Par Polo Lemonnier
Après le passage d’AOC à la tête du MEN, la question du dualisme scolaire a fait un retour en force dans le débat public. Alors que l’école publique fait face à une crise sans précédent et qu’elle accueille sans distinction l’ensemble des élèves qui lui sont confié·es, l’école privée sous contrat poursuit son œuvre séparatiste. Les Indices de Position Sociale (IPS) relevés dans le privé s’éloignent de plus en plus de ceux de l’école publique. La mixité sociale dans le privé est de moins en moins présente du fait du contournement de la sectorisation pour les familles qui souhaitent échapper aux difficultés grandissantes de l’école publique, quand l’école privée a la possibilité de s’extraire des choix et décisions ministérielles quant à l’organisation de la scolarité, des options, filières… Le financement du privé qui est perfusé par l’État et les collectivités à hauteur de 12 milliards par an (soit plus de 75 % de son budget) mérite d’être questionné. Ceci d’autant plus que certaines collectivités locales vont bien au-delà de ce qui leur est imposé par la loi, comme c’est le cas par exemple dans la Région Ile de France (IDF), dirigée par V. Pécresse, elle-même issue de ce modèle scolaire, qui aura accordé 12 millions d’euros « accessoires » à des établissements déjà bien lotis. Ainsi, les élèves internes du privé en IDF ont une dotation supérieure à celles et ceux du public…
L’enseignement privé gagne du terrain et représente dans certains secteurs la seule offre scolaire. Clairement, le privé ne fonctionne pas avec les mêmes règles que le public.
Le maintien de l’existence de l’école privée mérite d’être posé pour laisser place à un grand service public et laïque d’éducation, creuset scolaire de toute la nation. En attendant, il est grand temps de réinterroger la question du financement de l’école privée par l’État. Si c’est privé, le financement doit incomber à celles et ceux qui l’utilisent et ne doivent plus peser sur les finances publiques. La FSU porte la revendication « argent public, école publique », son effectivité est plus que jamais d’actualité pour satisfaire les besoins du SPE ; les revendications que nous portons pour l’EPS, le sport scolaire.