Monsieur le Ministre,
Alors même que toutes les communications gouvernementales et ministérielles lors de la rencontre multilatérale nous présentaient le protocole sanitaire valable dans le second degré de niveau 2, nous avons découvert à la lecture de la Foire aux Questions que de nouvelles recommandations étaient faites concernant l’EPS.
L’EPS se trouve donc être ciblée comme la seule discipline et le seul lieu éducatif où le risque contagieux serait plus élevé qu’ailleurs et ce, sans qu’aucune étude ne vienne jamais étayer ce point de vue. Les enseignants sont donc invités une nouvelle fois en plein hiver, à privilégier des activités extérieures faisant fi de tous les aménagements et de toutes les dispositions que ces derniers ont pu prendre pour contenir les risques épidémiques. Privilégier les activités en extérieur ne se fait pas sur un claquement de doigts, cela nécessite de connaitre à l’échelle d’un bassin tous les espaces disponibles quand il y en a, leur taux d’occupation, les classes et créneaux possiblement concernés, etc. Edicter des règles la veille pour le lendemain rend impossible tout ce travail et désorganise tout l’enseignement de l’EPS à l’échelle de bassin.
Changer une nouvelle fois de doctrine alors même que les 4 niveaux du protocole devaient nous permettre des anticipations remet en cause le professionnalisme et le sens des responsabilités de nos collègues. Le sentiment d’une discipline méprisée, a contrario de tous les discours, est de plus en plus fort, les personnels sont épuisés et expriment de plus en plus fortement leur ras-le-bol et finissent par se demander quelle est leur place et leur rôle dans le système éducatif.
Face à cette situation, nous considérons de la responsabilité du ministère de l’Éducation de délivrer des consignes aux hiérarchies intermédiaires afin qu’aucune pression de quelle que nature que ce soit puisse peser sur les épaules de nos collègues. En effet, la situation oblige le quasi-abandon de toutes les programmations en cours et rend caduques tous les processus évaluatifs construits qu’ils soient sommatifs ou certificatifs. Par ailleurs, les conditions météorologiques obligeront, par endroit, à annuler les pratiques physiques sportives et artistiques, ce qui est catastrophique face à la situation sanitaire des adolescents. Sacrifier les pratiques physiques dans le cadre sanitaire ne peut être un axe d’amélioration de la situation. Les recommandations de la FAQ dépassent largement le cadre réglementaire fixé par le protocole de niveau 2 du second degré et certains chefs d’établissements prennent déjà la décision de refuser toute activité en intérieur outrepassant les deux textes…
Concernant le sport scolaire de second degré, partie intégrante du service public d’Éducation, nous sommes extrêmement surpris qu’aucune disposition nationale ne soit prise et relayée par le site du ministère de l’Éducation nationale. La seule référence se trouve sur le site du ministère des Sports qui place le sport scolaire de manière privilégiée à l’extérieur. Par contre, rien n’est dit sur la possibilité
d’organisation des rencontres, matchs et compétitions. Dès lors, nous ne comprenons pas que ces activités puissent être interdites dans certains départements et autorisées dans d’autres.
Monsieur le Ministre, cette période que nous espérons la plus courte possible génère encore nombre de difficultés (problèmes d’installations, de météo, de cycle d’apprentissage, d’évaluations, de gestion des consignes sanitaires, d’explications aux élèves qui ne comprennent plus ce que l’on fait…). Comme nous vous l’avons déjà écrit à maintes reprises, protéger les personnels et les élèves doit passer par des dispositions pérennes comme la réduction des effectifs de groupes et la distribution de masques dignes de ce nom.
Dans l’attente de votre réponse et de vos engagements pour que les enseignants puissent travailler dans la plus grande sérénité possible, d’un protocole réel pour le sport scolaire afin que ce dernier puisse retrouver une dynamique et une vie, soyez assuré, Monsieur le Ministre, de notre attachement au service public d’Éducation.