Monsieur le Ministre,
Suite à notre demande d’audience, et parce que s’ouvrent aujourd’hui les épreuves du CAPEPS externe, le SNEP-FSU tenait à vous alerter sur la situation de la discipline EPS pour la rentrée 2022.
L’EPS est malmenée depuis 5 ans notamment par les politiques de recrutement mises en oeuvre par votre prédécesseur. La situation dans les établissements s’est fortement dégradée. Le SNEP-FSU, sur la base des remontées des départements et académies, a fait le bilan des postes dans le second degré en EPS sur l’ensemble du quinquennat précédent : 940 suppressions de postes (347 en établissements et 593 en zone de remplacement), alors que sur la même période, 27 000 élèves supplémentaires étaient accueillis.
Les horaires obligatoires ont diminué en Lycée Professionnel, première historique à rebours de toutes les nécessités, et, si une spécialité EPS a été créée en Lycées Généraux et Technologiques, cela s’est fait dans un contexte de baisse de moyens.
Depuis la rentrée 2019, nos enquêtes montrent que le service public n’est pas assuré sur tout le territoire pour la discipline EPS. Ainsi, sans avoir un bilan exhaustif de tous les établissements de France, nous avons recensé :
- A la rentrée 2019 : 1379 heures non assurées
- A la rentrée 2020 : 1849 heures non assurées
- A la rentrée 2021 : 1963 heures non assurées
La « non-couverture » des besoins dès la rentrée scolaire est inacceptable et révèle le manque de recrutement.
Dans de nombreuses académies, nous sommes alertés par le manque d’enseignant·es pour couvrir les besoins. La rentrée 2022 s’annonce donc très difficile.
Si la crise de recrutement en cours dans l’Éducation commence à impacter le CAPEPS, si on se réfère aux chiffres alarmants montrant la baisse du nombre de candidat·es, il reste possible de recruter davantage en EPS.
Aucune heure ne doit être perdue à la rentrée 2022 et les besoins tant en personnels titulaires d’un poste en établissement qu’en personnels titulaires assurant la continuité du service public (TZR), doivent être couverts. A cet effet, il est urgent :
- d’ouvrir une liste complémentaire au CAPEPS externe pour augmenter les recrutements,
- d’allonger la liste complémentaire (10 actuellement) du CAPEPS interne.
A terme, nous demandons une planification des recrutements. Le SNEP-FSU porte la revendication d’un plan pluri annuel de recrutement d’au moins 1500 postes pendant au moins 5 ans. La planification de ces recrutements peut permettre aux étudiant·es une visibilité sur le temps long. Un plan de titularisation des personnels contractuels doit également être mis en place.
La relance de l’attractivité du métier passe également par d’autres facteurs sur lesquels il est urgent d’apporter des réponses : amélioration des conditions de travail (effectifs par classe, matériel…), de formation (retour au mi-temps de formation en tant que fonctionnaire stagiaire et développement de la formation continue), de salaire (augmentation de la valeur du point d’indice notamment), de carrière (retraite à 60 ans et aménagement possible des fins de carrière, cessation progressive d’activité…).
La situation engendrée par 5 ans d’affaiblissement du service public d’Éducation exige des mesures d’ampleur immédiates et de long terme.
Dans l’attente de votre réponse, nous vous prions de croire, Monsieur le Ministre, en notre profond attachement au service public d’Éducation.