plus haut niveau de qualification pour toutes et tous.
Mise au pas et aggravation des inégalités
Pour les enseignant·es ce sera « renforcement de l’exigence de neutralité absolue des membres du corps enseignant en matière politique, idéologique et religieuse… », « accroissement du pouvoir de contrôle des corps d’inspection… », « obligation de signalement des cas problématiques sous peine de sanctions à l’encontre des encadrants »… bref une mise au pas, une mise sous tutelle très forte !
Ce projet de l’extrême droite, régressif, dangereux à bien des égards est une machine à broyer tant les élèves que les enseignant·es. Il aggravera considérablement les inégalités et triera de plus en plus tôt les élèves qui se trouveront discriminé·es voire réprimé·es.
Et, comme à l’habitude mais dans des proportions bien plus élevées, ce seront les jeunes des milieux populaires qui en seront les victimes.
Les dernières réformes projetées et celles en cours peuvent laisser à penser que ce programme serait déjà à l’œuvre.
L’uniforme, le « Choc des savoirs » avec les « groupes de besoin », le retour du redoublement, le DNB comme examen de passage pour les lycées, la création de « classe prépa-lycée », la labellisation des manuels scolaires, les injonctions pédagogiques, le conseil de discipline dès le 1er degré, l’enseignement professionnel sous tutelle patronale, le SNU et le choc d’autorité… Ces mesures mises en place sont effectivement peu ou prou présentes dans le programme du Rassemblement National mais on ne peut renvoyer dos à dos le macronisme et le RN. Il nous faut mesurer la bascule dangereuse et destructrice qui s’opérerait avec une extrême droite à la manœuvre sur les questions d’Éducation.
Le système éducatif, les enseignant·es, la jeunesse de notre pays ont besoin d’un tout autre projet. Le SNEP et la FSU portent de nombreuses propositions et revendications. Ces exigences doivent être au cœur d’un nouveau projet politique, au cœur d’une nouvelle ambition porteuse d’espoir. Gageons que la dynamique qui se construit autour des législatives le permettra.