Nous prononcerons notre déclaration en prenant appui sur deux points de départ, deux points majeurs dans la période écoulée et à venir. Plus personne, ou pas grand monde, n’ignore aujourd’hui l’importance de ces deux points, leur incidence sur la vie des jeunes que nous avons en formation et les enjeux forts de santé publique. Un consensus existe quant à la nécessité absolue de s’en saisir et de prendre des mesures conséquentes qui amélioreront les conditions de vie et de travail, aussi bien des élèves d’aujourd’hui que des adultes de demain.
Il s’agit de la galopante sédentarité des jeunes, de leur perte conséquente de capacités cardio-pulmonaires, du surpoids qui gagne du terrain. Ces constats ont été aggravés avec la crise sanitaire. Nous sommes par ailleurs dans le contexte de l’organisation prochaine des jeux olympiques et paralympiques (2024) à Paris mais aussi dans d’autres villes françaises et des questions de l’héritage qu’ils laisseront au bénéfice de tous les français.
La sédentarité peut être cernée par quelques données connues et, hélas, inscrites dans la durée. La fédération française de cardiologie évalue la baisse des capacités cardio-pulmonaires des jeunes de 25% depuis 40 ans. Par ailleurs, l’ANSES a ainsi dressé en novembre 2020 le constat très alarmant que plus de 2/3 des jeunes français âgés de 11 à 17 ans dépassaient les deux seuils sanitaires d’inactivité physique et de temps sédentaire, ce qui traduit une exposition à un niveau de risque élevé pour leur santé.
Les niveaux d’inactivité physique et de sédentarité sont aussi négativement corrélés au niveau socio-économique.
La France accueille les JOP dans deux ans. L’intérêt des français pour la culture sportive n’est plus à démontrer. L’approche des jeux va amplifier l’intérêt que nos élèves portent aux différentes disciplines olympiques. Cette même culture est la composante principale de l’enseignement de l’EPS.
Ne pas faire le lien entre les deux points évoqués, en pensant les politiques scolaires, serait irresponsable. Faire le lien en estimant les professionnels de l’EPS mais aussi les élèves et leurs familles, incapables de saisir l’absence de l’ambition du MENJ est pervers.
Nous pensons ici à la mesure, annoncée par le Président de la République en personne, mise en place à titre expérimental, comme l’avait été l’APQ généralisée sans bilan, par la circulaire de rentrée 2022, les 2 h de sport en plus de l’EPS en collège. Cette mesure pose plusieurs problèmes.
Elle opérationnalise, pour la énième fois dans l’histoire de notre discipline, la mise en concurrence entre les clubs, l’EPS et le sport scolaire. Pour le moment, elle ne sert qu’à alimenter la communication ministérielle car les dispositifs déclarés comme « 2h de sport » ne reposent en réalité, dans de nombreux endroits, que des projets et/ou structures déjà existants (sections sportives scolaires…).
La vraie bonne mesure à prendre pour inscrire la jeunesse française et notamment les jeunes les plus éloignés ou les plus réfractaires à la pratique physique dans une activité sportive durable, et ainsi peser sur l’inversion des « courbes », est de s’adresser à toutes et tous, sans discrimination et par l’obligation. Le développement de l’EPS et du sport scolaire est la voie à privilégier pour peser durablement. La mesure urgente est d’augmenter les horaires de l’EPS en les portant à moyenne échéance à 4 h hebdomadaires sur l’ensemble du second degré.
Par ailleurs, nous assistons à la fermeture d’un nombre grandissant de piscines utilisées pour l’enseignement de la natation en EPS en anticipant sur l’augmentation du coût de chauffage. Le savoir-nager est une priorité nationale. L’Etat doit assurer non seulement le maintien de l’existant mais aussi le développement du parc national des piscines et des équipements en général. Puis, des solutions de rénovation existent, le SNEP-FSU en est la force de proposition, qui permettraient jusqu’à 50% d’économies d’énergie.
Le SNEP-FSU demande une intervention urgente pour la réouverture de toutes les piscines fermées et alerte sur les risques potentiels de fermetures d’autres équipements.